{"id":4621,"date":"1997-10-01T18:19:03","date_gmt":"1997-10-01T18:19:03","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=4621"},"modified":"2023-03-14T18:19:14","modified_gmt":"2023-03-14T18:19:14","slug":"octobre-1997-la-terre","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/octobre-1997-la-terre\/","title":{"rendered":"Octobre 1997 – La terre"},"content":{"rendered":"\n
\"\"<\/figure>\n\n\n\n

L’attirail num\u00e9rique met la terre en onde et, sur l’autre versant, l’\u00e9cologie met la terre en alerte. Deux voies sur la port\u00e9e mondiale contemporaine.<\/h2>\n\n\n\n

Qu’en est-il des pratiques esth\u00e9tiques et de la terre ?<\/p>\n\n\n\n

Les ann\u00e9es 60-70 ont particuli\u00e8rement d\u00e9montr\u00e9 avec le Land Art(am\u00e9ricain) et l’Arte povera (italien) que si, d’une part, l’action humaine enfonce une signature profonde dans le visage de la nature, de l’autre, la nature est notre terroir g\u00e9n\u00e9tique. Partant de l\u00e0, l’approche de la nature s’effectue sur divers modes, allant de la fusion mystique aux constructions gigantesques, de la brindille \u00e9ph\u00e9m\u00e8re \u00e0 la gouverne cosmique.<\/p>\n\n\n\n

Alors que l’agressivit\u00e9 moderniste salissait les orthodoxies du classicisme avec des oeuvres inaugurales comme le fut L’Olympia<\/em>de Manet, le Land Art, pour sa part, glorifie le paysage \u00e0 coups d’outils industriels (Spiral Jetty<\/em>, 1970, de Robert Smithson est un classique de cette approche). \u00c0 l’oppos\u00e9, certains artistes transforment leurs ballades solitaires en for\u00eat en arguments esth\u00e9tiques (le plus repr\u00e9sentatif \u00e9tant Richard Long). <\/p>\n\n\n\n

Un contraste apparent, car les ficelles s\u00e9mantiques entre ces deux pratiques reposent sur l’axe d’une polarisation entre la v\u00e9n\u00e9ration tribale (la spirale, signe d’une cosmogonie implicite) et le recueillement initiatique (l’ermitage au sein de zones vierges). <\/p>\n\n\n\n

En filigrane \u00e0 ces extr\u00eames, de nombreux artistes poursuivent des d\u00e9marches dans lesquelles les mat\u00e9riaux naturels occupent une place tr\u00e8s importante sinon cruciale \u00e0 la compr\u00e9hension de l’oeuvre. <\/p>\n\n\n\n

On aurait certainement tort de maintenir une division artificielle entre la technologie et la nature. Le sectarisme d’une telle position engendrera bien des malentendus et beaucoup de fausset\u00e9s. La technologie a toujours \u00e9t\u00e9 issue d’une fine compr\u00e9hension des dynamiques naturelles. Non seulement cela est-il vrai sur un plan scientifique mais aussi sur le plan psychique. \u00c0 titre d’exemple, le romantisme et son penchant pour les effets fusionnels entre la nature et les \u00e9tats d’esprit. La litt\u00e9rature et le cin\u00e9ma fantastiques font leur pain de cette association ; sombres bruissements de feuilles mouill\u00e9es et frissons garantis!<\/p>\n\n\n\n

Faut-il donc se r\u00e9f\u00e9rer \u00e0 l’imagination mat\u00e9rielle de Gaston Bachelard, aux contraintes de l’industrie, \u00e0 la contestation \u00e9cologique, \u00e0 la philosophie, \u00e0 la technologie, \u00e0 la religion ou \u00e0 la science du chaos pour penser cette forte pr\u00e9sence du naturel dans les oeuvres contemporaines ? Concr\u00e8tement, l’utilisation de l’id\u00e9e ou de la mati\u00e8re recouvrant le terme \u00ab\u00a0nature\u00a0\u00bb se d\u00e9couvre pour chacune des situations esth\u00e9tiques propos\u00e9es puisqu’il y a, \u00e0 chaque fois, une int\u00e9gration dynamique \u00e0 l’ensemble. Un exercice in situ sur ce th\u00e8me augmente tangiblement la flexibilit\u00e9 perceptive et r\u00e9ceptive.<\/p>\n\n\n\n

