{"id":4436,"date":"1999-01-01T00:21:14","date_gmt":"1999-01-01T00:21:14","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=4436"},"modified":"2023-03-08T00:21:23","modified_gmt":"2023-03-08T00:21:23","slug":"janvier-1999-apres-avoir-compris-le-gribouillis-ii-mark-napier-et-antoine-schmitt","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/janvier-1999-apres-avoir-compris-le-gribouillis-ii-mark-napier-et-antoine-schmitt\/","title":{"rendered":"Janvier 1999 – Apr\u00e8s avoir compris le gribouillis II (Mark Napier et Antoine Schmitt)"},"content":{"rendered":"\n

Mark Napier<\/h2>\n\n\n\n

Mark Napier fait actuellement tout un tabac avec son\u00a0Shredder, car le concept est simple et s\u00e9duisant.<\/p>\n\n\n\n

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Vous inscrivez dans une petite fen\u00eatre une adresse Web quelconque et, l’instant d’une touche de retour, vous voil\u00e0 devant un site litt\u00e9ralement compost\u00e9. Seuls quelques \u00e9l\u00e9ments fragmentaires, issus des couleurs ou des images du dit site, vous permettront d’identifier le corps () de cette page. <\/p>\n\n\n\n

Le langage HTML broy\u00e9, d\u00e9chiquet\u00e9 dans la p\u00e9nombre du temps num\u00e9rique, nous est \u00e0 nouveau pr\u00e9sent\u00e9, et \u00e0 notre plus grande stup\u00e9faction, dans une bouillie aplatie \u00e0 l’\u00e9cran. (- L’habitude d’Arch\u00e9e de pr\u00e9senter le mois courant entrem\u00eal\u00e9 \u00e0 l’ann\u00e9e courante, ex. : 1j9anv9i9er, est du m\u00eame ordre.-) Reconnaissable mais illisible. \u00c9videmment, le langage HTML stimule un gribouillis plus dense et encore moins lisible. Les liens fonctionnent toujours, mais ils sont souvent superpos\u00e9s, amass\u00e9s, brouill\u00e9s.<\/p>\n\n\n\n

\u00ab\u00a0Mon but, nous dit Mark Napier, \u00e9tait de voir ce que donnerait un syst\u00e8me qui interpr\u00e9terait diff\u00e9remment les instructions du langage Html.\u00a0\u00bb (Le Monde, 8 d\u00e9cembre 1998). Le navigateur, ajoute-t-il, \u00ab\u00a0est un organe de perception \u00e0 travers lequel nous voyons le Web. Il reconna\u00eet, filtre et organise une \u00e9norme masse d’informations structur\u00e9es. Ce qui me passionne, c’est de voir le r\u00e9sultat quand toutes ces informations sont interpr\u00e9t\u00e9es diff\u00e9remment.\u00a0\u00bb (Ibid).<\/p>\n\n\n\n

Le terme interpr\u00e9tation doit \u00eatre pris \u00e0 la l\u00e9g\u00e8re, car il s’agit plut\u00f4t d’embrouiller les codes plus que de les interpr\u00e9ter. D’ailleurs, un code ne peut \u00eatre interpr\u00e9t\u00e9 que dans la mesure o\u00f9 il a d’abord un sens. Or, un code isol\u00e9 n’est qu’un potentiel de repr\u00e9sentation et non un objet susceptible d’\u00eatre interpr\u00e9t\u00e9. Le\u00a0Shredder\u00a0de Mark Napier fait partie du mouvement gribouillis (ou du gribouillis en mouvement). Il est m\u00eame un repr\u00e9sentant fid\u00e8le du sens premier que l’on accorde au terme gribouillis, pourvu que s’y accole le sens de barbouillage et de brouillage.\u00a0<\/p>\n\n\n\n

Il ne para\u00eet pas opportun toutefois d’utiliser le terme de d\u00e9construction, ni d’en r\u00e9f\u00e9rer \u00e0 Andy Warhol, tel que propos\u00e9 par Guillaume Fraissard dans cet article du journal Le Monde. Ce travail sur le code HTML s’av\u00e8re amusant, sans plus. Et s’il amuse autant, c’est que le fantasme secret de tout internaute consiste \u00e0 vouloir mettre un terme \u00e0 la succession impitoyable des sites et des liens offerts par le Web. La navigation \u00e9tant compulsive (elle l’est toujours, m\u00eame pour une navigation qui ne durera que 5 minutes), elle nous incite \u00e0 agir sur le syst\u00e8me, plut\u00f4t que d’\u00eatre soumis aux m\u00e9caniques de navigation dont les fins sont souvent pr\u00e9visibles, obligatoires et parfois fallacieuses. <\/p>\n\n\n\n

Ce type de gribouillis correspond \u00e0 une att\u00e9nuation radicale du message, comparable \u00e0 une usure destructrice, \u00e0 un vent num\u00e9rique violent dans le d\u00e9sert de la communication. Le message perd sa lin\u00e9arit\u00e9 dans la r\u00e9p\u00e9tition al\u00e9atoire. D\u00e9ranger le code HTML dans le Web \u00e9quivaut \u00e0 prendre une pause. Le Shredder demeure par contre une exp\u00e9rience \u00e9ph\u00e9m\u00e8re, sauf si vous avez des objectifs graphiques dans l’utilisation de ce m\u00e9langeur HTML, si vous voulez autrement dit vous cuisinez une page Web. En lui-m\u00eame, le r\u00e9sultat esth\u00e9tique est plut\u00f4t r\u00e9p\u00e9titif.<\/p>\n\n\n\n

Utiliser le code HTML original d’un site et le m\u00e9langer c’est, en fait, distribuer autrement l’espace visuel cod\u00e9 par l’HTML. Cette fragmentation, par ailleurs, n’est pas parfaitement al\u00e9atoire. Elle correspond \u00e0 un programme rep\u00e9rable \u00e0 l’oeil parce que ce programme a une structure fixe. Il s’agit d’une gare de triage regroupant des caract\u00e9ristiques mononum\u00e9riques, les trains de t\u00eate dans un coin, le charbon dans l’autre et les rails les uns par-dessus les autres. D\u00e9composition (compostage) semble le mot cl\u00e9 dans ce cas-ci. L’aspect syntaxique est directement adress\u00e9 (ou agress\u00e9), r\u00e9duit \u00e0 une source potentielle de signification qui, d\u00e8s lors qu’elle d\u00e9roge d’un objectif s\u00e9mantique, se d\u00e9leste de toute forme de sens. Ce type d’oeuvre est un acte plus qu’un concept, un gribouillis plus qu’un jeu.<\/p>\n\n\n\n

\"\"<\/figure>\n\n\n\n

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