{"id":4087,"date":"2000-06-01T16:28:46","date_gmt":"2000-06-01T16:28:46","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=4087"},"modified":"2023-03-03T16:28:55","modified_gmt":"2023-03-03T16:28:55","slug":"juin-2000-les-specificites-de-lart-en-ligne-lexemple-de-mouchette","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/juin-2000-les-specificites-de-lart-en-ligne-lexemple-de-mouchette\/","title":{"rendered":"Juin 2000 – Les sp\u00e9cificit\u00e9s de l’art en ligne: l’exemple de Mouchette"},"content":{"rendered":"\n

La th\u00e9orie<\/h2>\n\n\n\n

Sur quoi peut-on se baser pour juger de la qualit\u00e9 ou de la pertinence d’une oeuvre en ligne? Il y aurait deux m\u00e9thodes pour r\u00e9pondre \u00e0 la question: une consistant \u00e0 d\u00e9finir l’art sur le Web de mani\u00e8re positive \u2014 quelles sont les sp\u00e9cificit\u00e9s d’une production en r\u00e9seau \u2014 ; et l’autre cherchant une d\u00e9finition par la n\u00e9gative \u2014 ce que cette forme d’art n’est pas. <\/p>\n\n\n\n

Malgr\u00e9 la nouveaut\u00e9 du m\u00e9dia, nous sommes actuellement bien en mesure d’en identifier positivement les caract\u00e9ristiques essentielles. Celles-ci supposent du m\u00eame coup des points de ruptures avec un ordre ancien. Les deux approches propos\u00e9es ici semblent donc intimement li\u00e9es, pour ne pas dire indissociables. Nous allons donc tenter de les articuler simultan\u00e9ment en quatre points.<\/p>\n\n\n\n

I. Le Web est d’abord et avant tout une technologie de communication interactive en temps r\u00e9el. On n’a donc plus \u00e0 faire \u00e0 des objets physiques vers lesquels il faut se d\u00e9placer, mais plut\u00f4t \u00e0 une information mobile venant \u00e0 nous au moment m\u00eame de la requ\u00eate. Cons\u00e9quemment, le rapport avec ce type d’objet est plus dialogique que contemplatif; je regarde d’une mani\u00e8re plus active et la consommation devient consultation. <\/p>\n\n\n\n

2. Cette communication est sans interm\u00e9diaire. Ces objets num\u00e9riques n’ont pas besoin d’un temps d’accrochage sur des murs, planchers ou plafonds pour \u00eatre expos\u00e9s. Leur support sont des serveurs<\/em> toujours en fonction, toujours pr\u00eats \u00e0 partager une partie de leur m\u00e9moire \u00e0 des clients<\/em>. En fait, il serait plus juste de parler d’un nouveau type d’interm\u00e9diaire dans le mesure o\u00f9 le r\u00e9seau institutionnel de diffusion est remplac\u00e9 par un r\u00e9seau de communication informatique. Parmi les nombreux impacts d\u00e9coulant de cet apport technologique, l’on constate qu’il est beaucoup plus facile pour l’artiste et son public d’entrer en relation. On est plus \u00e0 l’aise d’\u00e9changer dans cet environnement d\u00e9pourvu de cadres, de socles et de lieux si d\u00e9terminants pour un processus hi\u00e9rarchisant de diffusion et de r\u00e9ception de l’art. Toujours par l’interm\u00e9diaire des serveurs, l’artiste peut recevoir de l’information de la part des utilisateurs, pour faire du m\u00eame coup partie de la masse des clients.<\/p>\n\n\n\n

3. Mais tous ont perdu contact avec des corps faits de mati\u00e8re, textures, volumes et parfois d’odeurs. L’art sur le Web est immat\u00e9riel. Il n’est pas une exp\u00e9rience vraiment sensorielle. Les artistes et les spectateurs sont coup\u00e9s du monde r\u00e9el. Il n’est plus possible de tenir compte ou d’appr\u00e9cier les conditions de possibilit\u00e9 d’un objet physique dans un espace public ou priv\u00e9e (l’atelier, la galerie, la rue, le d\u00e9sert, etc.). Sur le Web, le lieu des \u00e9changes est tout autre : tous doivent se projeter, en pens\u00e9es et en gestes, dans ce tr\u00e8s \u00e9trange espace cybern\u00e9tique. Dans le cyberespace on est interpell\u00e9 par un nombre consid\u00e9rable de virtualit\u00e9s qui nous tournent autour et dans lesquelles on est immerg\u00e9, ce qui suppose, par exemple, un mode d’\u00eatre fort diff\u00e9rent de la perception d’une ronde-bosse.<\/p>\n\n\n\n

4. Le lien entre l’univers physique des corps et l’environnement virtuel des machines se fait par un passage fort \u00e9troit et contraignant que sont les interfaces. Les interfaces graphiques du Web sont fortement limit\u00e9es par la bande passante et la vitesse des modems, ce qui demande aux artistes une autre forme de cr\u00e9ativit\u00e9. Il en est de m\u00eame pour les interfaces physiques puisque l’on doit se contenter pour l’instant (et pour un bon bout de temps encore) de l’affichage des images dans un (mon) petit \u00e9cran de verre, et o\u00f9 ma pr\u00e9sence se r\u00e9duit \u00e0 un minuscule curseur. L’art sur le Web n’a donc rien de spectaculaire, ce qui en d\u00e9\u00e7oit beaucoup. Il est par ailleurs grandiose au sein des contraintes, puisqu’il ne peut d\u00e9passer un rapport strictement intime \u2014 et des plus humain \u2014 entre l’oeuvre et celui qui la consulte; une rapport d’ailleurs propice \u00e0 la communication interactive, loin des lieux parfois sacralisant, bien ancr\u00e9 comme on peut l’\u00eatre \u00e0 un point quelconque de cette mer virtuelle.<\/p>\n\n\n\n

Loin d’avoir \u00e9puis\u00e9 ici tous les enjeux th\u00e9oriques de l’art en ligne, on a maintenant des bases pour exercer un jugement, et ce, en tenant compte de ce que le Web permet et ne permet pas. Et peu importe ce que les artistes font ou ne font pas sur le r\u00e9seau, ceux-ci ne doivent-il pas tenir compte des sp\u00e9cificit\u00e9s et contraintes propres au m\u00e9dia? Peut-\u00eatre que non, si ceux-ci font de l’artweb sans questionner ses caract\u00e9ristiques, mais les exploitent intelligemment, allant parfois m\u00eame jusqu’\u00e0 la complaisance. Sans doute que oui, s’ils nourrissent une d\u00e9marche critique, au point o\u00f9 ils n’ont rien d’autre \u00e0 nous communiquer que du mat\u00e9riel d\u00e9construit, de l’information volontairement brouill\u00e9e. Mais entre la pure jouissance formelle et les lambeaux num\u00e9riques, la gamme est vaste et large.<\/p>\n\n\n\n

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