{"id":4519,"date":"1998-09-01T23:22:10","date_gmt":"1998-09-01T23:22:10","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=4519"},"modified":"2023-03-14T18:32:27","modified_gmt":"2023-03-14T18:32:27","slug":"septembre-1998-un-site-qui-fonctionne-bien","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/septembre-1998-un-site-qui-fonctionne-bien\/","title":{"rendered":"Septembre 1998 – Un site qui fonctionne bien"},"content":{"rendered":"\n
\"\"<\/figure>\n\n\n\n

Dans sa chronique du journal Le Devoir parue en mai 1998, Lise Bissonnette nous parle de sa \u00ab\u00a0Conversion virtuelle\u00a0\u00bb. L’article porte sur le rapport entre le spectateur et cette forme d’art particuli\u00e8re qu’est l’installation. <\/p>\n\n\n\n

Elle relate son exp\u00e9rimentation d’une oeuvre interactive caract\u00e9ris\u00e9e par l’int\u00e9gration de composantes technologiques, am\u00e9nag\u00e9es dans des espaces plus ou moins ut\u00e9rins dans lesquels le corps s’efface au profit d’une exp\u00e9rience purement sensorielle. Elle remarque que ce type de dispositif est souvent abord\u00e9 de fa\u00e7on tr\u00e8s superficielle par le visiteur et, quand il s’y investit pour la peine, le contexte physique (ou technique) le ram\u00e8ne au caract\u00e8re artificiel et illusionniste de son exp\u00e9rience. En effet, ces oeuvres ne sont-elles pas souvent contamin\u00e9es par des lumi\u00e8res et des sons parasites, et notre concentration n’est-elle pas mise \u00e0 l’\u00e9preuve par le va-et-vient des visiteurs? Ayant constat\u00e9 ce conflit entre le lieu r\u00e9el et le lieu fictif, elle se tourne alors vers les productions en ligne, toujours consid\u00e9r\u00e9es ici comme des \u00ab\u00a0installations\u00a0\u00bb, mais virtuelles cette fois:  \u00ab\u00a0Les virtuelles, dit-elle, fonctionnent mieux que les r\u00e9elles, me semblent plus convaincantes, et de loin\u00a0\u00bb. <\/p>\n\n\n\n

L’int\u00e9r\u00eat de ce commentaire r\u00e9side d’abord dans le fait qu’il s’agit d’un des tr\u00e8s rares articles que consacrent nos m\u00e9dias imprim\u00e9s \u00e0 cette nouvelle forme d’art diffus\u00e9e sur le Web. <\/p>\n\n\n\n

En effet, les critiques de journaux et de revues ne s’y int\u00e9ressent \u00e0 peu pr\u00e8s pas (probablement parce qu’il se passe d\u00e9j\u00e0 beaucoup de choses dans les galeries et les mus\u00e9es). Par ailleurs, l’article affiche un certain scepticisme face aux conditions d’exp\u00e9rimentation quelque peu utopiques que l’on cherche parfois \u00e0 cr\u00e9er dans les lieux d’exposition. Un scepticisme d’ailleurs mal venu devant des oeuvres qui ont co\u00fbt\u00e9 si cher, qui ont int\u00e9gr\u00e9 des technologies si nouvelles, qui ont \u00e9t\u00e9 si laborieuses \u00e0 produire. Mais le texte nous a surtout int\u00e9ress\u00e9 pour cette r\u00e9flexion conduisant \u00e0 la \u00ab\u00a0conversion virtuelle\u00a0\u00bb. En r\u00e9sum\u00e9, les oeuvres visibles \u00e0 l’\u00e9cran chercheraient moins \u00e0 tromper par l’illusion et la fiction, toutes deux sources de malentendus.<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Mais voyons ce qu’il en est en \u00e9tudiant une oeuvre Web choisie pour l’occasion, soit Agree to Disagree Online<\/strong>, une oeuvre r\u00e9alis\u00e9e en 1996 par un collectif d’artistes new-yorkais : Janet Cohen, Keith Frank, Jon Ippolito<\/strong>. Essayons d’explorer les sp\u00e9cificit\u00e9s de l’art en ligne en soulignant les aspects qui r\u00e9v\u00e8lent son potentiel interactif. Et tout en vous m\u00e9fiant du na\u00eff enthousiasme que peut engendrer la nouveaut\u00e9, vous aurez le loisir de d\u00e9cider si l’oeuvre virtuelle fonctionne mieux qu’une installation de Bill Viola ou de Gary Hill. <\/p>\n\n\n\n

