{"id":4386,"date":"1999-04-01T23:25:24","date_gmt":"1999-04-01T23:25:24","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=4386"},"modified":"2023-03-07T23:25:35","modified_gmt":"2023-03-07T23:25:35","slug":"avril-1999-pour-une-typologie-de-la-creation-sur-internet-dannick-bureaud","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/avril-1999-pour-une-typologie-de-la-creation-sur-internet-dannick-bureaud\/","title":{"rendered":"Avril 1999 – \u00abPour une typologie de la cr\u00e9ation sur Internet\u00bb d’Annick Bureaud"},"content":{"rendered":"\n

Sur le site de l’Observatoire Leonardo des arts et des technosciences<\/em>1<\/sup> (OLATS), on retrouve dans la section\u00a0Livres et \u00c9tudes<\/strong>\u00a0un texte modeste mais fort courageux sur l’art d\u00e9di\u00e9 au Web: \u00ab\u00a0Pour une typologie de la cr\u00e9ation sur Internet\u00a0\u00bb, par Annick Bureaud, publi\u00e9 en janvier 1998. Pertinent, parce que nous avons probablement l\u00e0 le premier exercice de cat\u00e9gorisation d’une forme nouvelle d’art, caract\u00e9ris\u00e9e par son \u00e9clectisme. Modeste, parce qu’il s’agit d’une typologie fond\u00e9e sur les aspects formels et techniques et non sur les enjeux th\u00e9oriques, bien que les commentaires sugg\u00e8rent \u00e0 l’occasion des pistes de r\u00e9flexion fort int\u00e9ressantes. Bien s\u00fbr, \u00ab\u00a0elle ne pr\u00e9tend pas \u00eatre d\u00e9finitive\u00a0\u00bb comme l’indique prudemment l’auteure. C’est certainement parce qu’une typologie, comme toutes les typologies, a quelque chose de mouvant et d’incertain. C’est aussi parce qu’un tel document jouit de la souplesse \u00e9volutive de l’\u00e9dition en hypertexte. On nous propose donc ici quatre grandes cat\u00e9gories, soit \u00ab\u00a0Hyperm\u00e9dia<\/strong>\u00ab\u00a0, \u00ab\u00a0Le message est le m\u00e9dium<\/strong>\u00ab\u00a0, \u00ab\u00a0Communication, collaborative et relationnelle<\/strong>\u00a0\u00bb et \u00ab\u00a0Cyberception<\/strong>\u00ab\u00a0.\u00a0<\/p>\n\n\n\n

L'\u00a0\u00bbHyperm\u00e9dia<\/strong>\u00a0\u00bb regroupe le plus grand nombre de cr\u00e9ations et concerne l’art en ligne qui exploite l’interactivit\u00e9 de l’hypertexte \u00e0 laquelle s’ajoutent le visuel et le sonore. Lorsque la navigation est interne \u00e0 l’oeuvre, celle-ci est dite \u00ab\u00a0ferm\u00e9e\u00a0\u00bb, et lorsque les liens communiquent vers des noeuds ext\u00e9rieurs faisant circuler l’utilisateur dans le r\u00e9seau, on parle alors d'\u00a0\u00bboeuvres hyperm\u00e9dias ouvertes\u00a0\u00bb, des oeuvres qui participent au concept de \u00ab\u00a0webness\u00a0\u00bb2<\/sup>.<\/p>\n\n\n\n

\u00ab\u00a0Le message est le m\u00e9dium<\/strong>\u00a0\u00bb est la cat\u00e9gorie qui s’applique au travail de brouillage des codes et aux oeuvres autor\u00e9f\u00e9rentielles, soit tout ce qui questionne le m\u00e9dia. On y retrouve les r\u00e9alisations les plus d\u00e9routantes comme celle du duo de Joan Heemskerk et Dirk Paesmans, dit\u00a0Jodi<\/p>\n\n\n\n

Les sites \u00e0 participation collective, int\u00e9grant directement le spectateur, se nourrissant de ses interventions, et o\u00f9 le statut de l’auteur et celui du public ont tendance \u00e0 se confondre, se retrouvent dans la troisi\u00e8me cat\u00e9gorie, celle de la \u00ab\u00a0Communication, collaborative et relationnelle<\/strong>\u00ab\u00a0.<\/p>\n\n\n\n

Finalement, certaines oeuvres font appel \u00e0 la \u00ab\u00a0Cyberception<\/strong>\u00ab\u00a0, en ce sens qu’elles jouent sur les effets de la t\u00e9l\u00e9pr\u00e9sence (la pr\u00e9sence et le contr\u00f4le \u00e0 distance) en modifiant du m\u00eame coup la perception de soi comme sujet virtualis\u00e9. Un bon exemple serait\u00a0ShadowServer<\/em>\u00a0de Ken Goldberg, une oeuvre dans laquelle l’usager est appel\u00e9 \u00e0 manipuler \u00e0 distance un syst\u00e8me simul\u00e9 d’\u00e9clairage dans le but de g\u00e9n\u00e9rer de mani\u00e8re dynamique ses propres images. L’hybridation du corps et du geste, avec le programme et l’interface, red\u00e9finit une toute nouvelle sensorialit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

