{"id":4025,"date":"2000-11-01T15:43:57","date_gmt":"2000-11-01T15:43:57","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=4025"},"modified":"2023-03-03T15:44:06","modified_gmt":"2023-03-03T15:44:06","slug":"novembre-2000-sylvie-parent-commissaire-des-arts-electroniques","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/novembre-2000-sylvie-parent-commissaire-des-arts-electroniques\/","title":{"rendered":"Novembre 2000 – Sylvie Parent, commissaire des arts \u00e9lectroniques"},"content":{"rendered":"\n
L’art Web conna\u00eet un essor fulgurant depuis les trois derni\u00e8res ann\u00e9es, les mus\u00e9es et les institutions internationales comme le Centre international d’art contemporain de Montr\u00e9al (CIAC) embo\u00eetent le pas en proposant des environnements propres \u00e0 la consultation d’oeuvres d\u00e9di\u00e9es au Web ou \u00e0 l’ordinateur. En tant que r\u00e9dactrice en chef du Magazine du CIAC depuis septembre 1997 et surtout en tant que commissaire du volet des arts \u00e9lectroniques de la deuxi\u00e8me Biennale de Montr\u00e9al (28 sept. – 29 oct. 2000), est-ce que, selon ton exp\u00e9rience, l’art contemporain r\u00e9ussit facilement \u00e0 greffer l’art \u00e9lectronique \u00e0 ses structures \u00e9tablies? J’aimerais que tu nous en parles autant sur le plan des diff\u00e9rences entre les r\u00e9seaux que ces milieux artistiques (contemporain et \u00e9lectronique) repr\u00e9sentent, que par rapport \u00e0 la contrainte sc\u00e9nographique de l’espace, du partage des lieux et de l’effet in-out de ces deux environnements d’exposition fort diff\u00e9rents.<\/strong><\/p>\n\n\n\n Sylvie Parent<\/strong> – Certains mus\u00e9es et centres d’art contemporain s’int\u00e9ressent \u00e0 l’art \u00e9lectronique. Il y en a m\u00eame de plus en plus. Certains font un travail remarquable depuis d\u00e9j\u00e0 quelques ann\u00e9es, comme le Walker Art Center. D’autres institutions, surtout aux \u00c9tats-Unis, ont d\u00e9montr\u00e9 un appui important envers cet art, le Dia Art Center, le Guggenheim Museum et plus r\u00e9cemment le Whitney Museum of American Art dans le cadre de leur biennale et le San Francisco Museum of Modern Art. Mais je ne peux m’emp\u00eacher de penser : Combien y a-t-il de mus\u00e9es et de centres d’art contemporain dans le monde? Beaucoup. Combien ont tenu compte de ces pratiques jusqu’\u00e0 maintenant ? En v\u00e9rit\u00e9, encore tr\u00e8s peu.<\/p>\n\n\n\n Cet art demande des sp\u00e9cialistes, des structures, des \u00e9quipements particuliers. Il faut b\u00e2tir tout ceci \u00e0 l’int\u00e9rieur d’institutions qui, le plus souvent, se battent continuellement pour maintenir ce qu’ils ont acquis pour l’art contemporain. Alors, je ne pense pas que ce soit facile. Mais, les institutions se rendent compte peu \u00e0 peu que cet investissement est in\u00e9vitable puisque de nombreux artistes s’engagent dans de telles pratiques.<\/p>\n\n\n\n L’art \u00e9lectronique a \u00e9t\u00e9 tr\u00e8s vite int\u00e9gr\u00e9 \u00e0 des manifestations en arts m\u00e9diatiques. Le passage s’est effectu\u00e9 plus rapidement, puisqu’il y avait d\u00e9j\u00e0 certaines affinit\u00e9s au niveau des techniques et des moyens de pr\u00e9sentation. Tout un r\u00e9seau tr\u00e8s dynamique de festivals, de r\u00e9sidences dans des centres de production existe aujourd’hui pour favoriser la r\u00e9alisation et la pr\u00e9sentation des oeuvres \u00e9lectroniques. Des habitudes ont \u00e9t\u00e9 acquises dans ce milieu. Les mus\u00e9es, centres d’art se mesurent \u00e0 celles-ci, les attentes sont \u00e9lev\u00e9es, et ils sont souvent mal pr\u00e9par\u00e9s \u00e0 y r\u00e9pondre. Il faut se demander si les mus\u00e9es et les centres d’art contemporain peuvent apporter quelque chose de plus aux artistes. Pour ma part, j’ai constat\u00e9 un malaise chez les artistes, entre le d\u00e9sir de reconnaissance apr\u00e8s plusieurs ann\u00e9es de travail et une crainte de perdre cette ind\u00e9pendance si caract\u00e9ristique de l’art Web, une m\u00e9fiance devant l’institution. Malgr\u00e9 cela, je pense que le mus\u00e9e, le centre d’exposition doit soutenir cet art et qu’il faut trouver des moyens pour s’adapter \u00e0 celui-ci.<\/p>\n\n\n\n Ce qui m’am\u00e8ne \u00e0 la deuxi\u00e8me partie de ta question, qui concerne la contrainte sc\u00e9nographique de l’espace et du partage des lieux. Je te parlerai de mon exp\u00e9rience \u00e0 La Biennale de Montr\u00e9al 2000. La cohabitation est compliqu\u00e9e. Dans le volet arts visuels, chacun des artistes dispose d’une salle pour pr\u00e9senter son travail. Les oeuvres se d\u00e9ploient dans l’espace, prennent leur place. De l’autre, voici un art intime, qui demande de faire une certaine abstraction de l’objet et de l’espace environnant dans un lieu public et au sein d’une manifestation \u00e0 caract\u00e8re \u00e9v\u00e9nementiel. Comment r\u00e9soudre un tel probl\u00e8me fondamental ? Cette fois-ci, nous avons simplement cr\u00e9\u00e9 un espace convivial o\u00f9 nous avons tent\u00e9 d’offrir de bonnes conditions de visionnement des sites, certaines d’entre elles \u00e9tant difficiles d’acc\u00e8s. Comment valoriser l’art Web au sein d’un \u00e9v\u00e9nement en arts visuels ? Mais le probl\u00e8me reste finalement le m\u00eame dans les festivals et concerne la visibilit\u00e9 de l’art Web. Plusieurs artistes du Web se tournent vers la performance en utilisant le r\u00e9seau ou con\u00e7oivent des oeuvres immersives destin\u00e9es \u00e0 \u00eatre projet\u00e9es lors de telles occasions… Dans notre cas, ce n’a pas \u00e9t\u00e9 possible, pas cette fois-ci. D’un autre c\u00f4t\u00e9, nous avons accord\u00e9 beaucoup d’attention sur la pr\u00e9sentation du site Web de l’exposition et contrairement au volet en arts visuels, celle-ci peut \u00eatre vue partout dans le monde… Je pense qu’il faut accepter les avantages et les inconv\u00e9nients de cet art tout en demeurant \u00e0 l’\u00e9coute des artistes<\/p>\n\n\n\n