On a choisi l’oeuvre du trio Cohen, Frank, Ippolito parce que le jeu de l’action r\u00e9ciproque s’exerce \u00e0 plusieurs niveaux. D’abord, leur travail est motiv\u00e9 par le d\u00e9sir d’afficher, plut\u00f4t que de masquer, les rapports conflictuels qui r\u00e9sultent d’un travail \u00e0 trois. Ainsi, la collaboration doit d’abord tenir compte des individus, de leurs divergences, de leurs d\u00e9saccords. On s’entend m\u00eame \u00e0 rester \u00e0 ce niveau, celui  du d\u00e9bat, et qui va s’animer par la mise en forme d’un syst\u00e8me visuel donnant \u00e0 chacun l’espace qui lui est n\u00e9cessaire pour r\u00e9agir. L’interactivit\u00e9 est donc le point de d\u00e9part \u00e0 la r\u00e9alisation de Agree to Disagree Online. <\/em><\/p>\n\n\n\n

En format Shockwave*, l’oeuvre repr\u00e9sente une conversation, ou plut\u00f4t un d\u00e9bat d’opinions entre les trois participants symbolis\u00e9s et identifi\u00e9s par leurs initiales dispos\u00e9es en triangle. <\/p>\n\n\n\n

De chaque point \u00e9mergent des affirmations \u00e0 partir desquelles vont s’encha\u00eener les r\u00e9pliques. Avec la souris on d\u00e9clenche donc une s\u00e9rie d’\u00e9v\u00e9nements qui vont dessiner peu \u00e0 peu le sch\u00e9ma des rebondissements de la discussion. De plus, cette discussion, comme toute discussion, d\u00e9borde et provoque des digressions, engendrant des configurations connexes qui se pr\u00e9sentent comme autant d’options. L’interactivit\u00e9 des \u00e9changes est alors redoubl\u00e9e par l’implication du spectateur. Ce dernier navigue ainsi dans un petit r\u00e9seau de fl\u00e8ches o\u00f9 le verbal s’\u00e9tend en surface, d\u00e9finissant un jeu de relations spatiales plut\u00f4t que lin\u00e9aires. <\/strong><\/p>\n\n\n\n

Dans le contenu de la discussion elle-m\u00eame, on retrouve une logique similaire \u00e0 celle sugg\u00e9r\u00e9e par la disposition graphique. En fait, elle s’articule autour d’une opposition entre la lin\u00e9arit\u00e9 du livre et la non-lin\u00e9arit\u00e9 de la carte (routi\u00e8re par exemple) \u00ab\u00a0In the future, books will be replaced by maps\u00a0\u00bb dit-on pour lancer le d\u00e9bat. <\/p>\n\n\n\n

Et parmi des interventions plut\u00f4t anecdotiques on peut trouver, \u00e7\u00e0 et l\u00e0, des id\u00e9es fort int\u00e9ressantes – \u00ab\u00a0Maps are less linear, and therefore do not privilege Western thought over other ways of thinking\u00a0\u00bb –  sans \u00eatre d\u00e9velopp\u00e9es comme on le voudrait, par manque d’espace pourrait-on dire. <\/p>\n\n\n\n

Donc, que se soit au niveau de l’intention, de la forme ou du sens, l’interactivit\u00e9 d\u00e9bouche sur un questionnement portant sur le mode lin\u00e9aire propre \u00e0 la consultation du livre, lin\u00e9aire parce que le chemin serait trac\u00e9 \u00e0 l’avance: \u00ab\u00a0In a book, the author directs the reader; in a map, terrain directs the author\u00a0\u00bb . Toutefois, il existe une autre fa\u00e7on de lire, celle qui permet de se fabriquer plus librement un circuit parmi ceux d\u00e9j\u00e0 trac\u00e9s: \u00ab\u00a0To find your way around a map is<\/em> to read it; the purpose of a map is to orient yourself, while a book is already oriented for you.\u00a0\u00bb <\/p>\n\n\n\n

L’espace nous manque aussi puisqu’on voudrait poursuivre la discussion.  Car on cherche, comme Lise Bissonnette, \u00e0 identifier la source du malentendu qui \u00e9merge de certaines oeuvres dites interactives. Pour nous, le malentendu vient du peu de place laiss\u00e9 au dialogue, plus que d’une intention \u00e0 nous faire d\u00e9crocher de la r\u00e9alit\u00e9. <\/p>\n\n\n\n

Parfois le spectateur est plus passif qu’actif lorsqu’on l’invite \u00e0 exp\u00e9rimenter un dispositif interactif. Il faut donc se demander si, derri\u00e8re le beau d\u00e9cor et les beaux effets, la route est trac\u00e9e \u00e0 l’avance ou si elle laisse place \u00e0 une certaine d\u00e9rive, un peu \u00e0 l’instar de la navigation sur le Web. Mais que se soit sur le Web ou ailleurs, l’interactivit\u00e9 demeure un potentiel difficilement mesurable. Une chose est certaine cependant, c’est qu’apr\u00e8s avoir consult\u00e9 quelques oeuvres sur Internet, on ne voit plus vraiment les choses de la m\u00eame fa\u00e7on.<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Note<\/h2>\n\n\n\n

Un document qui doit \u00eatre visionn\u00e9 \u00e0 l’aide du module d’extension Shockwave disponible sur le site de Macromedia.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

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