{"id":554,"date":"2018-12-01T16:52:58","date_gmt":"2018-12-01T16:52:58","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=554"},"modified":"2022-10-21T16:53:16","modified_gmt":"2022-10-21T16:53:16","slug":"decembre-2018-portrait-de-linternaute-en-detective-etude-de-cadavres-exquis-hypermediatiques","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/decembre-2018-portrait-de-linternaute-en-detective-etude-de-cadavres-exquis-hypermediatiques\/","title":{"rendered":"D\u00e9cembre 2018 – Portrait de l’internaute en d\u00e9tective: \u00e9tude de cadavres exquis hyperm\u00e9diatiques"},"content":{"rendered":"\n

Les \u0153uvres hyperm\u00e9diatiques\u00a0Apparitions inqui\u00e9tantes\u00a0<\/em>1998-) d\u2019Anne-C\u00e9cile Brandenbourger,\u00a0La Disparue<\/em> (2013) de C\u00e9cile Iran, M\u00e9d\u00e9ric Lulin et Sophie S\u00e9guin se fondent sur un rapport au corps (textuel, organique) similaire. Dans la premi\u00e8re, nous suivons le r\u00e9cit d\u2019un assassinat en naviguant d\u2019hyperliens en hyperliens dans un labyrinthe arborescent de micro-r\u00e9cits.\u00a0 Dans la seconde, nous endossons le r\u00f4le d\u2019enqu\u00eateur dans une sordide affaire criminelle o\u00f9 histoire familiale et sectes cannibales s\u2019entrecroisent. Notre analyse s\u2019int\u00e9ressera au d\u00e9ploiement de la question du corps permise par l\u2019usage d\u2019un registre policier en r\u00e9gime hyperm\u00e9diatique. En effet, ces deux \u0153uvres engagent d\u00e9j\u00e0 un imaginaire du corps en raison de leur structure \u00e9minemment prot\u00e9iforme et de la logique de l\u2019excroissance qui motive leur d\u00e9roulement. Mais si le corps textuel est d\u00e8s lors probl\u00e9matis\u00e9 par l\u2019hyperm\u00e9diatisation dont il fait l\u2019objet, cet enjeu structurel est redoubl\u00e9 puisque le corps, dans le r\u00e9cit policier, devient cadavre, surface marqu\u00e9e de signes \u00e9nigmatiques dont il faudra fournir l\u2019interpr\u00e9tation. Nous projetons par cons\u00e9quent de d\u00e9montrer que la mise en r\u00e9cit hyperm\u00e9diatique du corps morcel\u00e9, disparu ou mutil\u00e9 arrive \u00e0 rendre compte d\u2019une posture herm\u00e9neutique rapprochant l\u2019internaute et l\u2019enqu\u00eateur dans un r\u00e9gime de diss\u00e9mination et de d\u00e9tection des signes commun.<\/p>\n\n\n\n

Empoisonnement, noyades, \u00e9tranglements, chutes provoqu\u00e9es, gorges coup\u00e9es, nuques disloqu\u00e9es : le trait caract\u00e9ristique du roman policier est de se pr\u00e9senter comme l\u2019\u00e9lucidation d\u2019une \u00e9nigme g\u00e9n\u00e9r\u00e9e par une atteinte mortelle au corps. Mais qu\u2019en est-il lorsque ce corps se cyberm\u00e9diatise en m\u00eame temps que le r\u00e9cit qui le porte, que le texte policier devient aussi texte hyperm\u00e9diatique ? Lesquelles de ses particularit\u00e9s g\u00e9n\u00e9riques sont reconduites, exponentialis\u00e9es ou achopp\u00e9es par un passage en r\u00e9gime num\u00e9rique ? En formulant quelques hypoth\u00e8ses, j\u2019essaierai de fournir un d\u00e9but de r\u00e9ponse \u00e0 ces questions, principalement en d\u00e9montrant que le corps fragment\u00e9 du cadavre, en r\u00e9gime policier, redouble la structure fragmentaire du corps textuel en r\u00e9gime hyperm\u00e9diatique. Il s\u2019agit d\u2019un redoublement puisque si le corps du texte, parsem\u00e9 d\u2019hyperliens et fractur\u00e9 en multiples plateformes s\u2019apparente dans sa structure \u00e0 celui de la victime, en revanche le corps de la victime constitue aussi<\/em>, en r\u00e9gime policier, un texte \u00e0 d\u00e9chiffrer. En somme, pour reprendre les terminologies propres au r\u00e9cit d\u2019enqu\u00eate, hyperstructure formelle et th\u00e9matisation sont ici complices.<\/p>\n\n\n\n

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Apparitions inqui\u00e9tantes, Anne-C\u00e9cile Brandenbourger, capture d\u2019\u00e9cran<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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La disparue, C\u00e9cile Iran, M\u00e9d\u00e9ric Lulin et Sophie S\u00e9guin, capture d\u2019\u00e9cran<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

