{"id":4118,"date":"2000-05-01T16:56:06","date_gmt":"2000-05-01T16:56:06","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=4118"},"modified":"2023-03-03T16:56:16","modified_gmt":"2023-03-03T16:56:16","slug":"mai-2000-being-human-entretien-avec-annie-abrahams","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/mai-2000-being-human-entretien-avec-annie-abrahams\/","title":{"rendered":"Mai 2000 – Being Human<\/i>\u00a0– Entretien avec Annie Abrahams"},"content":{"rendered":"\n
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Animation cr\u00e9\u00e9e par Arch\u00e9e \u00e0\u00a0
partir d’\u00e9l\u00e9ments graphiques tir\u00e9s\u00a0
du site d’Annie Abrahams<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

C’est en jouant du flou des d\u00e9limitations entre art et non-art, que l’artiste fran\u00e7aise (d’origine hollandaise) Annie Abrahams explore les nouveaux territoires identitaires et relationnels qui s’\u00e9tablissent sur les r\u00e9seaux. S’apparentant \u00e0 une sorte de zone en suspens<\/em>, le Web demeure pour l’artiste un espace \u00e9quivoque dans lequel un certain nombre de valeurs commun\u00e9ment admises se trouve remis en cause. \u00c0 mi-chemin entre po\u00e9sie visuelle et art en ligne, le projet Human Being<\/em> est un point d’intersection privil\u00e9gi\u00e9 \u00e0 l’esth\u00e9tique minimaliste. Mettant en sc\u00e8ne des situations dialogiques et \u00e9motionnelles, il conduit l’internaute \u00e0 s’interroger sur les diff\u00e9rents rites communicationnels qui r\u00e9v\u00e8lent et dessinent chaque jour davantage une cartographie nouvelle de notre contemporan\u00e9it\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

Annie, peux-tu nous \u00e9voquer ton parcours artistique?<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Annie Abrahams :<\/strong>\u00a0J’ai d’abord fait des \u00e9tudes de biologie jusqu’au doctorat qui m’ont conduit pendant un temps \u00e0 travailler \u00e0 l’universit\u00e9. Et puis, d\u00e9\u00e7ue du monde scientifique, je me suis tourn\u00e9e vers les Beaux-Arts. C’est ainsi que j’ai re\u00e7u une bourse d’\u00e9tat pour mener une recherche sur la v\u00e9rit\u00e9 picturale. Pendant deux ans, j’ai donc produit une peinture qui \u00e9tait \u00e0 chaque fois tr\u00e8s complexe, qui n’\u00e9tait pas jolie du tout, que je n’aimais pas, mais qui correspondait pourtant \u00e0 ce que je voulais faire. En fait, je crois que c’est la complexit\u00e9 qui m’int\u00e9ressait! \u00c0 partir de ces tableaux, j’ai r\u00e9alis\u00e9 des constructions dans l’espace… une possible mise en ordre du chaos. Et c’est pour garder la trace de ces diff\u00e9rentes possibilit\u00e9s que j’ai commenc\u00e9 \u00e0 utiliser la machine. Ce fut ma premi\u00e8re rencontre avec l’ordinateur!<\/p>\n\n\n\n

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Tu scannais?<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Non, je ne scannais pas. J’avais un logiciel qui me permettait de faire une mise en espace. Lorsque j’avais une exposition, je mesurais le lieu puis je proposais \u00e0 l’ordinateur une dizaine d’installations virtuelles…<\/p>\n\n\n\n

C’\u00e9tait une simulation?<\/strong><\/p>\n\n\n\n

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Oui, et ce qui \u00e9tait int\u00e9ressant, c’\u00e9tait que chaque tableau avait un \u00ab\u00a0genre d’histoire\u00a0\u00bb. En se compl\u00e9tant dans le temps, ils avaient un CV et devenaient presque de vraies personnalit\u00e9s. Dans un de mes textes, j’ai d’ailleurs \u00e9crit que \u00ab\u00a0Si mes tableaux avaient \u00e9t\u00e9 mes amants, ils m’auraient quitt\u00e9e depuis longtemps!<\/em>\u00a0\u00bb C’est en manipulant les donn\u00e9es des espaces et des tableaux que j’ai d\u00e9couvert une autre force de l’ordinateur, car ce que je cr\u00e9ais, je n’aurais jamais pu l’imaginer autrement. Il m’apportait autre chose que cette mise en ordre dont j’avais besoin.<\/p>\n\n\n\n

