{"id":4474,"date":"1998-12-01T20:55:39","date_gmt":"1998-12-01T20:55:39","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=4474"},"modified":"2023-03-14T18:38:29","modified_gmt":"2023-03-14T18:38:29","slug":"decembre-1998-pierre-b-landry-musee-des-beaux-arts-du-canada","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/decembre-1998-pierre-b-landry-musee-des-beaux-arts-du-canada\/","title":{"rendered":"D\u00e9cembre 1998 – Pierre B. Landry (Mus\u00e9e des beaux-arts du Canada)"},"content":{"rendered":"\n

Pierre B. Landry est le ma\u00eetre d’oeuvre de la collection d’art canadien du Mus\u00e9e des beaux-arts du Canada sur c\u00e9d\u00e9rom (3 disques, PC Windows). Cette collection comprend pas moins de 2 265 artistes, 12 344 illustrations en couleurs, 1 701 en noir et blanc. Travaillant, entre autres, en \u00e9troite collaboration avec Charles C. Hill, Pierre B. Landry est une r\u00e9f\u00e9rence incontournalbe en mati\u00e8re d’art canadien.<\/p>\n\n\n\n

De votre pratique du Web r\u00e9sulte une connaissance implicite du type de communication actuellement engendr\u00e9 par l’interr\u00e9seau. Notre premi\u00e8re question porte sur vos attentes en regard de cette communication et elle se formule ainsi : Si on mettait l’information et la communication sur la balance de l’interr\u00e9seau, comment interpr\u00e9teriez-vous la pes\u00e9e?<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Personnellement, je vois dans la communication un \u00e9change actif entre personnes r\u00e9elles ou morales. En appliquant strictement ce param\u00e8tre, la distribution d’information vers un public r\u00e9ceptif mais passif (le mode \u00ab\u00a0broadcast\u00a0\u00bb) ne rel\u00e8ve pas d’une v\u00e9ritable communication. Le courriel, les jeux de groupes, les chats, voil\u00e0 de la communication. Les pages web, c’est le plus souvent du broadcast. Heureusement, la ligne de d\u00e9marcation entre information et communication se d\u00e9sagr\u00e8ge rapidement, puisque de plus en plus le web se transforme de fa\u00e7on \u00e0 r\u00e9pondre intelligemment aux demandes actives des interlocuteurs. <\/p>\n\n\n\n

En fait, l’interr\u00e9seau se pr\u00eate tout aussi bien \u00e0 la communication qu’\u00e0 l’affichage d’information. Un consommateur d’information comme je le suis l’utilise pour r\u00e9soudre des probl\u00e8mes en y cherchant l’information qui lui permette d’acc\u00e9der \u00e0 des solutions. D’autres par contre, cherchent \u00e0 entrer en contact avec des personnes qui ont d\u00e9j\u00e0 r\u00e9solu ce probl\u00e8me et qui pourront lui communiquer la solution… Les jeunes seraient plus enclins \u00e0 cette derni\u00e8re approche, creusons-nous encore un foss\u00e9 entre g\u00e9n\u00e9rations? <\/p>\n\n\n\n

La question prend une saveur particuli\u00e8re dans un mus\u00e9e d’art. En effet, depuis toujours les mus\u00e9es d’art se positionnent comme des d\u00e9tenteurs d’information, mais ils s’av\u00e8rent trop souvent de bien pi\u00e8tres communicateurs. Au moment o\u00f9 l’interr\u00e9seau conna\u00eet une expansion rapide dans notre soci\u00e9t\u00e9, l’essence m\u00eame de la communication que le public d\u00e9sire entretenir avec un mus\u00e9e demeure incertaine. Dans les mus\u00e9es d’art, les premi\u00e8res tentatives se sont sold\u00e9es, au mieux, par des demi-succ\u00e8s (ou demi-\u00e9checs?). Il serait trop facile, toutefois, de clamer que le mus\u00e9e se verra soudainement transform\u00e9 par l’interr\u00e9seau.<\/p>\n\n\n\n

