{"id":4199,"date":"2000-01-01T15:19:10","date_gmt":"2000-01-01T15:19:10","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=4199"},"modified":"2023-03-06T15:19:20","modified_gmt":"2023-03-06T15:19:20","slug":"janvier-2000-art-et-medias-en-perspective","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/janvier-2000-art-et-medias-en-perspective\/","title":{"rendered":"Janvier 2000 – Art et m\u00e9dias en perspective"},"content":{"rendered":"\n

Marshall McLuhan en a fait la pierre angulaire \u00e0 toute r\u00e9flexion sur les m\u00e9dias : le m\u00e9dium est le message. Alors, comment le Web, le m\u00e9dia des m\u00e9dias, change-t-il la donne relativement \u00e0 la repr\u00e9sentation du milieu des arts visuels? <\/p>\n\n\n\n

D’abord, rappelons quels sont les m\u00e9dias favoris\u00e9s par le milieu traditionnel des arts visuels. L’apport informatif le plus important provient des revues. Elles sont nombreuses et chacune repr\u00e9sente un courant (moderniste, postmoderniste, historique, ethnologique, arch\u00e9ologique, technologique, etc.) ou une probl\u00e9matique (contemporan\u00e9it\u00e9, multidisciplinarit\u00e9, sociologie, photographie, peinture, installation, architecture, arts technologiques, etc.) ou, encore, un territoire (international, continental, national, urbain, r\u00e9gional, etc.). Du c\u00f4t\u00e9 des journaux, seul quelques uns offrent un point de vue s\u00e9rieux et r\u00e9gulier sur les activit\u00e9s artistiques courantes auxquelles s’ajoutent un point de vue critique sur les grands mus\u00e9es. La t\u00e9l\u00e9vision (qu\u00e9b\u00e9coise et canadienne) se d\u00e9marque par l’absence d’un int\u00e9r\u00eat v\u00e9ritable si ce n’est par des \u00e9missions en provenance des t\u00e9l\u00e9s communautaires qui, \u00e0 cet \u00e9gard, font un excellent travail quoique marginalis\u00e9. <\/p>\n\n\n\n

Ce tableau sommaire des organes de diffusion dans le domaine des arts visuels en r\u00e9v\u00e8le les particularit\u00e9s. Cela d\u00e9montre que le milieu est subdivis\u00e9 en autant d’int\u00e9r\u00eats relevant des courants, des probl\u00e9matiques ou du territoire, ou d’une combinaison de ceux-ci. Les courants et les probl\u00e9matiques sont incontournables et, en ce sens, l’art d\u00e9di\u00e9 au Web en fait partie, c’est-\u00e0-dire un art con\u00e7u sp\u00e9cifiquement \u00e0 l’int\u00e9rieur des contraintes et des possibilit\u00e9s techniques du Web. Le territoire, a priori inexistant avec l’art Web, ne sera sensible que par la langue dans laquelle l’oeuvre s’exprime (en autant \u00e9videmment qu’une langue participe de l’oeuvre), la g\u00e9ographie importe moins, sinon pas du tout. <\/p>\n\n\n\n

Donc, il y a un art Web comme il existe un art pictural, sculptural, photographique, etc. Compte tenu de sa pr\u00e9sence sur l’interr\u00e9seau, l’art Web a l’avantage d’une promotion en ligne instantan\u00e9e que ce soit par l’entremise du site du cr\u00e9ateur, de la cr\u00e9ation \u00e0 l’int\u00e9rieur d’un site h\u00f4te ou par l’entremise d’une revue \u00e9lectronique comme Arch\u00e9e. En contrepartie, l’art Web manque souvent de ressource pour se faire conna\u00eetre \u00e0 l’ext\u00e9rieur de l’Internet. En conclusion, il existe un art Web diffus\u00e9 hors des voies traditionnelles du milieu des arts visuels, actif sur l’interr\u00e9seau et appuy\u00e9 par un r\u00e9seau d’int\u00e9r\u00eat d\u00e9territorialis\u00e9. <\/p>\n\n\n\n

Les changements sont beaucoup plus marqu\u00e9s lorsqu’on aborde la question de la diffusion. Avant le Web, le milieu s’approprie des zones concr\u00e8tes, des morceaux strat\u00e9giques sur l’\u00e9chiquier des motifs et des int\u00e9r\u00eats souvent li\u00e9s aux subventionneurs gouvernementaux. Prenons exemple de l’internationalisme versus le r\u00e9gionalisme. Entre les deux, dans le syst\u00e8me conventionnel, il s’\u00e9rige une barri\u00e8re assez \u00e9tanche. Cela est d\u00fb \u00e0 un ensemble de facteurs convergents. Des facteurs de repr\u00e9sentation nationale, d’\u00e9chelle \u00e9conomique, de culture et de positionnement sur la carte des arts visuels. Les circuits internationaux sont \u00e9conomiquement gourmands en relations, d\u00e9placements, \u00e9v\u00e9nements, co\u00fbts, organisations, etc. Les circuits r\u00e9gionaux fonctionnent souvent en vase clos avec de petits budgets et pour un public restreint, sauf dans le cadre d’\u00e9v\u00e9nements sp\u00e9ciaux ayant une port\u00e9e internationale. Le Symposium de la nouvelle peinture de Baie Saint-Paul (Qu\u00e9bec) est, \u00e0 ce titre, exemplaire. Ajoutons que dans ces cas, l’\u00e9v\u00e9nement rejoint aussi une politique touristique r\u00e9gionale.<\/p>\n\n\n\n