Chose certaine, la terre s’accole un concept, une r\u00e9alit\u00e9 et un mythe des origines dont il est difficile de se d\u00e9partir, m\u00eame dans le cyberespace.<\/p>\n\n\n\n

Pratiques artistiques<\/h2>\n\n\n\n

Osmose<\/em>\u00a0,\u00a0<\/em>l’oeuvre interactive et virtuelle de\u00a0Char Davies, pr\u00e9sent\u00e9e au Mus\u00e9e d’art contemporain de Montr\u00e9al en 1996, puisait son inspiration dans les mati\u00e8res et symboles fondamentaux que sont l’eau, la terre, le feu, l’air, l’arbre et les racines. Mais rien de naturel au sens propre du terme ne venait confirmer ou soutenir la pens\u00e9e de cette production totalement digitale. Un voyage en-de\u00e7\u00e0 de la r\u00e9alit\u00e9, dans un univers transparent, dans la chambre cristalline de la vie d\u00e9voil\u00e9e sous l’orchestration des mouvements du corps. Le seul intervenant naturel c’est un \u00eatre humain casqu\u00e9 et branch\u00e9. L’oeuvre s’est transport\u00e9e \u00e0 Londres pour la p\u00e9riode estivale (1997). On peut se faire une id\u00e9e du type de dessin num\u00e9rique et prendre connaissance d’un dossier complet sur l’artiste sur le site de\u00a0Softimage, la compagnie parraine le projet.<\/p>\n\n\n\n

\"\"<\/figure>\n\n\n\n

Pour une description comment\u00e9e de cette exp\u00e9rience virtuel osmotique, nous vous sugg\u00e9rons fortement\u00a0le tr\u00e8s beau texte de Pierre L\u00e9vy. Il nous fait part de son voyage avec une sensible pr\u00e9sence filmique. Pierre L\u00e9vy est philosophe et professeur \u00e0 l’Universit\u00e9 Paris-8 \u00e0 St-Denis.<\/p>\n\n\n\n

Dans un autre ordre d’id\u00e9e,\u00a0Chris Page\u00a0produit des oeuvres peintes qui allient spiritualit\u00e9 et textures terrestres dans une facture abstraite. \u00ab\u00a0Spirituality\u00a0(specifically the Baha\u00ef Faith)<\/em>\u00a0and Nature are the primary sources for my work.\u00a0\u00bb Ici, un sens de l’harmonie plastique et formelle d\u00e9di\u00e9e \u00e0 la suspension monophysite (\u00e9tat divin et terrestre unifi\u00e9s). La nature se transforme en symbole de vie, anime la surface et l’abstraction figure l’universalit\u00e9 du langage.<\/p>\n\n\n\n

Les losanges utilis\u00e9s par Page me rappellent ceux que pr\u00e9sentaient Louise Paill\u00e9 \u00e0 la galerie Yves Leroux (Montr\u00e9al, 1996) sous le titre Danse macabre<\/em>, une oeuvre r\u00e9cemment acquise par le Mus\u00e9e d’art contemporain de Montr\u00e9al. Des losanges d\u00e9coratifs \u00e0 chromas rouges ceinturaient l’espace de l’exposition et flambaient par un jeu d’effet optique. Le centre, le feu, la forme g\u00e9om\u00e9trique sont des attributs qu’on peut qualifier d’ancestraux et, en cela, tr\u00e8s pr\u00e8s de la nature vive.<\/p>\n\n\n\n

