{"id":4357,"date":"1999-05-01T23:06:47","date_gmt":"1999-05-01T23:06:47","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=4357"},"modified":"2023-03-07T23:06:57","modified_gmt":"2023-03-07T23:06:57","slug":"mai-1999-lart-contemporain-nouveau-dans-les-balkans","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/mai-1999-lart-contemporain-nouveau-dans-les-balkans\/","title":{"rendered":"Mai 1999 – L’art contemporain (nouveau) dans les Balkans"},"content":{"rendered":"\n
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Sarajevo condensed soup<\/em>\u00a0(1992-1996) par le\u00a0Trio Sarajevo. Note: cette oeuvre ne fait pas partie de l’exposition en ligne \u00ab\u00a0Inventer un peuple. L’art contemporain dans les Balkans\u00a0\u00bb.<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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Inventer un peuple. L’art contemporain dans les Balkans\u00a0est un projet men\u00e9 par le commissaire Andr\u00e9 Rouill\u00e9, ma\u00eetre de conf\u00e9rence \u00e0 l’Universit\u00e9 Paris-8 et enseignant au d\u00e9partement \u00ab\u00a0Photographie & Multim\u00e9dia\u00a0\u00bb (UFR Arts, esth\u00e9tique et philosophie). L’exposition regroupe seize artistes en provenance de la Bulgarie, la Roumanie, la Gr\u00e8ce et la Turquie. En 1999, elle sera pr\u00e9sent\u00e9e \u00e0 Sofia, Bucarest,Thessalonique et Istanbul et \u00e0 partir du d\u00e9but 2000, elle circulera en Europe occidentale. Une deuxi\u00e8me phase est pr\u00e9vue avec les artistes d’autres pays des Balkans (MAP, Media \u2013 Art \u2013 Photo). Sur le site, une vue d’ensemble des 16 artistes nous est propos\u00e9e gr\u00e2ce \u00e0\u00a0une carte g\u00e9ographique\u00a0sensible.<\/p>\n\n\n\n

L’int\u00e9r\u00eat de ce type de manifestation, dont l’excellente pr\u00e9sentation en ligne constitue un des volets, est multiple. En premier lieu, l’exposition a le tr\u00e8s grand avantage de nous faire d\u00e9couvrir des artistes en provenance de pays peu reconnus ou peu repr\u00e9sent\u00e9s dans le monde de l’art contemporain, du moins en Am\u00e9rique du Nord. L’internationalisation de l’art contemporain des derni\u00e8res d\u00e9cennies a, en effet, r\u00e9serv\u00e9 aux r\u00e9seaux constitu\u00e9s (mus\u00e9es, conservateurs, galeristes et marchands) le r\u00f4le de d\u00e9couvreur ou de d\u00e9cideur. De plus, les artistes \u00ab\u00a0internationaux\u00a0\u00bb ont en g\u00e9n\u00e9ral une identit\u00e9 nationale tr\u00e8s relative, dans la mesure o\u00f9 les caract\u00e9ristiques locales sont souvent occult\u00e9es. Par contre, l’artiste oeuvrant hors de ce r\u00e9seau est irr\u00e9m\u00e9diablement confin\u00e9 \u00e0 sa tani\u00e8re nationale, il n’est pas \u00ab\u00a0international\u00a0\u00bb. Un opprobre similaire est fr\u00e9quemment v\u00e9cu entre les artistes r\u00e9gionaux et les artistes des grandes villes d’un m\u00eame pays (auxquelles on reconna\u00eet de facto une vocation internationale). En ce sens, l’internationalisation divise la classe artistique en diff\u00e9rents paliers verticaux de reconnaissance.<\/p>\n\n\n\n