J\u2019entends le d\u00e9montrer en prenant pour exemple les \u0153uvres\u00a0Apparitions inqui\u00e9tantes<\/em>\u00a0(1998-) d\u2019Anne-C\u00e9cile Brandenbourger et\u00a0La disparue<\/em>\u00a0(2013), de C\u00e9cile Iran, M\u00e9d\u00e9ric Lulin et Sophie S\u00e9guin. Dans la premi\u00e8re, nous suivons le r\u00e9cit d\u2019un assassinat et naviguons d\u2019hyperliens en hyperliens dans un labyrinthe arborescent de micro-r\u00e9cits. Le r\u00e9cit raconte plusieurs histoires crois\u00e9es qui se cristallisent autour de l\u2019assassinat d\u2019un certain docteur Marbella, retrouv\u00e9 allong\u00e9 \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de sa piscine. Dans la seconde,\u00a0La Disparue<\/em>, nous endossons le r\u00f4le d\u2019enqu\u00eateur dans une sordide affaire criminelle o\u00f9 histoire familiale et sectes cannibales s\u2019entrecroisent. Il s\u2019agira moins d\u2019entrer dans les \u0153uvres elles-m\u00eames que de voir comment elles peuvent nous permettre de penser un type de r\u00e9cit sp\u00e9cifique, \u00e0 la crois\u00e9e d\u2019un donn\u00e9 g\u00e9n\u00e9rique et narratif. Mon objectif sera essentiellement de montrer comment, \u00e0 travers la navigation \u00e0 choix multiples qu\u2019elles offrent, certaines fictions polici\u00e8res hyperm\u00e9diatiques v\u00e9hiculent un imaginaire du corps fragment\u00e9, autant celui du texte que celui repr\u00e9sent\u00e9 dans le texte.<\/p>\n\n\n\n

Corps et roman policier<\/h2>\n\n\n\n

Au-del\u00e0 de ce que nous pourrions qualifier de sur-pr\u00e9sence du corps cadav\u00e9rique en r\u00e9gime policier, il faut aussi lui ajouter une sur-signifiance, qui fait de ce dernier plus qu\u2019un \u00e9l\u00e9ment th\u00e9matique ou structurel r\u00e9current et va jusqu\u2019\u00e0 fournir certains modes de lectures et d\u2019\u00e9criture sp\u00e9cifiques. Uri Eisenzweig, dans les ann\u00e9es 1980, d\u00e9finissant d\u00e9j\u00e0 la victime comme \u00ab un personnage qui symbolise la mise en question sp\u00e9cifiquement polici\u00e8re du pouvoir narratif, puisqu\u2019il repr\u00e9sente le narrateur le plus v\u00e9ridique qui puisse \u00eatre, mais dont la fonction m\u00eame est de n\u2019\u00eatre plus. \u00bb (Le r\u00e9cit impossible. Forme et sens du roman policier<\/em>, 1986, p. 110) Il est l\u2019 \u00ab embl\u00e8me du r\u00e9cit authentique \u00e0 jamais absent, du moins \u00e0 la premi\u00e8re personne. \u00bb (p. 110 ) Le cadavre n\u2019est donc pas qu\u2019un personnage tr\u00e9pass\u00e9, c\u2019est une fonction du texte qui vise \u00e0 laisser entendre que tout acte de narration ne va pas de soi, exige des d\u00e9tours.<\/p>\n\n\n\n

Alain-Michel Boyer\u00a0insistait lui aussi sur cette id\u00e9e dans\u00a0Criminels et Policiers<\/em>\u00a0: \u00ab\u00a0Meurtre ou rapt, la situation initiale de tout roman policier est un\u00a0manque<\/em>. Il s\u2019agit donc non seulement de transformer l\u2019\u00e9nigme en r\u00e9cit, mais de circonscrire ce\u00a0manque<\/em>, et de le combler. De sorte que le travail de l\u2019\u00e9criture et celui du d\u00e9tective sont une lutte contre le silence des objets et le mensonge ou le mutisme des personnages. L\u2019indicible devient question, puis langage.\u00a0\u00bb (Boyer, 1981, p. 81) Du silence qu\u2019a provoqu\u00e9 le crime, le cadavre apparait comme le signe. Il est le point d\u2019interrogation qui fait d\u2019une absence une \u00e9nigme, d\u2019une disparition un crime.<\/p>\n\n\n\n

Lecteurs et l\u00e9gistes<\/h2>\n\n\n\n

Quoique l\u2019individu assassin\u00e9 est \u00e0 jamais r\u00e9duit au silence, il n\u2019emp\u00eache que son corps, quant \u00e0 lui, parle bel et bien1<\/sup>. Comme nous le rappelle Fran\u00e7ois Marion, \u00ab\u00a0[d]ans le texte policier, le mort initial est \u00e0 la fois l\u2019origine du raisonnement qui constitue le d\u00e9veloppement, et l\u2019aboutissement chronologique de la reconstruction op\u00e9r\u00e9e par ce raisonnement en phase terminale\u00a0: tout part du cadavre, et tout aboutit \u00e0 lui.\u00a0\u00bb (La v\u00e9rit\u00e9 dans le sang\u00a0: roman policier et connaissance<\/em>, 2013, p.6) C\u2019est donc dire que le cadavre est ce qui met en branle le texte comme l\u2019herm\u00e9neutique du d\u00e9tective, mais aussi que cette parole est motiv\u00e9e par un effort de reconstitution et de r\u00e9paration dont la victime est l\u2019objet. Raconter le corps malmen\u00e9 est alors une forme de raboutage qui rapi\u00e8ce l\u2019histoire manquante du crime et, en offrant r\u00e9paration, fait de ce r\u00e9cit un linceul et du conteur (le d\u00e9tective) un embaumeur qui aura pour t\u00e2che de restaurer du m\u00eame coup ce corps cadav\u00e9rique en lui rendant sa coh\u00e9rence.<\/p>\n\n\n\n

