{"id":4480,"date":"1998-12-01T21:00:28","date_gmt":"1998-12-01T21:00:28","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=4480"},"modified":"2023-03-14T18:39:22","modified_gmt":"2023-03-14T18:39:22","slug":"decembre-1998-edmond-couchot-la-technologie-dans-lart","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/decembre-1998-edmond-couchot-la-technologie-dans-lart\/","title":{"rendered":"D\u00e9cembre 1998 – Edmond Couchot.\u00a0La technologie dans l’art<\/i>"},"content":{"rendered":"\n

Un compte rendu du livre d’Edmond Couchot.\u00a0La technologie dans l’art\u00a0: De la photographie \u00e0 la r\u00e9alit\u00e9 virtuelle<\/em>, \u00c9ditions Jacqueline Chambon, 1998, 269 p.<\/h2>\n\n\n\n

Si l’art contemporain accorde une grande valeur \u00e0 la photographie, la reproduction m\u00e9canis\u00e9e du r\u00e9el d\u00e9rangea profond\u00e9ment la relation \u00e0 la peinture. Cet inconfort persistant entre l’art et la technologie a aussi eu pour effet d’en occulter les enchev\u00eatrements. En effet, l’histoire de l’art oeuvre en marge d’une interrogation syst\u00e9matique relativement \u00e0 l’impact des technologies sur nos modes de perception<\/strong>. \u00c0 l’instar d’Edmond Couchot, il faut bien reconna\u00eetre que les 19e<\/sup>et 20e<\/sup> si\u00e8cles cultivent d’abondance le monde artificiel des machines et des technologies scientifiques. En quoi l’art y aurait-il \u00e9chapp\u00e9? Edmond Couchot pousse dans cette direction et sa r\u00e9flexion, autant \u00e9prise d’histoire de l’art que de technologie, nous convie ardemment \u00e0 revisiter les id\u00e9es \u00e9tablies.<\/p>\n\n\n\n

Le livre est construit \u00e0 l’image de la relation parall\u00e8le entre l’histoire de l’art et la technologie. Une premi\u00e8re partie, dense et riche d’avenues exploratoires, revoit l’histoire moderne de l’art (depuis la photographie) sous l’angle de la pression technesth\u00e9sique. La vie artificielle, en s’infiltrant profond\u00e9ment dans nos moeurs, change significativement les perceptions et am\u00e8ne un d\u00e9placement marqu\u00e9 de la subjectivit\u00e9. Impressionnisme, fauvisme, cubisme, abstraction, etc., ne seraient que des facettes d’un nouveau rapport entre le Je et le On. <\/p>\n\n\n\n

D’un syst\u00e8me de repr\u00e9sentation (mim\u00e9sis) d\u00e9sormais uniformis\u00e9 par la photographie, le cin\u00e9ma et la t\u00e9l\u00e9vision, l’art visuel passe \u00e0 un syst\u00e8me de pr\u00e9sentation et m\u00eame de surpr\u00e9sentation. \u00c0 titre d’exemple, le cubisme introduit des objets r\u00e9els sur la surface peinte (pr\u00e9sentation), Duchamp propose ses ready-made<\/em>, Rauschenberg cr\u00e9e ses Combine Painting (supr\u00e9sentation), Leo Steinberg introduit la notion de \u00ab\u00a0Flat Bed\u00a0\u00bb et ainsi de suite jusqu’au happening et \u00e0 l’installation. Les raisonnements d\u00e9velopp\u00e9s par l’auteur pour chacun de ces mouvements sont autant de pistes f\u00e9condes et convaincantes. Il offre un tableau concis des liens \u00e9troits entre l’histoire de l’art, la perception et le d\u00e9veloppement technologique<\/strong>. Cette premi\u00e8re partie vaut le livre \u00e0 elle seule.<\/p>\n\n\n\n

La deuxi\u00e8me partie s’int\u00e9resse plus sp\u00e9cifiquement \u00e0 l’art num\u00e9rique. Dans le prolongement de ce regard lucide qui nuance et complexifie les rapports entre l’art, l’esth\u00e9tique, la science et la technologie, Couchot nous introduit au monde et \u00e0 l’histoire de la technoscience. De la repr\u00e9sentation \u00e0 la pr\u00e9sentation et la surpr\u00e9sentation, nous passons \u00e0 la simulation, du sujet regardant nous sommes conduits \u00e0 la consultation interactive. Les modes r\u00e9el, artificiel et virtuel s’interp\u00e9n\u00e8trent dans un dialogisme propre \u00e0 la cybern\u00e9tique. <\/p>\n\n\n\n

L’hybridation active entre l’\u00e9nonciation, la transmission et la r\u00e9ception change d\u00e8s lors nos rapports \u00e0 l’oeuvre. Le num\u00e9rique \u00e9tant \u00a0\u00bb un consommateur insatiable de mod\u00e8les de simulation \u00a0\u00bb (p. 161), les types d’acc\u00e8s au contenu de l’oeuvre num\u00e9rique vont de l’interaction \u00e0 la plong\u00e9e dans l’image, de la rencontre d’\u00eatres virtuels \u00e0 la construction en r\u00e9seau et \u00e0 l’interr\u00e9seau<\/strong>. Les exemples et les descriptions d’oeuvres sont nombreuses. Las Meninas<\/em> de Michael Tolson par exemple, tout en s’inspirant du tableau de Velasquez, utilise un programme informatique qui combine les mod\u00e8les des r\u00e9seaux neuronaux et des algorithmes g\u00e9n\u00e9tiques.<\/p>\n\n\n\n

Le sujet interfac\u00e9 devient ainsi une nouvelle figure de la subjectivit\u00e9<\/strong>. Une subjectivit\u00e9 qui s’installe directement dans le prolongement des d\u00e9placements initiaux provoqu\u00e9s, entre autres, par l’av\u00e8nement de la photographie. Le num\u00e9rique, pour Couchot, r\u00e9alise enfin le d\u00e9sir moderne de l’intersubjectivit\u00e9, \u00e0 la crois\u00e9e du r\u00e9el et du virtuel.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

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