{"id":4292,"date":"1999-10-01T22:31:41","date_gmt":"1999-10-01T22:31:41","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=4292"},"modified":"2023-03-07T22:31:53","modified_gmt":"2023-03-07T22:31:53","slug":"octobre-1999-rendez-vous-sur-les-bancs-publics-et-la-paresse-culture-tribale-ou-civilisee","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/octobre-1999-rendez-vous-sur-les-bancs-publics-et-la-paresse-culture-tribale-ou-civilisee\/","title":{"rendered":"Octobre 1999 – Rendez-vous sur les bancs publics<\/i>\u00a0et\u00a0La Paresse<\/i>\u00a0: Culture tribale ou civilis\u00e9e?"},"content":{"rendered":"\n

Il sera question ici de deux installations multim\u00e9dias pr\u00e9sent\u00e9es en septembre dernier \u00e0 Montr\u00e9al :\u00a0Rendez-vous sur les bancs publics<\/em>1<\/sup>, con\u00e7ue par Monique Savoie et Luc Courchesne; ainsi que\u00a0La Paresse<\/em>2<\/sup>, de l’artiste et cin\u00e9aste Fran\u00e7ois Girard, auteur du\u00a0Violon rouge<\/em>\u00a0(1998) et des\u00a0Trente-deux films brefs sur Glenn Gould<\/em>\u00a0(1993) . La premi\u00e8re installation est pr\u00e9sent\u00e9e sur l’esplanade, face au Mus\u00e9e d’art contemporain de Montr\u00e9al, tandis que la seconde se trouve dans le Mus\u00e9e.<\/p>\n\n\n\n

M\u00eame si elles sont voisines, les deux oeuvres s’\u00e9loignent grandement l’une de l’autre du point de vue th\u00e9orique. Comme on parle ici de r\u00e9alisations multim\u00e9dias, nous nous proposons de faire une comparaison \u00e0 partir des caract\u00e9ristiques propres \u00e0 l’utilisation des nouvelles technologies, comme la virtualisation, la communication en temps r\u00e9el (t\u00e9l\u00e9pr\u00e9sence), l’immersion et la convergence des m\u00e9dias. Des notions qui mettent en vedette l’interactivit\u00e9, gr\u00e2ce \u00e0 la reconfiguration du triangle auteur-oeuvre-spectateur avec, au centre, le regard de l’institution. <\/p>\n\n\n\n

En consid\u00e9rant le principe de l’interactivit\u00e9, on constate en premier lieu que si La Paresse<\/em> en est d’une certaine fa\u00e7on d\u00e9pourvue, Rendez-vous sur les bancs publics<\/em> en poss\u00e8de \u00e0 un tr\u00e8s haut degr\u00e9. Par contre, c’est tout l’inverse pour ce qui est du \u00ab\u00a0contenu\u00a0\u00bb. Mais avant d’aller plus loin, essayons de rendre compte de l’exp\u00e9rience des oeuvres. <\/p>\n\n\n\n

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Le\u00a0Rendez-vous…<\/em>\u00a0est comparable \u00e0 la vid\u00e9o-conf\u00e9rence, soit un t\u00e9l\u00e9phone avec l’image des interlocuteurs qui \u00e9changent en temps r\u00e9el. Mais le dispositif bi-directionnel est loin d’\u00eatre aussi simple, car ici la liaison est constante et s’effectue entre deux espaces publics ext\u00e9rieurs, soit l’esplanade face au Mus\u00e9e d’art contemporain \u00e0 Montr\u00e9al et la Place d’Youville \u00e0 Qu\u00e9bec.\u00a0De plus, les conversations ne se font pas seulement d’individu \u00e0 individu, mais de groupe \u00e0 groupe, assis chacun de leur c\u00f4t\u00e9 sur un banc de parc. Lorsqu’on arrive sur les lieux, on est d’abord saisi par l’intensit\u00e9 et le dynamisme des \u00e9changes, et ensuite par l’extr\u00eame pauvret\u00e9 de leur contenu; et cela, m\u00eame si les gens sont invit\u00e9s \u00e0 \u00ab\u00a0tester leur potentiel \u00e0 participer \u00e0 la culture actuelle\u00a0\u00bb comme l’affirme le communiqu\u00e9 de presse sur le site de la\u00a0SAT!<\/p>\n\n\n\n

Ce sont surtout les jeunes qui se sont appropri\u00e9 le dispositif, avec tout ce qu’il faut de fra\u00eecheur et de spontan\u00e9it\u00e9. Les dialogues peuvent \u00eatre autant amicaux qu’hostiles. On fait connaissance, on s’amuse ou l’on se taquine sur la rivalit\u00e9 Montr\u00e9al-Qu\u00e9bec en s’interpellant par les pr\u00e9noms.\u00a0Les jeux de s\u00e9duction ne sont pas non plus exclus comme lorsque Marie-France, par exemple, d\u00e9clare imprudemment son amour pour Jeff en l’invitant \u00e0 Qu\u00e9bec; un Jeff qui, vu son \u00e9tat, ne se souviendra probablement plus de rien le lendemain. Par contre, beaucoup d’\u00e9changes sont en fait des monologues d’insultes, de d\u00e9nigrements et de grossi\u00e8ret\u00e9s. Par ailleurs, la technologie est tellement efficace en ce qui a trait \u00e0 la t\u00e9l\u00e9pr\u00e9sence que les jeunes s’amusent de toute \u00e9vidence \u00e0 ins\u00e9rer des \u00ab\u00a0bruits\u00a0\u00bb dans le message : litt\u00e9ralement d’abord, en lan\u00e7ant des cris \u00e0 deux centim\u00e8tres du microphone, ensuite en allumant le briquet devant l’objectif de la cam\u00e9ra ou en y pla\u00e7ant son nombril, quand ce n’est pas tout simplement en \u00e9jaculant dans celle-ci \u2014 c’est dans la nuit, para\u00eet-il, que l’on peut observer les gestes les plus agressifs ou obsc\u00e8nes. Bien s\u00fbr, certains ont \u00e9t\u00e9 scandalis\u00e9s face \u00e0 de tels comportements. Mais disons que \u00e7a vaut bien toutes les idioties que l’on peut voir \u00e0 la t\u00e9l\u00e9vision ou entendre \u00e0 la radio.\u00a0<\/p>\n\n\n\n

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Quoi qu’il en soit, l’interaction est ici \u00e0 son maximum puisqu’elle ne se limite pas seulement aux conversations entre les individus \u00e0 chaque extr\u00e9mit\u00e9 de la ligne, mais aussi entre les participants chacun \u00e0 leur cot\u00e9 (interaction qui peut tourner parfois \u00e0 la bagarre). Par ailleurs, c’est curieusement lorsqu’il n’y a personne que l’on mesure tout le potentiel interactif du\u00a0Rendez-vous sur les bancs publics.\u00a0<\/em>Car en se pla\u00e7ant devant la cam\u00e9ra, on se retrouve \u00e0 la fois t\u00e9l\u00e9port\u00e9 de l’autre c\u00f4t\u00e9 tout en \u00e9tant dans l’expectative d’un \u00ab\u00a0\u00e9v\u00e9nement\u00a0\u00bb.<\/p>\n\n\n\n

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