Cela t’entra\u00eenait vers d’autres espaces ?<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Oui, vers une autre mani\u00e8re de consid\u00e9rer l’outil d’abord; puis une autre mani\u00e8re de voir artistiquement. Peu apr\u00e8s, un groupe d’artistes des Pays-Bas m’a demand\u00e9 de faire une exposition sortant des r\u00e8gles traditionnelles. Ils voulaient quelque chose de plus vivant! On a donc choisi de r\u00e9aliser un espace de rencontre: j’ai fourni les tables, les chaises, des objets aux murs et un site Internet. J’\u00e9tais pr\u00e9sente dans l’espace par l’interm\u00e9diaire du site qui \u00e9tait au demeurant assez documentaire. Pendant toute la dur\u00e9e de la manifestation, il y avait une interaction: puisque j’\u00e9tais dans le sud de la France et eux aux Pays-Bas, j’envoyais des textes par courriels qui \u00e9taient accroch\u00e9s aux murs d\u00e8s leur arriv\u00e9e, et inversement, d’autres personnes m’envoyaient des messages. Ce fut vraiment ma premi\u00e8re exp\u00e9rience du Web comme moyen de communication. C’\u00e9tait il y a trois ans.<\/p>\n\n\n\n

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Et quelles ont \u00e9t\u00e9 les r\u00e9actions autour de toi ?<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Lorsqu’on a vu que je travaillais sur le Web, on m’a fait plusieurs propositions. J’ai alors r\u00e9pondu que je ne souhaitais pas renouveler l’exp\u00e9rience avec ce site car, entre-temps, j’avais d\u00e9couvert qu’il y avait beaucoup plus int\u00e9ressant sur le Net que le simple fait de d\u00e9poser ses documents. C’est \u00e0 partir de ce moment-l\u00e0 que j’ai commenc\u00e9 \u00e0 r\u00e9fl\u00e9chir sur ce qu’est vraiment le Web, sur ce qui est r\u00e9ellement important pour moi l\u00e0-dedans. En tant qu’artiste, ce qui prime, c’est de pouvoir travailler en dehors du contexte de l’art. Lorsque je mets quelque chose en ligne, n’importe quel individu – dans sa propre intimit\u00e9 – peut se connecter au site. Il vient l\u00e0 avec son propre contexte, sa propre histoire. A l’\u00e9poque, rien sur le site ne laissait supposer que j’\u00e9tais artiste.<\/p>\n\n\n\n

Quelle a \u00e9t\u00e9 ta position \u00e0 partir de ce moment-l\u00e0 ?<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Je me suis dit que si je voulais faire passer quelque chose sur le Web, il fallait que je parle de choses qui touchent tout le monde. J’ai donc recherch\u00e9 en moi ce qui pouvait toucher les autres. D\u00e8s le d\u00e9but, j’ai choisi de ne pas utiliser les images: d’abord parce que c’est long \u00e0 t\u00e9l\u00e9charger, ensuite parce qu’une image c’est d\u00e9j\u00e0 trop sp\u00e9cifique. Si je montre la photo d’une chaise, pour l’un c’est la chaise de sa grand-m\u00e8re, pour l’autre c’est la chaise qui se trouve dans le magasin d’\u00e0 c\u00f4t\u00e9! Il y a par cons\u00e9quent une autre histoire qui se greffe \u00e0 cette image. J’ai donc d\u00e9cid\u00e9 d’utiliser les mots. J’ai commenc\u00e9 il y a deux ans avec la pi\u00e8ce qui s’intitule\u00a0Je veux<\/em>\u00a0dans laquelle j’ai r\u00e9alis\u00e9\u00a0Tendresse<\/em>\u00a0et\u00a0Respect<\/em>. Ensuite il y a eu\u00a0The Kiss<\/em>, puis une petite pi\u00e8ce sur le futur:\u00a0Where is my place?<\/em><\/p>\n\n\n\n

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