Une fois pass\u00e9 entre les mains de son assassin, qui endosse le r\u00f4le d\u2019un scripteur en diss\u00e9minant ses traces sur la page blanche d\u2019une peau, le cadavre se retrouve \u00e0 la merci du d\u00e9tective mais aussi sur la table du l\u00e9giste, qui se pr\u00e9sente alors en tant que d\u00e9chiffreurs de ses chairs. Dans leur travail de reconstitution, tous deux devront diss\u00e9miner et reconstruire autant le corps du r\u00e9cit que celui de la victime, l\u2019un par le fil chirurgical, l\u2019autre par celui de l\u2019enqu\u00eate. On reconna\u00eet ici le parall\u00e8le entre d\u00e9tection et m\u00e9decine \u00e9tabli par\u00a0Carlo Ginzburg\u00a0dans\u00a0Racines d\u2019un paradigme de l\u2019indice<\/em>\u00a0(1980). Il y d\u00e9gageait les bases de ce paradigme en comparant les m\u00e9thodes de l\u2019historien de l\u2019art\u00a0Giovanni Morelli\u00a0\u00e0 ceux de\u00a0Sherlock Homes\u00a0et de\u00a0Freud. Cette analogie inspir\u00e9e de Castelnuovo s\u2019explique pour lui ainsi\u00a0: \u00ab\u00a0Dans les trois cas on entrevoit le mod\u00e8le de la s\u00e9miotique m\u00e9dicale\u00a0[, soit] la discipline qui permet de diagnostiquer les maladies inaccessibles \u00e0 l\u2019observation directe bas\u00e9e sur les sympt\u00f4mes superficiels, parfois insignifiants aux yeux du profane [\u2026].\u00a0\u00bb (1980, p. 232) Le l\u00e9giste participerait donc d\u2019une m\u00eame \u00e9pist\u00e9mologie.<\/p>\n\n\n\n

L\u2019essentiel \u00e0 retenir est que pour Ginzburg, le paradigme indiciaire propose avant tout une m\u00e9thode de lecture \u2013 et \u00e0 son origine se trouverait l\u2019acte narratif m\u00eame\u00a0: \u00ab\u00a0 Ce qui caract\u00e9rise ce savoir, c\u2019est la capacit\u00e9 de remonter, \u00e0 partir de fait exp\u00e9rimentaux apparemment n\u00e9gligeables, \u00e0 une r\u00e9alit\u00e9 complexe qui n\u2019est pas directement exp\u00e9rimentable. On peut ajouter que ces faits sont toujours dispos\u00e9s par l\u2019observateur de mani\u00e8re \u00e0 donner lieu \u00e0 une s\u00e9quence narrative, dont la formulation la plus simple pourrait \u00eatre\u00a0\u201c<\/em>quelqu\u2019un est pass\u00e9 par l\u00e0.\u201d<\/em>\u00a0\u00bb (Ginzburg, 2010, p. 242)<\/p>\n\n\n\n

Le web: un imaginaire du corps-cadavre<\/h2>\n\n\n\n

Le cadavre en r\u00e9gime policier est surface scriptible, et donc \u00e9ventuellement lisible : y sont inscrits, dans un ordre encore \u00e0 \u00e9tablir et \u00e0 travers de multiples fausses pistes, les signes du meurtre. Ils se d\u00e9clinent en divers s\u00e9vices, d\u00e9coupages, morcellements, meurtrissures, r\u00e9sidus ou mutilations. Ce sont des ajouts ou des retraits qui, sur la peau, dans les chairs, pointent, indiquent et deviennent traces. Ces derni\u00e8res s\u2019affichent sur la toile d\u2019une carnation : d\u00e9cidons par cons\u00e9quent d\u2019imaginer un instant que cette toile-corps, ce soit celle qu\u2019on appelle le web (et qui en tire son nom), et que les s\u00e9vices dont elle est marqu\u00e9e sont autant d\u2019hyperliens qui ouvrent une br\u00e8che vers un ailleurs ou un avant dans cette surface qu\u2019il faut lire. L\u2019analogie est rapide, mais elle a le m\u00e9rite de signaler efficacement comment un r\u00e9cit hyperm\u00e9diatique et un texte policier participent d\u2019un imaginaire similaire du corps en tant qu\u2019organisme d\u00e9sarticul\u00e9 qui reste \u00e0 interpr\u00e9ter.<\/p>\n\n\n\n