Cela dit, cet exercice de classification soul\u00e8ve quelques interrogations importantes. Si modeste soit-il, il s’apparente, dans une certaine mesure, \u00e0 celui du commissaire ou du conservateur d’expostions, virtuelles dans ce cas-ci. Parce qu’en plus de classer, Annick Bureaud s\u00e9lectionne, ce qui suppose aussi l’exclusion dans l’exercice d’un choix r\u00e9fl\u00e9chi et responsable. In\u00e9vitablement, les oeuvres s\u00e9lectionn\u00e9es gagnent donc une cr\u00e9dibilit\u00e9 proportionnelle \u00e0 la rigueur des crit\u00e8res th\u00e9oriques ou esth\u00e9tiques. Ainsi valid\u00e9es, elles se positionnent progressivement sur la voie du consensus, comme cela se produit dans le r\u00e9seau traditionnel des institutions de l’art contemporain. <\/p>\n\n\n\n

Mais il y a une diff\u00e9rence marqu\u00e9e, entre le r\u00e9seau des galeries, mus\u00e9es, foires et biennales, et le r\u00e9seau des technologies de la communication num\u00e9rique. Dans le premier, c’est le consensus qui permet aux oeuvres de circuler: on ne voit que ce que les d\u00e9cideurs ont choisi de nous montrer. Dans le second r\u00e9seau, de tels consensus s’\u00e9tablissent certes, sauf qu’ils ne pourront exercer un contr\u00f4le sur ce qui sera diffus\u00e9 et sur ce qui ne le sera pas: car les productions sur Internet sont d\u00e9j\u00e0 en r\u00e9seau<\/em>, diffus\u00e9es de partout pour tous et ce, avant <\/em>de passer par l’instance de l\u00e9gitimation d’une autorit\u00e9 interm\u00e9diaire. Autrement dit, les oeuvres num\u00e9riques qui passent par les canaux \u00e9lectroniques de communication sont beaucoup plus ind\u00e9pendantes du pouvoir institutionnel qui a, depuis un certain nombre d’ann\u00e9es, \u00e9rig\u00e9 un r\u00e9gime o\u00f9 s’opposent ceux qui sont \u00e0 la page et ceux qui sont dans la marge. Sur le Web, pour le meilleur et pour le pire, on est d’embl\u00e9e admis \u00e0 partir du moment o\u00f9 l’on est dedans. <\/em>Il en r\u00e9sulte pour l’instant un monde sauvage, dynamique, impr\u00e9visible, dont les langages sont encore difficiles \u00e0 interpr\u00e9ter, <\/em>par opposition \u00e0 l’esth\u00e9tique souvent convenue et tr\u00e8s codifi\u00e9e de l’art des galeries et des mus\u00e9es.<\/p>\n\n\n\n

N’\u00e9tant heureusement pas encore domestiqu\u00e9, le syst\u00e8me permet aussi \u00e0 tout un chacun de s’approprier ce pouvoir de choisir, comme l’a fait Alexei Shulgin dans son site\u00a0The WWWArt Awards<\/em>\u00a0que pr\u00e9sente Annick Bureaud dans la cat\u00e9gorie des oeuvres hyperm\u00e9dias ouvertes. Les sites auquels\u00a0The WWWArt Awards<\/em>\u00a0accorde des prix, n’ont pas \u00e9t\u00e9 con\u00e7u comme oeuvres d’art, mais l’auteur les consacre comme telles en fonction de crit\u00e8res des plus arbitraires et loufoques. Shulgin se d\u00e9guise donc en conservateur qui s\u00e9lectionne des oeuvres ni vraies ni fausses, parodiant ainsi, en fait, toute tentative d’appropriation.<\/p>\n\n\n\n

Notes<\/h2>\n\n\n\n

[1] \u00ab\u00a0L’Observatoire Leonardo des arts et des technosciences est un site francophone proposant des informationss, des rep\u00e8res, et des liens dans le champ de l’art et des technosciences. Ce site est inscrit dans l’univers\u00a0Leonardo<\/strong>, revue internationale qui offre depuis trente ans un espace d’\u00e9changes et de r\u00e9flexions entre le monde de l’art et celui des sciences (cf. la page de pr\u00e9sentation du site).\u00a0\u00bb<\/p>\n\n\n\n

[2] \u00ab\u00a0Webness\u00a0\u00bb, un n\u00e9ologisme invent\u00e9 par le jury des Prix Ars Electronica en 1996 pour d\u00e9signer les oeuvres extensibles aux r\u00e9seaux. Annick Bureaud traduit le mot par \u00ab\u00a0webitude\u00a0\u00bb.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

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