En visualisant les oeuvres de Louise Paill\u00e9 d\u00e9di\u00e9es \u00e0 l’int\u00e9gration architecturale et disponibles dans le Web, on constate que la ligne et l’espace cosmique occupent ses int\u00e9r\u00eats esth\u00e9tiques (qui ne se r\u00e9sument pas \u00e0 ce type d’espace). Le message demeure toujours \u00ab\u00a0terrestre\u00a0\u00bb en tant que paysage. Un fil anthropologique. Images :\u00a01987-1988,\u00a01988-1989.<\/p>\n\n\n\n

Autre document d’int\u00e9r\u00eat,\u00a0Le colloque du solide au fluide\u00a0pr\u00e9sent\u00e9 par le 3e Symposium en arts visuels de l’Abitibi-T\u00e9miscamingue (1997). Bref, mais bien fait.<\/p>\n\n\n\n

Prenant appui sur les particularit\u00e9s g\u00e9omorphiques de la r\u00e9gion (eskers, moraines, glaciations, etc.), le colloque interrogeait les changements de phase de la mati\u00e8re. Le texte de pr\u00e9sentation nous introduit \u00e0 la th\u00e9orie du chaos dans ses liens avec les pratiques esth\u00e9tiques, la pens\u00e9e, l’information, l’art et les institutions. Voici un extrait de ce texte (maintenant hors ligne) :<\/p>\n\n\n\n

\"\"<\/figure>\n\n\n\n
\"\"<\/figure>\n\n\n\n


Vous lirez certainement avec int\u00e9r\u00eat cette entrevue (en anglais) men\u00e9e par Stephen Miller avec Elisabet Sahtouris pour le compte du site Nirvanet. Une scientifique fort sympathique et une des premi\u00e8res \u00e0 avoir contribu\u00e9 \u00e0 la th\u00e9orie Ga\u00efa (la terre consid\u00e9r\u00e9e comme un organisme vivant). Bonne lecture.<\/p>\n\n\n\n

Bibliographie<\/h2>\n\n\n\n

\u2013 Brandt, Per Aage, \u00abBack to Reason : On Philisophy and Misbehaving\u00bb, Center for Semiotic Research<\/em>, University of Aarhus, Denmark, 1995. <\/p>\n\n\n\n

\u2013 Virilio, Paul, \u00abFin de l’histoire, ou fin de la g\u00e9ographie? Un monde surexpos\u00e9\u00bb. Le monde diplomatique<\/em>, ao\u00fbt 1997.<\/p>\n\n\n\n

\u2013 Le num\u00e9ro 38 de la revue\u00a0ETC Montr\u00e9al<\/em>\u00a0est enti\u00e8rement consacr\u00e9 \u00e0 cette question. Une revue qui f\u00eate cette ann\u00e9e son dixi\u00e8me anniversaire. C’est aussi le dixi\u00e8me de la revue\u00a0Espace<\/em>\u00a0dont le mandat s’articule autour de la sculpture et de l’installation.<\/p>\n\n\n\n

\u2013 Art, nature et soci\u00e9t\u00e9<\/em>, un livre de J. K. Grande publi\u00e9 en 1994 et traduit en 1997 aux \u00c9ditions \u00c9cosoci\u00e9t\u00e9. On y retrouve un bon nombre d’artistes de la sc\u00e8ne qu\u00e9b\u00e9coise et internationale.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

L’attirail num\u00e9rique met la terre en onde et, sur l’autre versant, l’\u00e9cologie met la terre en alerte. Deux voies sur la port\u00e9e mondiale contemporaine. Qu’en est-il des pratiques esth\u00e9tiques et de la terre ? Les ann\u00e9es 60-70 ont particuli\u00e8rement d\u00e9montr\u00e9 avec le Land Art(am\u00e9ricain) et l’Arte povera (italien) que si, d’une part, l’action humaine enfonce … Continued<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[5],"tags":[201],"acf":[],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/4621"}],"collection":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=4621"}],"version-history":[{"count":2,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/4621\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":4627,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/4621\/revisions\/4627"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=4621"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=4621"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=4621"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}