Mais cette exposition sur l’art contemporain dans les Balkans rafra\u00eechit significativement notre regard. C’est donc avec beaucoup de curiosit\u00e9 et d’int\u00e9r\u00eat que nous avons parcouru la d\u00e9marche de ces artistes. En outre, la qualit\u00e9 de la publication en ligne en fait un document des plus appr\u00e9ciables. Une pr\u00e9sentation sur le mod\u00e8le, d\u00e9j\u00e0 classique mais efficace, de l’encyclop\u00e9die en ligne. Tout y est limpide, simple dans la navigation, parsem\u00e9 de couleurs et de sons s\u00e9duisants, agr\u00e9mentant la visite d’une esth\u00e9tisation de bon go\u00fbt. Les reproductions, assez nombreuses pour nous donner un tableau juste de la production de chacun des artistes, sont d’une qualit\u00e9 impeccable comme c’est souvent le cas dans l’univers de l’art repr\u00e9sent\u00e9 \u00e0 l’\u00e9cran num\u00e9rique. Les textes des commissaires d\u00e9l\u00e9gu\u00e9s (outre Andr\u00e9 Rouill\u00e9 qui a donc eu la g\u00e9n\u00e9reuse id\u00e9e de laisser une place importante aux commissaires locaux) sont succincts et pertinents, mais leur qualit\u00e9 premi\u00e8re c’est qu’ils sont ancr\u00e9s \u00e0 des r\u00e9alit\u00e9s culturelles qui nous \u00e9chappent trop souvent. Il s’agit de Kiril Prashkov (Bulgarie), Ruxandra Balaci (Roumanie), Matoula Scaltsa (Gr\u00e8ce) et Vasif Kortun (Turquie).<\/p>\n\n\n\n

On constate que les pr\u00e9occupations des artistes \u00ab\u00a0dans les Balkans\u00a0\u00bb s’inscrivent parfaitement dans le courant actuel de l’art contemporain, soit un ensemble d’orientations qui s’attachent principalement aux univers individuels. Cela nous am\u00e8ne \u00e0 penser que la caract\u00e9ristique \u00ab\u00a0internationale\u00a0\u00bb n’a pas de valeur intrins\u00e8que et ce pour deux raisons. D’une part, comme le con\u00e7oivent nombre d’auteurs dont David Ross, directeur du SFMoMA (sur Arch\u00e9e), Internet est plus global qu’il n’est international. Le cyberespace n’est pas, \u00e0 ce titre, un lieu de cons\u00e9cration international du fait qu’on y publie son nom, ses projets ou toute autre forme d’information num\u00e9ris\u00e9e. Comme le mentionne justement Richard Barbeau dans un commentaire r\u00e9cent (sur Arch\u00e9e), le cyberespace permet surtout de diffuser sans le filtre des interm\u00e9diaires, ce qui n’est pas le cas des r\u00e9seaux internationaux constitu\u00e9s. \u00ab\u00a0L’art contemporain dans les Balkans\u00a0\u00bb est une d\u00e9monstration \u00e9loquente de ce type de diffusion. D’autre part, \u00eatre international ne correspond pas au fait que son pays d’origine est connot\u00e9 comme un pays \u00e9tranger, \u00e9loign\u00e9 ou m\u00e9connu. Le d\u00e9placement dans l’espace et l’exposition dans les pays h\u00f4tes ne suffisent pas, d’un point de vue esth\u00e9tique, \u00e0 l’apposition du label international.\u00a0<\/p>\n\n\n\n

La grande qualit\u00e9 d’une exposition qui cherche \u00e0 maintenir une coh\u00e9rence entre les divers niveaux de la construction culturelle (dont la g\u00e9opolitique peut \u00eatre un \u00e9l\u00e9ment fondateur), c’est de relativiser et d’\u00e9largir les donn\u00e9es esth\u00e9tiques trop souvent cantonn\u00e9es dans des standards plus ou moins accept\u00e9s et compris. L’art, en d\u00e9finitive, sera international (et global) en autant que la diversit\u00e9 des points de vue sera au rendez-vous, une condition que rencontre pleinement cette exposition sur les pratiques contemporaines dans les Balkans. De plus l’art n’a pas seulement une fonction esth\u00e9tique, il est aussi une source de connaissance et de transformation sociale.<\/p>\n\n\n\n

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Cette r\u00e9flexion d’Andr\u00e9 Rouill\u00e9 correspond pertinemment aux mouvements artistiques et esth\u00e9tiques qui oeuvrent dans le nouvel espace social et mental qu’est le cyberespace, car le cyberespace est une culture en devenir.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

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