{"id":4539,"date":"1998-06-01T23:50:56","date_gmt":"1998-06-01T23:50:56","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=4539"},"modified":"2023-03-13T23:51:09","modified_gmt":"2023-03-13T23:51:09","slug":"juin-1998-une-entrevue-avec-isabelle-hayeur-perte-de-signal","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/juin-1998-une-entrevue-avec-isabelle-hayeur-perte-de-signal\/","title":{"rendered":"Juin 1998 – Une entrevue avec Isabelle Hayeur (Perte de signal<\/i>)"},"content":{"rendered":"\n
Cette interpr\u00e9tation\u00a0dualiste du paysage est tr\u00e8s int\u00e9ressante et offre \u00e0 travers votre production plusieurs variantes, quelle est la source de votre int\u00e9r\u00eat pour cette probl\u00e9matique ?\u00a0<\/strong><\/p>\n\n\n\n Au cours des deux derni\u00e8res ann\u00e9es mon travail s’est pench\u00e9 sur la question des rapports de l’homme \u00e0 son environnement et plus pr\u00e9cis\u00e9ment aux liens que nous entretenons avec la nature. Regard sur la nature et nature de ce regard furent les pr\u00e9occupations centrales de ma recherche. <\/p>\n\n\n\n Le paysage est une attitude de conscience: le territoire am\u00e9nag\u00e9 par l’homme rend compte de la fa\u00e7on dont il se le repr\u00e9sente. La fa\u00e7on dont nous concevons et transformons l’espace, les manifestations diverses de la pr\u00e9sence humaine dans le paysage t\u00e9moignent des rapports culturels et symboliques que nous entretenons avec lui. <\/p>\n\n\n\n La cosmologie occidentale est bas\u00e9e sur une opposition nature\/culture. L’aboutissement de cette dialectique et l’id\u00e9e de progr\u00e8s ont transform\u00e9 l’espace r\u00e9el et v\u00e9cu. Le paysage d’aujourd’hui est exploit\u00e9, g\u00e9r\u00e9, am\u00e9nag\u00e9 socialement et \u00e9conomiquement dans sa totalit\u00e9. L’espace naturel, \u00e0 proprement parler, n’existe plus et les modes de vies qui impliquaient une interaction homme-nature tendent \u00e0 dispara\u00eetre totalement, du moins en Occident. La disparition de ces modes de vies a \u00e9limin\u00e9 du m\u00eame coup la plupart des r\u00e9f\u00e9rences symboliques que la nature avait pour l’homme.<\/p>\n\n\n\n Mes interrogations sur la fa\u00e7on dont l’activit\u00e9 humaine con\u00e7oit et organise son environnement aujourd’hui m’ont amen\u00e9e \u00e0 chercher ce qui caract\u00e9risait le paysage contemporain. Je me suis int\u00e9ress\u00e9e plus particuli\u00e8rement \u00e0 deux genres actuels du paysage: les sites touristiques et les sites industriels. Ces paysages peuvent sembler compl\u00e8tement oppos\u00e9s mais je crois qu’ils expriment tous deux, de mani\u00e8re diff\u00e9rente, un certain malaise propre \u00e0 nos soci\u00e9t\u00e9s post-industrielles. Les terrains vagues, carri\u00e8res, mines, d\u00e9potoirs, zones industrielles et les espaces p\u00e9riurbains l’expriment par leur froideur, l’\u00e9tranget\u00e9, l’inhospitalier, et le d\u00e9sordre qu’on y retrouve habituellement. Ce sont des espaces alt\u00e9r\u00e9s et d\u00e9construits, des lieux o\u00f9 l’activit\u00e9 humaine se fait sentir de fa\u00e7on inharmonieuse. Les lieux touristiques sont quant \u00e0 eux des espaces construits ou conserv\u00e9s parce qu’ils correspondent \u00e0 des mod\u00e8les culturels. Ces paysages de cartes postales semblent \u00eatre ce qui subsiste d’une repr\u00e9sentation id\u00e9alis\u00e9e de la nature apparue avec le romantisme et \u00e0 laquelle nous voudrions encore croire. Ce go\u00fbt du grandiose et la nostalgie des terres sauvages sont aussi v\u00e9hicul\u00e9s par les m\u00e9dias qui nous habituent au paysage-spectacle. Terrains vagues et sites touristiques me semblent reli\u00e9s par une sorte d’impasse.<\/p>\n\n\n\n La vid\u00e9o est tr\u00e8s\u00a0diff\u00e9rente du Web, elle est plus dynamique et synesth\u00e9sique dans ses effets, consid\u00e9rant ces diff\u00e9rences quel est l’apport sp\u00e9cifique de l’objet Web dans votre d\u00e9marche ?\u00a0<\/strong><\/p>\n\n\n\n Mon travail actuel consiste \u00e0 am\u00e9nager des lieux fictifs \u00e0 partir d’espaces r\u00e9els. Je cherche et documente des terrains vagues et des sites industriels et je combine ensuite mes prises de vues entre elles pour construire des espaces hypoth\u00e9tiques, utopiques. J’am\u00e9nage des paysages inhabituels semblant situ\u00e9s \u00e0 la fronti\u00e8re du r\u00e9el et de l’irr\u00e9el, du possible et de l’impossible, du probable et de l’improbable. Pr\u00e9senter de tels espaces sur Internet me semblait id\u00e9al puisque le Web est en soi un non-lieu, un espace de nulle part et de partout \u00e0 la fois. C’est un espace paradoxal puisqu’il n’a aucune existence r\u00e9elle pourtant il est le lieu de destination, de rencontre et d’\u00e9change de millions de personnes. En y pr\u00e9sentant des paysages dont l’existence ne peut \u00eatre que virtuelle, des mondes nouveaux, simul\u00e9s, je cherche \u00e0 susciter un questionnement sur la possibilit\u00e9 d’am\u00e9nager le r\u00e9el et la transformation du monde par la technique. <\/p>\n\n\n\n Le collectif Perte\u00a0de signal se veut une alternative pour les vid\u00e9astes contemporains, en quoi ce collectif est-il devenu une n\u00e9cessit\u00e9 et quels sont vos objectifs \u00e0 long terme ?