{"id":4363,"date":"1999-05-01T23:09:26","date_gmt":"1999-05-01T23:09:26","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=4363"},"modified":"2023-03-07T23:09:41","modified_gmt":"2023-03-07T23:09:41","slug":"mai-1999-art-electronique-guerre-et-medias","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/mai-1999-art-electronique-guerre-et-medias\/","title":{"rendered":"Mai 1999 – Art, \u00e9lectronique, guerre et m\u00e9dias"},"content":{"rendered":"\n
Une situation de guerre stigmatise plusieurs pans de nos soci\u00e9t\u00e9s. \u00c0 cet effet, si Internet est le prolongement social d’un besoin strat\u00e9gique d’origine militaire, les guerres actuelles se r\u00e9percutent, en retour, dans les r\u00e9seaux sociaux de l’interr\u00e9seau. Les nouvelles r\u00e9alit\u00e9s de la communication rejoignent d\u00e9sormais les pr\u00e9monitions de la science-fiction. Marshall McLuhan, par ailleurs, affirmait explicitement qu’avec l’\u00e9lectricit\u00e9 les prolongements de notre corps atteindraient de nouvelles dimensions, \u00ab\u00a0[\u2026] nous approchons rapidement de la phase finale des prolongements de l’homme\u00a0: la simulation technologique de la conscience\u00a0\u00bb (1993, p. 31). Une guerre lov\u00e9e dans les m\u00e9dias \u00e9lectroniques n’est plus seulement une guerre de terrain rapport\u00e9e par des journalistes, elle se r\u00e9percute profond\u00e9ment dans les r\u00e9seaux, dans la conscience globale. En scrutant, ces derni\u00e8res semaines, les messages diffus\u00e9s sur la liste de discussion de l’Inter Soci\u00e9t\u00e9 des Arts \u00c9lectroniques (ISEA), soudainement plus nombreux qu’\u00e0 la normale, cette sensibilit\u00e9 \u00e9lectroconsciente du monde devenait plus qu’\u00e9vidente.\u00a0<\/p>\n\n\n\n
Reprenons les choses du d\u00e9but, en simplifiant \u00e0 l’extr\u00eame. L’intol\u00e9rance serbe envers le Kosovo atteint un niveau inacceptable, l’OTAN juge pertinent de s’impliquer directement, les Kosovares fuient devant la menace agressive de ces deux fronts. Dans de tels conflits, les m\u00e9dias ont un r\u00f4le essentiel, il va sans dire. La machine m\u00e9diatique porte le drapeau du droit \u00e0 l’information et elle veut \u00eatre de tous les combats. Ce credo m\u00e9diatique prend sa source dans les nerfs de la globalisation propre \u00e0 l’\u00e9lectrification de nos liens sociaux (pour paraphraser Derrick de Kerckhove, Les nerfs de la culture<\/em>, 1998). La rapidit\u00e9 \u00e9lectronique avec laquelle l’information circule et surtout la multiplication des sources (institutionnelles, collectives, nationales, corporatives, individuelles, etc.), engendrent une prolif\u00e9ration extraordinaire de l’information. Et, dans des circonstances exceptionnelles (une situation de guerre par exemple), cette secousse \u00e9lectronique \u00e0 grande \u00e9chelle atteint des organismes dont le mandat initial est \u00e0 cent lieues du propos politique stricto sensu<\/em>.<\/p>\n\n\n\n La liste de discussion de l’ISEA en est un exemple. Force est de constater que la diffusion sur cette liste de messages d’appel \u00e0 l’aide et \u00e0 la mobilisation pour le Kosovo, s’est rapidement polaris\u00e9e entre, d’une part, ceux favorisant l’int\u00e9gration des enjeux politiques dans les discours sur l’art, au point o\u00f9 certains jugeaient la politique comme un art \u00e0 part enti\u00e8re et, d’autre part, ceux voulant demeurer \u00e0 l’abri des ces ing\u00e9rences du politique dans une liste de discussion d\u00e9di\u00e9e \u00e0 l’art \u00e9lectronique. Sans vouloir trancher, il est \u00e9vident que les informations sur Internet et dans les m\u00e9dias traditionnels n’ont pas vraiment besoin du support des groupes de discussion sur l’art \u00e9lectronique pour se r\u00e9pandre. Par ailleurs, dans quelle mesure ces petits groupes virtuels peuvent-il emp\u00eacher d’\u00eatre eux-m\u00eames abus\u00e9s par une rh\u00e9torique id\u00e9ologique int\u00e9ress\u00e9e? Ignacio Ramonet, directeur du journal Le Monde,\u00a0pose pour sa part un jugement des plus circonspect relativement \u00e0 la puret\u00e9 de l’information, car selon lui celle-ci est aussi contamin\u00e9e que l’air et l’eau.<\/p>\n\n\n\n