Selon Edmond Couchot, \u00ab\u00a0Avec le num\u00e9rique, la pr\u00e9sence masqu\u00e9e, au coeur des outils, de la science et de sa rationalit\u00e9 p\u00e8se tr\u00e8s lourdement sur l’acte artistique mais en revanche, la multimodalit\u00e9 des interfaces, l’accentuation des effets synesth\u00e9siques et de l’hybridation des formes qu’elle provoque, l’ouverture sur un espace et un temps diff\u00e9rents, prometteurs de d\u00e9couvertes, l’implication du corps et de son expressivit\u00e9 gestuelle dans le dialogue homme-machine, redonnent \u00e0 la transe des occasions de se manifester que l’art contemporain lui offre rarement.\u00a0\u00bb (La technologie dans l’art, 1998, p. 258). L’art contemporain a-t-il vraiment failli \u00e0 sa t\u00e2che dans l’ordre d’une esth\u00e9tique de l’exaltation? Et, selon vous, les NTIC r\u00e9int\u00e9greront-elles vraiment la transe dans l’art?<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Art contemporain, faillite, esth\u00e9tique de l’exaltation, transe, NTIC! Hol\u00e0, quel programme! Depuis longtemps, les artistes se tournent vers d’autres outils que le pinceau et le crayon pour cr\u00e9er. Il y a plusieurs d\u00e9cennies que des artistes utilisent des moyens emprunt\u00e9es aux m\u00e9dias, \u00e0 la technologie, que sais-je, \u00e0 tout ce que l’on peut imaginer, de la photographie aux petites annonces, en passant par les cartons d’allumettes (vous voulez des noms?). Et bien s\u00fbr, tous les trucs imaginables que l’on peut brancher sur un ordinateur ou entre ordinateurs servent \u00e0 alimenter l’esprit et la cr\u00e9ation. <\/p>\n\n\n\n

Est-ce que les NTIC peuvent r\u00e9int\u00e9grer la transe dans l’art? En sous-texte, il me semble lire, est-ce que gr\u00e2ce \u00e0 la d\u00e9mocratisation qu’elles nous promettent, les NTIC vont enfin combler le foss\u00e9 qui a s\u00e9par\u00e9 la transe de l’art?<\/p>\n\n\n\n

Balivernes! Lorsqu’il y a usage intensif de moyens technologiques (par exemple, les superbes oeuvres de Char Davies), il n’y a simplement plus place \u00e0 cette d\u00e9mocratisation. Pour la simple raison que la technologie novatrice et co\u00fbteuse utilis\u00e9e dans plusieurs des meilleures oeuvres n’est pas accessibles aux individus branch\u00e9s sur l’interr\u00e9seau. Pour exister, ces oeuvres n\u00e9cessitent des moyens qui n’existent que dans les lieux de l’art consacr\u00e9, galerie, mus\u00e9e, ou autre espace d’exposition. L’oeuvre, en fin de compte, n\u00e9cessite cet espace \u00e0 la fois mat\u00e9riel et intellectuel que l’on d\u00e9finit par le terme d’art contemporain. Retour \u00e0 la case d\u00e9part… Entre les mains de l’artiste, le potentiel d’exaltation est le m\u00eame, ni plus grand ni moindre, qu’il a toujours \u00e9t\u00e9. L’addition de nouveaux trucs, aussi formidables soient-ils, n’y change goutte. <\/p>\n\n\n\n

Mais la transe, oserons-nous en toute d\u00e9cence amener dans la m\u00eame phrase la transe et le rapport homme-machine? Horreur! La transe prend toute sa valeur dans un corps social. L’individu qui trouve la transe le fait avec le support des autres qui l’entourent! Certes, nous avons perdu la transe dans nos soci\u00e9t\u00e9s soi-disant \u00e9volu\u00e9es. Libre \u00e0 nous de la retrouver, on la dit curative, r\u00e9g\u00e9n\u00e9ratrice, mais ce n’est pas la machine qui nous la rendra. M\u00eame dans un rapport homme-machine-homme, l’interm\u00e9diaire technologique aura vite fait d’an\u00e9antir la possibilit\u00e9 de transe.<\/p>\n\n\n\n

On a longtemps cru que l’art contemporain, parce qu’il engendrait un m\u00e9connaissance en regard du public g\u00e9n\u00e9ral, agissait dans un monde relativement parall\u00e8le. Avec le recul, on s’aper\u00e7oit que la mondialisation a largement affect\u00e9 le syst\u00e8me de l’art contemporain et qu’il n’a pas \u00e9t\u00e9 \u00e9pargn\u00e9 par les mouvements socio-\u00e9conomiques occidentaux. On a mis\u00e9 sur les grands centres (mus\u00e9es, biennales, festivals) et sur une homologie quant au contenu, mettant ainsi une pression quasi destructrice sur les \u00e9paules des jeunes artistes (de tous les pays concern\u00e9s par cette internationalisation). En quoi selon vous, l’interr\u00e9seau, en tant que syst\u00e8me de communication ouvert et non hi\u00e9rarchique, peut-il changer la donne? <\/strong><\/p>\n\n\n\n