<\/strong><\/p>\n\n\n\n Les membres du groupe Perte de signal: Robin Dupuis, R\u00e9mi Lacoste, Julie-Christine Fortier, S\u00e9bastien Pesot et moi-m\u00eame, ont d\u00e9cid\u00e9s de se r\u00e9unir pour diffuser leur travail de fa\u00e7on plus efficace mais surtout pour travailler ensemble et organiser des \u00e9v\u00e9nements. Il y a plusieurs festivals vid\u00e9o et manifestations d’arts m\u00e9diatiques au Qu\u00e9bec mais nous pensons qu’il est essentiel que de nouveaux \u00e9v\u00e9nements soient cr\u00e9\u00e9s. Chaque nouvelle g\u00e9n\u00e9ration cherche \u00e0 d\u00e9finir un espace qui lui appartienne, les nouvelles galeries et les nouveaux \u00e9v\u00e9nements permettent ainsi aux nouvelles attitudes de s’affirmer. <\/p>\n\n\n\n Nous appartenons \u00e0 ce qu’il est convenu d’appeler la rel\u00e8ve en vid\u00e9o et celle-ci est en train de changer, de vivre un moment de transition, des id\u00e9es nouvelles \u00e9mergent. L’utilisation de la vid\u00e9o num\u00e9rique, le compositing etc., sont en grande partie responsables de ces changements. La vid\u00e9o num\u00e9rique am\u00e8ne une fa\u00e7on tr\u00e8s diff\u00e9rente de travailler, tr\u00e8s souple et elle multiplie les possibilit\u00e9s de manipulations de l’image. C’est donc la fin d’un grand nombre de contraintes et l’opportunit\u00e9 de r\u00e9aliser des choses qui n’\u00e9taient pas possibles avec le montage vid\u00e9o traditionnel. Nous pensons que ces nouveaux outils am\u00e8nent ainsi des id\u00e9es neuves.<\/p>\n\n\n\n Il y a diff\u00e9rentes attitudes envers les nouvelles technologies en ce moment. Une partie du \u00ab\u00a0milieu\u00a0\u00bb de la vid\u00e9o au Qu\u00e9bec est encore tr\u00e8s frileuse et sent le besoin d’\u00eatre critique envers ces derni\u00e8res, n’y voyant l\u00e0 qu’une fascination envers le m\u00e9dium ou une complaisance dans l’usage des effets sp\u00e9ciaux. Il y a aussi des gens dont l’enthousiasme tend \u00e0 devenir une v\u00e9ritable v\u00e9n\u00e9ration et dont le propos est fond\u00e9 exclusivement sur le m\u00e9dium. Ce qui caract\u00e9rise Perte de signal c’est justement que nous ne nous sentons pas oblig\u00e9s d’exprimer une quelconque position envers les nouvelles technologies ou de faire r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 celles-ci dans nos oeuvres: nous travaillons avec, un point c’est tout. <\/p>\n\n\n\n Nous organisons au mois d’ao\u00fbt une projection en plein air sur la terrasse d’un caf\u00e9. Nous y pr\u00e9senterons des bandes du groupe Perte de signal ainsi que des vid\u00e9os d’artistes \u00e9trangers. Le lieu et la date exacts de l’\u00e9v\u00e9nement seront annonc\u00e9s bient\u00f4t. Nous continuerons aussi \u00e0 pr\u00e9senter des oeuvres con\u00e7ues pour le Web sur notre site Internet et, \u00e9ventuellement, lorsque la vitesse des lignes t\u00e9l\u00e9phoniques le permettra, des projets Web int\u00e9grant plus de vid\u00e9os.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Cette interpr\u00e9tation\u00a0dualiste du paysage est tr\u00e8s int\u00e9ressante et offre \u00e0 travers votre production plusieurs variantes, quelle est la source de votre int\u00e9r\u00eat pour cette probl\u00e9matique ?\u00a0 Au cours des deux derni\u00e8res ann\u00e9es mon travail s’est pench\u00e9 sur la question des rapports de l’homme \u00e0 son environnement et plus pr\u00e9cis\u00e9ment aux liens que nous entretenons avec … Continued<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[10],"tags":[201],"acf":[],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/4539"}],"collection":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=4539"}],"version-history":[{"count":2,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/4539\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":4541,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/4539\/revisions\/4541"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=4539"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=4539"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=4539"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}