{"id":80,"date":"2019-12-01T21:19:03","date_gmt":"2019-12-01T21:19:03","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=80"},"modified":"2022-10-15T15:31:24","modified_gmt":"2022-10-15T15:31:24","slug":"decembre-2019-la-remediation-du-cyberespace-dans-la-peinture-de-veronique-savard","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/decembre-2019-la-remediation-du-cyberespace-dans-la-peinture-de-veronique-savard\/","title":{"rendered":"D\u00e9cembre 2019 – La rem\u00e9diation du cyberespace dans la peinture de V\u00e9ronique Savard"},"content":{"rendered":"\n

V\u00e9ronique Savard explore les effets de sens du num\u00e9rique en faisant passer diff\u00e9rentes textualit\u00e9s de la surface des \u00e9crans \u00e0 l\u2019espace pictural. Cet article analyse les enjeuxartistiques du dialogue m\u00e9diologique initi\u00e9 dans ces passages, symptomatiques de modes d\u2019existence propres \u00e0 notre \u00e9poque. En produisant ce qu\u2019elle appelle des \u00ab tableaux-\u00e9crans \u00bb, l\u2019artiste traduitl\u2019esth\u00e9tique de la \u00ab cybersph\u00e8re \u00bb. Nous proposons aussi que les \u0153uvres de Savard ouvrent la voie \u00e0 un \u00ab art m\u00e9diologique\u00bb,questionnant les relations interpersonnelles \u00e0 l\u2019\u00e8re d\u2019Internet par des rem\u00e9diations productrices d\u2019aura.<\/p>\n\n\n\n

Veronique Savard explores the effects of sense in the digital realm by organizing translations oftextualities from the surfaces of screens to the surface of paintings. This article aims to analyze what is artistically at stake in the intermedial dialogue ignited in those passingsthat are indicative of states of existence proper toour time. By producing \u201cscreen paintings\u201d, the artist converts in physical matter of a canvas the aesthetics of the \u201ccybersphere\u201d. We suggest to the reader that Savard\u2019s artworks lead the way to what we call an \u201cintermedial art\u201d, questioning interpersonal relationships in a computer-based era by creating remediations that can produce the experience of the aura.<\/p>\n\n\n\n


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L\u2019art \u00e9minemment m\u00e9diatique de V\u00e9ronique Savard se pr\u00eate particuli\u00e8rement \u00e0 une analyse m\u00e9diologique. Ainsi, en soulignant l\u2019intrication notable des quatre \u00e9l\u00e9ments de la transmission que sont le medium (de la toile \u00e0 la toile), le milieu (de la de la cyberesph\u00e8re \u00e0 la logosph\u00e8re), le message (de l\u2019informatique \u00e0 l\u2019iconologie) et la m\u00e9diation (de l\u2019ic\u00f4ne \u00e0 l\u2019ic\u00f4ne), nous verrons pourquoi la rem\u00e9diation s\u2019av\u00e8re une strat\u00e9gie plastique \u00e0 m\u00eame de transformer en ic\u00f4nes intemporelles des contenus Internet \u00e9ph\u00e9m\u00e8res relevant de l\u2019interaction entre l\u2019utilisateur et une interface, et de produire un regard distanci\u00e9 sur ces m\u00e9diations, \u00e0 la fois critique, mais esth\u00e9tisant, d\u00e9fiant, mais contemplatif.<\/p>\n\n\n\n

D\u2019un medium \u00e0 l\u2019autre : de la toile (num\u00e9rique) \u00e0 la toile (analogique)<\/h2>\n\n\n\n

L\u2019approche esth\u00e9tique et picturale de V\u00e9ronique Savard est forg\u00e9e dans le passage de la toile (web) \u00e0 la toile (de coton), c\u2019est-\u00e0-dire l\u2019exploitation plastique, iconique et s\u00e9mantique par la peinture de l\u2019iconographie, des textualit\u00e9s et des effets de sens du num\u00e9rique. Sa pratique est anim\u00e9e par une question : qu\u2019est-ce que le passage \u00e0 la peinture des m\u00e9diations num\u00e9riques r\u00e9v\u00e8le sur notre rapport \u00e0 Internet et \u00e0 l\u2019art\u2009?Pour y r\u00e9pondre, l\u2019artiste fabrique des images qui projettent un monde, celui de la cybersph\u00e8re, pr\u00e9sidant \u00e0 l\u2019hybridation des artefacts et \u00e0 la pluralit\u00e9 des lectures \u00e0 faire. En s\u2019emparant du mode de transmission t\u00e9l\u00e9matique, une grammaire plastique \u2014 dont la plasticit\u00e9 du code informatique est la notion-pivot \u2014 s\u2019impose \u00e0 la pratique picturale et conduit \u00e0 d\u00e9ployer des ponts m\u00e9diatiques entre les natures possibles et ambivalentes des surfaces signifiantes et isol\u00e9es les unes des autres : de l\u2019ic\u00f4ne (religieuse et informationnelle) \u00e0 l\u2019\u00e9cran (de projection, de m\u00e9diation). Dans la pratique de Savard, la tradition de la peinture vient en effet \u00e0 la rencontre des m\u00e9diations cybern\u00e9tiques.<\/p>\n\n\n\n