La comparaison entre corps du site et organisme vivant n\u2019est pas neuve\u00a0: dans un article particuli\u00e8rement \u00e9clairant sur les pirates du cyber-art,\u00a0Jean-Paul Fourmentraux\u00a0(dont le texte est par ailleurs publi\u00e9 dans un collectif sur le roman policier) rappelle que \u00ab\u00a0Le \u00ab\u00a0squelette\u00a0\u00bb des sites, leur structure mod\u00e9lis\u00e9e \u00ab\u00a0\u00e0 l\u2019identique\u00a0\u00bb, d\u00e9place leur possible distinction du seul c\u00f4t\u00e9 de l\u2019apparence graphique et du design.\u00a0\u00bb (Les pirates du Cyberart\u00a0: inconfort technique et contamination<\/em>, 2002, p.32) Il compare donc les plateformes web \u00e0 des organismes dont le potentiel de diff\u00e9rentiation se situe dans l\u2019apparence adopt\u00e9e plut\u00f4t que dans la conformation de l\u2019ossature. Il parle \u00e9galement des plug-ins qui se \u00ab\u00a0greffent\u00a0\u00bb (Fourmentraux, 2002, p. 33) \u00e0 ce corps d\u2019origine et mentionne aussi qu\u2019une fa\u00e7on d\u2019intervenir sur les structure en tant que cyber artiste est de \u00ab\u00a0 s\u2019introduire dans des r\u00e9seaux afin de les\u00a0contaminer<\/em>\u00a0\u00bb (Fourmentraux, 2002, p. 33) ou de les \u00ab\u00a0infecter\u00a0\u00bb (p. 33) par un virus : on voit bien comment se dynamise-l\u00e0 un imaginaire du corps souffrant qui est ici le corps du site. Fourmentraux rappelle aussi qu\u2019\u00ab [u]n d\u00e9tour rapide par l\u2019\u00e9tymologie du terme \u00ab\u00a0hacker\u00a0\u00bb peut paraitre \u00e9clairant.\u00a0\u00bb (Fourmentraux, 2002, p. 34)<\/p>\n\n\n\n

En effet,\u00a0 \u00ab\u00a0To Hack<\/em>\u00a0renvoie \u00e0 taillade, entaille et \u00e0 l\u2019action de hacher, couper, tailler en pi\u00e8ce.\u00a0\u00bb (Fourmentraux, 2002, p. 34) Le corps du site, dans cette situation particuli\u00e8re du hacking o\u00f9 on cherche pr\u00e9cis\u00e9ment \u00e0 le corrompre, est donc l\u2019objet d\u2019une d\u00e9coupe, d\u2019une mutilation. On y pars\u00e8me donc des indices d\u2019une fa\u00e7on semblable \u00e0 celle du meurtrier\u00a0: par lac\u00e9ration et dislocation. D\u2019autre part, l\u2019auteur rappelle qu\u2019\u00ab\u00a0[u]n second registre s\u00e9mantique\u00a0\u00bb du hacking \u00ab\u00a0renvoie \u00e0 se frayer un chemin, ressasser ou rab\u00e2cher [\u2026].\u00a0\u00bb (Fourmentraux, 2002, p. 34) L\u2019analogie ne se limiterait donc pas aux proc\u00e9d\u00e9s de transfiguration de ce corps mais s\u2019\u00e9tendrait aussi aux modes de lectures m\u00e9andreux qu\u2019il requiert. Quoique les \u0153uvres dont il est ici question ne rel\u00e8vent pas d\u2019une pratique o\u00f9 le cr\u00e9ateur serait aussi\u00a0hacker<\/em>, il n\u2019en reste pas moins que leur interactivit\u00e9 g\u00e9n\u00e9rative rapproche en revanche le lecteur de ce type de figure disruptive.<\/p>\n\n\n\n

Car si on revient \u00e0 notre analogie principale, la lecture de ce corps\/texte d\u00e9mantel\u00e9 s\u2019assimile \u00e0 un r\u00e9assemblage des parties, \u00e0 une reconstitution de parcours \u00e0 travers le labyrinthe des narrativit\u00e9s possibles. Or,\u00a0Jean-Claude Vareille\u00a0posait la figure du labyrinthe comme essentielle \u00e0 la constitution de l\u2019imaginaire policier, puisque l\u2019enqu\u00eateur \u00ab\u00a0trouve en face de lui carrefours et culs-de-sac [et que] les pistes qu\u2019il remonte se r\u00e9v\u00e8lent impasses\u00a0[\u2026]. En cons\u00e9quent de quoi, la poursuite s\u2019organisera le long d\u2019un entrelacs de traces contradictoires, o\u00f9 le probl\u00e8me du choix sera d\u00e9terminant.\u00a0\u00bb (Filatures<\/em>,\u00a0Itin\u00e9raire \u00e0 travers les cycles de Lupin et de Rouletabille<\/em>, 1980, p.26) L\u2019interactivit\u00e9 des r\u00e9cits policiers hyperm\u00e9diatiques permet \u00e0 cet imaginaire de se r\u00e9aliser pleinement en transformant le motif de la lecture-enqu\u00eate en geste lectoral effectif.<\/p>\n\n\n\n