Comme on peut le constater, il y a deux ordres de grandeur dans la repr\u00e9sentativit\u00e9 du milieu des arts visuels. En somme cela para\u00eet normal, car tous ne peuvent se retrouver sur une m\u00eame sc\u00e8ne. Ce qui l’est moins, par contre, c’est la disparit\u00e9 quant aux possibilit\u00e9s de passer d’une sc\u00e8ne \u00e0 l’autre. N’entre pas qui veut dans le cercle de l’art contemporain international et ne sort pas qui veut du r\u00e9gionalisme. Pour cr\u00e9er un artiste contemporain international, il faut investir 80 000$ (Can) et plus par ann\u00e9e pendant au moins 10 ans, aucun succ\u00e8s international en de\u00e7\u00e0 de cette \u00e9chelle. Pour subvenir au besoin d’une petite communaut\u00e9 \u00e0 travers une galerie r\u00e9gionale, il en co\u00fbtera peut-\u00eatre deux fois moins pour satisfaire plusieurs artistes. <\/p>\n\n\n\n

Un autre probl\u00e8me li\u00e9 \u00e0 ce syst\u00e8me de diffusion provient du co\u00fbt de production. Une revue par exemple allouera environ 60% de son budget \u00e0 la fabrication mat\u00e9rielle et \u00e0 la distribution. Qui plus est, le r\u00e9seau de distribution s’av\u00e8re r\u00e9serv\u00e9 \u00e0 quelques points de vente strat\u00e9giques, ce qui laisse en plan bon nombre de lecteurs potentiels. Par ailleurs, du c\u00f4t\u00e9 de la consommation, un petit calcul sommaire nous indique que pour avoir une vision g\u00e9n\u00e9rale de ce qui s’\u00e9crit dans les revues, un consommateur doit s’attendre \u00e0 d\u00e9bourser entre 30$ et 50$ par mois. Un montant \u00e9norme si on consid\u00e8re le profil \u00e9conomique de ceux et celles qui fr\u00e9quentent le milieu.<\/p>\n\n\n\n

C’est pour ces raisons, entre autres, que le Web s’av\u00e8re un outil de communication incomparable. Non seulement offre-t-il beaucoup plus \u00e0 moindre frais mais il permet une plus grande diffusion. La diffusion n’est plus, dans ce contexte, un obstacle \u00e0 la connaissance. En termes clairs, cela signifie que le Web autorise une consommation culturelle \u00e9largie, accessible, qui change graduellement la perception m\u00eame du milieu des arts.<\/p>\n\n\n\n

Depuis le modernisme, l’id\u00e9e de l’objet ou du concept comme but et fin de l’exercice artistique est devenue la norme parce que le syst\u00e8me est bas\u00e9 sur l’individualisme. Avec le postmodernisme une autre id\u00e9e s’\u00e9labore, cons\u00e9quente de la premi\u00e8re, \u00e0 l’effet que tout objet est interpr\u00e9table. Un artiste ne peut repr\u00e9senter une \u00e9poque seulement si le discours en d\u00e9cide ainsi, sans ce discours pour en soutenir la validit\u00e9, l’artiste dispara\u00eet avec ses cr\u00e9ations, il n’a aucune visibilit\u00e9 reconnue hors du syst\u00e8me \u00e9tabli. L’interpr\u00e8te, en ce sens, a une valeur \u00e9gale \u00e0 celle de l’artiste, il n’en d\u00e9pend pas. Devant l’objet, l’interpr\u00e8te poss\u00e8de une autonomie, un savoir, des rep\u00e8res intellectuels. Il faut voir dans ce nouvel espace partag\u00e9, souvent contest\u00e9 ou remis en question par les artistes eux-m\u00eames, une esth\u00e9tique \u00e9cosophique (une r\u00e9flexion dynamique) naissante. <\/p>\n\n\n\n

Le d\u00e9membrement des id\u00e9ologies culturelles fortes a engag\u00e9 les activit\u00e9s artistiques contemporaines sur la voie des recherches affranchies et surtout diversifi\u00e9es. C’est ce qui caract\u00e9rise l’art tel qu’on le con\u00e7oit couramment, soit un espace \u00e0 la fois de libert\u00e9 d’expression et d’alliances particuli\u00e8res, personnelles, sociologiques, politiques et autres. <\/p>\n\n\n\n

Il ne s’agit pas de cr\u00e9er une nouvelle plate-forme id\u00e9ologique ni une mosa\u00efque incompr\u00e9hensible, alambiqu\u00e9e ou sans d\u00e9but ni fin. Ici, l’importance de la r\u00e9alit\u00e9 et des appuis prend tout son poids. L’architecture du milieu se fonde sur des organismes ind\u00e9pendants les uns des autres tant du point vue de la cr\u00e9ation, de la diffusion que de la critique sans pour autant vivre s\u00e9par\u00e9ment d’un point de vue culturel. Chacun des ces trois niveaux propose des informations relatives aux activit\u00e9s, aux productions et aux visions humaines. Arch\u00e9e, dans le cadre du cyberespace artistique, souhaite participer \u00e0 cette riche diversit\u00e9.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

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