Pratiquement tous les arts — arts visuels dits contemporains, litt\u00e9rature, danse, th\u00e9\u00e2tre, musique — d\u00e9pendent d’un r\u00e9seau complexe qui se pose en interm\u00e9diaire, en agent, entre l’artiste et son public. Les raisons d’\u00eatre de ce r\u00e9seau ne sont pas n\u00e9gligeables. Bien s\u00fbr, r\u00e9unir les mises de fond, mettre en oeuvre la production et la diffusion des oeuvres, rentabiliser les investissements. Et cela, pour quoi que ce soit (livre, pi\u00e8ce de th\u00e9\u00e2tre, oeuvre d’art, film). Mais, un autre r\u00f4le tout aussi majeur consiste \u00e0 filtrer les meilleures parmi l’\u00e9ventail immense de ces productions, mettre de l’avant celles qui sont les plus susceptibles \u00e0 int\u00e9resser un grand nombre d’individus en dehors de l’artiste et ses copains. Et \u00e0 retenir aussi celles qu’une soci\u00e9t\u00e9 adoptera comme siennes et d\u00e9cidera de conserver pour la post\u00e9rit\u00e9. Ah oui, n’allons surtout pas croire b\u00eatement que tout est beau, tout est bon, et tout devrait \u00eatre accessible \u00e0 tous. Ce n’est pas le cas. Moi-m\u00eame je suis diablement heureux d’avoir des coll\u00e8gues dans les galeries et dans les mus\u00e9es qui op\u00e8rent ce tri et retiennent le meilleur pour le montrer en public. Ils m’\u00e9vitent d’avoir \u00e0 me taper des milliers de choses quelconques avant d’arriver \u00e0 voir une bonne pi\u00e8ce! La pression que ce syst\u00e8me exerce sur les cr\u00e9ateurs est ind\u00e9niable. Destructrice? Cela reste \u00e0 prouver.<\/p>\n\n\n\n

L’interr\u00e9seau dans tout cela? Effectivement, il permet la cr\u00e9ation et la diffusion en dehors de ce syst\u00e8me de s\u00e9lection, simultan\u00e9ment et \u00e0 peu de frais, d’oeuvres d’art, de litt\u00e9rature, de musique et cetera. Nous assistons \u00e0 la naissance d’un moyen surpuissant pour l’\u00e9clatement d’un nouveau mouvement alternatif, un nouvel underground. Sans aucun m\u00e9canisme de contr\u00f4le, des cr\u00e9ations peuvent \u00eatre distribu\u00e9es partout dans le monde. Mais il y a un hic. Accessibles les cr\u00e9ations, oui. Mais qui les trouvera? La masse incommensurable d’information disponible sur le Web les engouffre. D’o\u00f9 le besoin de nouveaux syst\u00e8mes pour les amener \u00e0 l’attention du public, tel Yahoo, Lycos. De nouveaux filtres, de nouveaux syst\u00e8mes de s\u00e9lection. Inutile d’y voir les machinations infernales d’une soci\u00e9t\u00e9 mercantile. Ce n’est qu’un simple processus organique selon lequel le meilleur s’\u00e9l\u00e8ve plus haut que le reste.<\/p>\n\n\n\n

Personnellement, j’aime croire non pas \u00e0 la r\u00e9cup\u00e9ration de l’underground par le main stream, mais plut\u00f4t \u00e0 l’\u00e9volution d’une soci\u00e9t\u00e9 vers de nouvelles voies annonc\u00e9es par l’underground.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Pierre B. Landry est le ma\u00eetre d’oeuvre de la collection d’art canadien du Mus\u00e9e des beaux-arts du Canada sur c\u00e9d\u00e9rom (3 disques, PC Windows). Cette collection comprend pas moins de 2 265 artistes, 12 344 illustrations en couleurs, 1 701 en noir et blanc. Travaillant, entre autres, en \u00e9troite collaboration avec Charles C. Hill, Pierre B. Landry … Continued<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[10],"tags":[201],"acf":[],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/4474"}],"collection":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=4474"}],"version-history":[{"count":3,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/4474\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":4648,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/4474\/revisions\/4648"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=4474"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=4474"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=4474"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}