Car l\u2019analogie avec le corps-cadavre n\u2019est pas la seule qui se dessine puisque c\u2019est aussi la mani\u00e8re de le d\u00e9chiffrer qui est convoqu\u00e9e en r\u00e9gime hyperm\u00e9diatique : \u00ab quant \u00e0 l\u2019arborescence de ces dispositifs, elle va \u00e0 l\u2019encontre de l\u2019ergonomie classique des sites web, l\u2019information y est partielle, non visible, les liens sont dissimul\u00e9s. Le parcours en est chaotique, sans coh\u00e9rence a priori<\/em> et nous conduit \u00e0 d\u00e9river d\u2019un lien \u00e0 l\u2019autre sans que l\u2019on puisse percevoir la structure du dispositif [\u2026]. [C]es dispositifs entrainent leurs publics de liens en liens dans les d\u00e9dales rhizomatiques d\u2019un jeu de pistes dont il est souvent impossible de trouver l\u2019issue. \u00bb (Fourmentraux, 2002, p.36) Il faut d\u00e9tecter les sentiers pr\u00e9alablement am\u00e9nag\u00e9s par le programmeur, d\u00e9nicher les indices, faire le fin limier.<\/p>\n\n\n\n

En somme, c\u2019est une illusion semblable \u00e0 celle du roman policier classique\u00a0: celle qui nous fait croire \u00e0 une quantit\u00e9 finie mais imposante de r\u00e9solutions parall\u00e8les en leurrant le lecteur, qu\u2019il lance sur la piste de faux coupables, les suspects. Si on voulait \u00eatre audacieux, on pourrait dire que le roman policier classique se pr\u00e9sentait d\u00e9j\u00e0 comme un faux r\u00e9cit interactif2<\/sup>, \u00e9tant donn\u00e9 que pour repr\u00e9senter un r\u00e9el d\u00e9fi (et plaisir) de lecture, le roman policier pose, \u00e0 la source m\u00eame de son pacte, les ruses d\u2019une narration qui am\u00e9nage des culs-de-sac di\u00e9g\u00e9tiques. M\u00eame si au final ne persiste qu\u2019une seule solution qui a toujours pr\u00e9exist\u00e9 \u00e0 sa propre d\u00e9couverte et \u00e0 laquelle le texte donne simplement l\u2019apparence d\u2019\u00eatre alternative, il n\u2019emp\u00eache que cette multiplicit\u00e9 factice reste un fait esth\u00e9tique qui vise \u00e0 produire un vertiges des possibles. Les deux \u0153uvres \u00e0 l\u2019\u00e9tude reconduisent ce vertige mais le d\u00e9clinent cependant diff\u00e9remment.<\/p>\n\n\n\n

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La disparue, C\u00e9cile Iran, M\u00e9d\u00e9ric Lulin et Sophie S\u00e9guin, capture d\u2019\u00e9cran<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Alors que l\u2019\u0153uvre de Brandenbourger offre un v\u00e9ritable parcours-r\u00e9seau (au sens o\u00f9 l\u2019entr\u00e9e dans le r\u00e9cit peut se faire \u00e0 partir de n\u2019importe quel fragment, le texte se constituant alors au fur et \u00e0 mesure), l\u2019interactivit\u00e9 pr\u00e9sente dans\u00a0La disparue<\/em>\u00a0ne donne qu\u2019une\u00a0apparence<\/em>\u00a0de processus d\u00e9cisionnel, puisqu\u2019il s\u2019agit en fin de compte de parcourir un chemin unique \u00e0 travers l\u2019\u0153uvre jusqu\u2019\u00e0 l\u2019alternative finale entre deux fins concurrentes. Nous n\u2019avons alors qu\u2019un chemin narratif principal \u00e0 aboutissement double, bien que les possibilit\u00e9s exploratoires qui s\u2019offrent \u00e0 nous quant aux d\u00e9tails du r\u00e9cit et \u00e0 sa densit\u00e9 sont quant \u00e0 elles multiples\u00a0: ainsi, bien que la substance du r\u00e9cit reste sensiblement la m\u00eame, son \u00e9paisseur varie en fonction du parcours \u2013 rapide ou lent \u2013 que choisit d\u2019effectuer le lecteur3<\/sup>.<\/p>\n\n\n\n

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La disparue, C\u00e9cile Iran, M\u00e9d\u00e9ric Lulin et Sophie S\u00e9guin, capture d\u2019\u00e9cran<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

La strat\u00e9gie hyperm\u00e9diatique de la navigation \u00e0 choix multiple semble \u00eatre l\u2019aspect essentiel d\u2019une analogie au policier\u00a0puisqu\u2019un tel proc\u00e9d\u00e9 d\u00e9structure et d\u00e9lin\u00e9arise le r\u00e9cit pour en faire un corps \u00e0 la silhouette difficile \u00e0 tracer, mais aussi parce qu\u2019il mime le mode de lecture privil\u00e9gi\u00e9 du d\u00e9tective. De fait, c\u2019est le r\u00f4le que nous endossons dans\u00a0La Disparue<\/em>\u00a0: dans un mode vid\u00e9oludique, le lecteur est install\u00e9 dans une narration \u00e0 la premi\u00e8re personne o\u00f9 il incarne un inspecteur. Ce r\u00e9cit-jeu \u00ab\u00a0propose \u00e0 l\u2019internaute de se glisser dans la peau [d\u2019un inspecteur] charg\u00e9 de l\u2019enqu\u00eate entourant la disparition d\u2019Elisabeth Monohan et le meurtre de Kacey Harnois.\u00a0\u00bb Dans le r\u00e9pertoire des Arts et Litt\u00e9ratures hyperm\u00e9diatiques du\u00a0NT2,\u00a0Sara Grenier-Millette\u00a0sp\u00e9cifie d\u2019ailleurs que \u00ab\u00a0le jeu dirige l\u2019internaute vers les outils auxquels tout internaute \u00e0 la recherche d\u2019informations pr\u00e9cises sur un lieu ou une personne fait appel, refl\u00e9tant l\u2019utilit\u00e9 r\u00e9elle de la toile dans la recherche polici\u00e8re.\u00a0\u00bb Ainsi, \u00ab\u00a0[\u00e0] travers la multitude d\u2019informations \u00e0 laquelle il est confront\u00e9, l\u2019internaute doit user de discernement et convoquer ses capacit\u00e9s m\u00e9morielles.\u00a0\u00bb<\/p>\n\n\n\n

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Apparitions inqui\u00e9tantes, Anne-C\u00e9cile Brandenbourger, capture d\u2019\u00e9cran<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Dans\u00a0Apparitions inqui\u00e9tantes,<\/em>\u00a0nous assumons un r\u00f4le similaire mais plus implicite puisque c\u2019est v\u00e9ritablement le travail herm\u00e9neutique et les d\u00e9placements de page en page qui font progresser la construction du r\u00e9cit. Sur le site de son \u00e9diteur, l\u2019auteure pr\u00e9sente l\u2019\u0153uvre comme \u00ab\u00a0un cyber-polar fait de r\u00e9cits hypertextuels imbriqu\u00e9s en gigogne [o\u00f9] le lecteur est \u2013 hypertextuellement \u2013 men\u00e9 par le bout du nez dans cette saga aux allures borg\u00e9siennes. [\u2026]\u00a0\u00bb dans\u00a0Le livre 010101 (1971-2015)\u00a0Contrairement aux romans de d\u00e9tection classique, ces \u0153uvres exigent un lecteur qui ne fasse pas que suivre le d\u00e9roulement de la narration mais le provoque bel et bien. Le lecteur et le d\u00e9tective n\u2019y lisent plus parall\u00e8lement selon un mode similaire, autor\u00e9flexif, mais le premier incarne d\u00e9sormais carr\u00e9ment le second\u00a0: sans lui, il ne reste qu\u2019un cadavre sans r\u00e9cit, que ce cadavre soit celui du personnage mutil\u00e9 ou celui de l\u2019\u0153uvre laiss\u00e9e en dormance, inhum\u00e9e.<\/p>\n\n\n\n

Bien que cette image poss\u00e8de ses limites, ce type de productions nous renvoie sans trop de difficult\u00e9 \u00e0 la pratique du cadavre exquis, puisque l\u2019interpr\u00e9tant doit produire de l\u2019\u0153uvre tout en composant avec un donn\u00e9 qui lui pr\u00e9existe et qui conditionne son \u00e9laboration future. Il faut donc souligner que l\u2019aspect d\u00e9cousu de ces deux \u0153uvres ne vise pas \u00e0 produire leur inaccessibilit\u00e9 mais bien \u00e0 enjoindre le lecteur \u00e0 prendre lui-m\u00eame l\u2019aiguille par laquelle il faudra recoudre le patchwork narratif.\u00a0Alexandra Saemmer\u00a0(Mati\u00e8res textuelles sur support num\u00e9rique<\/em>, 2007) notait la pr\u00e9sence de cette attitude dans l\u2019\u0153uvre de Brandenbourger : \u00ab\u00a0Alors que le r\u00e9cit classique repose sur le d\u00e9ni des op\u00e9rations de production, de montage, d\u2019assemblable des \u00e9pisodes et sur l\u2019oubli de l\u2019instance organisatrice [\u2026], l\u2019instance narrative se manifeste [ici] et pointe du doigt les dispositifs narratifs du r\u00e9cit. \u00bb (Saemmer, 2007, p. 85) L\u2019activit\u00e9 de l\u2019internaute signifie un passage qui est simultan\u00e9ment acte de lecture et chose lue puisque les choix qui conditionnent le d\u00e9roulement du r\u00e9cit restent visibles. De mani\u00e8re g\u00e9n\u00e9rale,\u00a0Anne Cauquelin\u00a0avait \u00e9galement insist\u00e9 sur cette id\u00e9e : \u00ab\u00a0[d]ans ce type de productions, le lecteur-acteur g\u00e9n\u00e8re non pas le r\u00e9cit mais\u00a0du<\/em>\u00a0r\u00e9cit. C\u2019est la narrativit\u00e9 du r\u00e9cit qui est g\u00e9n\u00e9r\u00e9e. \u00bb (Le site et le paysage<\/em>, 2014 [2002], p. 89) Si cette sp\u00e9cificit\u00e9 du r\u00e9cit interactif n\u2019a pas manqu\u00e9 d\u2019\u00eatre r\u00e9guli\u00e8rement et abondamment soulign\u00e9e, il me semble n\u00e9anmoins qu\u2019il restait encore \u00e0 la mettre en parall\u00e8le avec l\u2019activit\u00e9 du d\u00e9tective.<\/p>\n\n\n\n

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La disparue, C\u00e9cile Iran, M\u00e9d\u00e9ric Lulin et Sophie S\u00e9guin, capture d\u2019\u00e9cran<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Il faudra nous arr\u00eater sur cette derni\u00e8re id\u00e9e, qui est peut-\u00eatre l\u2019endroit privil\u00e9gi\u00e9 par lequel revenir \u00e0 cette question intrigante du corps. Si pr\u00e9sent dans les th\u00e9matiques comme dans les postures de lecture qu\u2019il exige de notre part, ce corps  apparait pourtant comme le grand absent de ces r\u00e9cits, ne serait-ce que par l\u2019aspect suggestif des titres de ces derniers. Ils sont tant\u00f4t corps apparaissants, tant\u00f4t disparus, toujours inqui\u00e9tants : nous ne sommes plus d\u00e9j\u00e0 dans l\u2019ordre d\u2019une pr\u00e9sence, mais plut\u00f4t tourn\u00e9s vers ses traces et vestiges.<\/p>\n\n\n\n

\u00ab Quelqu\u2019un est pass\u00e9 par l\u00e0 \u00bb, disait Ginzburg pour r\u00e9sumer le fondement qu\u2019il pose \u00e0 l\u2019origine d\u2019une lecture indicielle. Effectivement, les circonvolutions de la narration, en r\u00e9gime policier, apparaissent comme une tentative de circonscription de ce cadavre qui, comme les lignes trac\u00e9es par les enqu\u00eateurs dans les c\u00e9l\u00e8bres fictions t\u00e9l\u00e9visuelles, marquent le contour d\u2019un absent, la d\u00e9marcation blanche d\u2019un r\u00e9cit \u00e0 compl\u00e9ter. Le corps de la victime est alors le signe de ce qui fait trou et de ce qui reste \u00e0 raconter, il est le sympt\u00f4me d\u2019une absence et le moteur d\u2019un foisonnement \u00e0 venir de la parole.<\/p>\n\n\n\n

Peut-\u00eatre est-ce aussi l\u2019histoire que nous raconte le r\u00e9cit interactif, ou en tout cas celle que nous raconte son interactivit\u00e9.  En l\u2019absence du corps du lecteur, mais aussi du corps de la lecture, puisque le texte se d\u00e9fait d\u00e8s lors que l\u2019internaute n\u2019est pas pr\u00e9sent pour l\u2019actualiser, c\u2019est donc le corps du texte sur lequel s\u2019inscrit, comme autant d\u2019hyperliens qui s\u2019activent, notre passage : elle n\u2019est pas une pr\u00e9sence, rien que le signe qu\u2019elle am\u00e9nage dans son dispositif pour signaler la possibilit\u00e9 d\u2019une pr\u00e9sence pass\u00e9e ou \u00e0 venir. Ainsi, peut-\u00eatre que le r\u00e9cit policier se pr\u00eate si bien aux adaptations en r\u00e9gimes num\u00e9riques, d\u2019une part car il transforme le lecteur en enqu\u00eateur mais aussi, d\u2019autre part, parce que la strat\u00e9gie la plus efficace pour faire venir au texte le corps du lecteur est d\u2019en faire dispara\u00eetre un au sein de la di\u00e9g\u00e8se afin que ce premier, activement, s\u2019investisse dans l\u2019\u0153uvre en partant \u00e0 la recherche du second.<\/p>\n\n\n\n

Notes<\/h2>\n\n\n\n

[1] Sa disparition pose un \u00e9minent probl\u00e8me \u2013 on sait \u00e0 quel point l\u2019absence ou la disparition du cadavre entraine d\u2019immenses complications p\u00e9nales lorsque vient le temps d\u2019obtenir une condamnation.<\/p>\n\n\n\n

[2] Ce qui en apparence est une portion de solution est en fait une strat\u00e9gie de dissolution (Eisenzweig, 1986, p.57). Dans une formule qui ne manque pas d\u2019attrait, Eisenzweig affirmait d\u2019ailleurs que \u00ab\u00a0le v\u00e9ritable lecteur de roman policier semble se d\u00e9finir, lui, comme celui qui se propose d\u2019\u00e9chouer \u00e0 lire correctement.\u00a0\u00bb (p. 176)<\/p>\n\n\n\n

[3] Les processus de fonctionnement de ces deux \u0153uvres, tr\u00e8s rapidement d\u00e9partag\u00e9s ici, ont d\u00e9j\u00e0 \u00e9t\u00e9 comment\u00e9s s\u00e9par\u00e9ment (Apparitions inqui\u00e9tantes<\/em>\u00a0a \u00e9t\u00e9 analys\u00e9e par\u00a0Alexandra Saemmer et Serge Bouchardon\u00a0, et\u00a0La disparue<\/em>\u00a0a fait l\u2019objet d\u2019une recension dans le r\u00e9pertoire du NT2 et dans le carnet de recherche de\u00a0\u00a0l\u2019Atelier comparatiste sur la litt\u00e9rature num\u00e9rique de Rennes 2).<\/p>\n\n\n\n

Bibliographie<\/h2>\n\n\n\n

\u2013 Bouchardon, Serge, \u00ab\u00a0Du r\u00e9cit hypertextuel au r\u00e9cit interactif. \u00bb\u00a0Revue de la BNF<\/em>, vol. 42, n\u00b0 3, 2012, p. 13-20.<\/p>\n\n\n\n

\u2013 Boyer, Alain-Michel, \u00ab\u00a0L\u2019\u00e9nigme, l\u2019enqu\u00eate et la qu\u00eate du r\u00e9cit\u00a0: la fiction polici\u00e8re dans Les Gommes et Le Voyeur d\u2019Alain Robbe-Grillet.\u00a0\u00bb French Forum<\/em>, vol 6, n\u00b0 1, 1981, p. 74-83.<\/p>\n\n\n\n

\u2013 Boyer, Alain Michel (dir.),\u00a0Criminels et policiers<\/em>, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 1988, 306\u00a0p.<\/p>\n\n\n\n

\u2013 Brandenbourger,\u00a0Anne-C\u00e9cile , Apparitions inqui\u00e9tantes,\u00a0<\/em>1998-, en ligne,\u00a0\u00a0<http:\/\/web.archive.org\/web\/20061123151717\/http:\/\/www.anacoluthe.com\/bulles\/apparitions\/jump.html)<\/a>>, consult\u00e9 le 22 septembre 2018.<\/p>\n\n\n\n

\u2013 Cauquelin, Anne,\u00a0Le site et le paysage<\/em>, Presses Universitaires de France, 2014 [2002], 216 p.<\/p>\n\n\n\n

\u2013 Eisenzweig,<\/em>\u00a0Uri, Le r\u00e9cit impossible. Forme et sens du roman policier<\/em>. Paris, C. Bourgois, 1986, 357 p.<\/p>\n\n\n\n

\u2013 Fourmentraux, Jean-Paul, \u00ab\u00a0Les pirates du Cyberart\u00a0: inconfort technique et contamination.\u00a0\u00bb dans\u00a0Les \u0153uvres noires de l\u2019art de la litt\u00e9rature (sur le roman policier)<\/em>, sous la dir. d\u2019Alain Pessin et Marie-Caroline Vanbremeersch,\u00a0 Paris, L\u2019Harmattan, 2002, p. 31-50.<\/p>\n\n\n\n

\u2013 Ginzburg, Carlo, \u00abTraces, racines d\u2019un paradigme indiciaire\u00a0\u00bb dans\u00a0Mythes, embl\u00e8mes, traces\u00a0; morphologie et histoire<\/em>, Paris, Verdier, 2010, p. 139-180.<\/p>\n\n\n\n

\u2013 Iran, C\u00e9cile, M\u00e9d\u00e9ric Lulin et Sophie S\u00e9guin,\u00a0La Disparue,\u00a0<\/em>2013, en ligne,\u00a0<http:\/\/revuebleuorange.org\/bleuorange\/05\/iran_lulin_seguin\/<\/a>>, consult\u00e9 le 22 septembre 2018.<\/p>\n\n\n\n

\u2013 Marion, Fran\u00e7ois, \u00ab\u00a0La v\u00e9rit\u00e9 dans le sang\u00a0: roman policier et connaissance.\u00a0\u00bb\u00a0LISA\/LISA<\/em>, 2013, en ligne,\u00a0<http:\/\/journals.openedition.org\/lisa\/7175<\/a>>.<\/p>\n\n\n\n

\u2013 Saemmer, Alexandra, Mati\u00e8res textuelles sur support num\u00e9rique<\/em>, Saint-\u00c9tienne, Publications de l\u2019Universit\u00e9 de Saint-\u00c9tienne, 2007, 162 p.<\/p>\n\n\n\n

\u2013 Vareille,\u00a0Jean-Claude, Filatures<\/em>,\u00a0Itin\u00e9raire \u00e0 travers les cycles de Lupin et de Rouletabille<\/em>, Grenoble,\u00a0<\/em>Presses Universitaires de Grenoble, 1980, 239 p.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Les \u0153uvres hyperm\u00e9diatiques\u00a0Apparitions inqui\u00e9tantes\u00a01998-) d\u2019Anne-C\u00e9cile Brandenbourger,\u00a0La Disparue (2013) de C\u00e9cile Iran, M\u00e9d\u00e9ric Lulin et Sophie S\u00e9guin se fondent sur un rapport au corps (textuel, organique) similaire. Dans la premi\u00e8re, nous suivons le r\u00e9cit d\u2019un assassinat en naviguant d\u2019hyperliens en hyperliens dans un labyrinthe arborescent de micro-r\u00e9cits.\u00a0 Dans la seconde, nous endossons le r\u00f4le d\u2019enqu\u00eateur dans … Continued<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[5],"tags":[41],"acf":[],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/554"}],"collection":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=554"}],"version-history":[{"count":2,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/554\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":562,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/554\/revisions\/562"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=554"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=554"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=554"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}