Ses peintures, \u00e0 la fois tableaux et \u00e9crans, ont la facture, l\u2019esth\u00e9tique, la rigueur g\u00e9om\u00e9trique, la nettet\u00e9 des surfaces et l\u2019\u00e9conomie formelle d\u2019un Barnett Newman, d\u2019un Kenneth Noland ou d\u2019un Frank Stella. Le terme de hard-edge, qui a \u00e9t\u00e9 utilis\u00e9 pour la premi\u00e8re fois en 1959 par le critique Jules Langsner, de hard (dur) et edge (bord) d\u00e9crit le style pictural de Savard, \u00e0 la diff\u00e9rence majeure que des mots-cl\u00e9s, leitmotiv, mises en garde, invites, injonctions \u00e0 aimer, \u00e0 cliquer et des motifs inspir\u00e9s du web s\u2019inscrivent dans les compositions pour les dynamiser, en changer le sens, l\u2019exp\u00e9rience, la nature.<\/p>\n\n\n\n

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Toiles de V\u00e9ronique Savard, L\u2019exposition User Agreement<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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Toiles de V\u00e9ronique Savard, L\u2019exposition User Agreement<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

L\u2019iconicit\u00e9 des contenus num\u00e9riques (textualit\u00e9, design, mise en page, couleur, plan\u00e9it\u00e9, contraste) offre \u00e0 la peinture les possibilit\u00e9s de se les approprier, les d\u00e9tourner, les rem\u00e9dier \u2014 remarquons que ces passages sont d\u2019autant plus faciles que l\u2019iconicit\u00e9 du web est h\u00e9riti\u00e8re de la tradition des images peintes. Ces proc\u00e9d\u00e9s plastiques reproduisent l\u2019apparence orthogonale des univers num\u00e9riques, au point o\u00f9 les r\u00e9alisations de V\u00e9ronique Savard semblent m\u00e9canis\u00e9es. On croirait que le peintre est un ordinateur, qu\u2019il est AARON, ce programme informatique, \u00e9crit par Harold Cohen, qui cr\u00e9e des \u0153uvres d\u2019art. Alors que Warhol r\u00eavait d\u2019\u00eatre une machine \u00e0 l\u2019\u00e8re analogique, Savard peint comme une machine \u00e0 l\u2019\u00e8re num\u00e9rique. Comme sur nos \u00e9crans d\u2019ordinateur, la facture est lisse : les couleurs en aplats parfaitement r\u00e9parties se font oublier sous la sensation de surfaces lumineuses\u2009; les lignes sont parfaitement droites, parall\u00e8les\u2009; les formes d\u00e9limit\u00e9es avec une extr\u00eame pr\u00e9cision. Dans ses tableaux de grands formats, de dimensions souvent carr\u00e9es, se juxtaposent des bandes de couleur les unes aux autres selon une organisation \u00e9quilibr\u00e9e, rigoureuse, une logique interne. Des termes comme update required, share, freeporn,waiting for you, community guidelines, the scientificbreakthroughishere, youneed to know this, data policy, privacy and terms, safety <\/em>se juxtaposent, se superposent ou sont \u00e9num\u00e9r\u00e9s en entier ou tronqu\u00e9s, \u00e0 l\u2019endroit, \u00e0 l\u2019envers, en diagonales, dans des espaces horizontalement ou verticalement dispos\u00e9s, d\u2019\u00e9paisseurs vari\u00e9es et de palettes restreintes \u00e0 trois ou quatre couleurs, choisies en fonction des accords et contrastes qu\u2019elles produisent. Les motifs g\u00e9om\u00e9triques figurent des sortes d\u2019emojis pixellis\u00e9s \u00e9voquant par exemple des animaux et produisant l\u2019exp\u00e9rience esth\u00e9tique du glitch, cette perturbation informatique de l\u2019image, du son, du texte (Ad Choices, 2016). Dans certains tableaux, des lettres isol\u00e9es rappellent les examens de la vue (on s\u2019int\u00e9resse apr\u00e8s tout au ph\u00e9nom\u00e8ne du visible).<\/p>\n\n\n\n

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Toiles de V\u00e9ronique Savard, L\u2019exposition User Agreement<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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Safety, 2017, Acrylique sur toile. 153 x 153 cm.<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Si la peinture de Savard s\u2019inscrit sur le plan formel dans une histoire de l\u2019art, \u00e9voquant aussi bien l\u2019ic\u00f4ne byzantine que l\u2019avant-garde russe (supr\u00e9matisme et constructivisme), l\u2019art conceptuel, le minimalisme (une pratique r\u00e9solument r\u00e9flexive de l\u2019\u00e9conomie formelle), et le hard-edge, ce sont les principes du cyberespace qui pr\u00e9sident \u00e0 sa conceptualisation et conduisent \u00e0 sa r\u00e9alisation.Au demeurant, peut-on qualifier les peintures de Savard de hard-edge\u2009? Le hard-edge suppose des abstractions pures, autor\u00e9f\u00e9rentielles qui portent les caract\u00e8res de la modernit\u00e9\u2009; une interrogation de la peinture sur la peinture. Savard, au contraire, attire l\u2019attention sur un monde ext\u00e9rieur \u00e0 la peinture abstraite dont la signifiance de chacun de ses \u00e9l\u00e9ments iconiques est une caract\u00e9ristique. Le questionnement qui donne naissance \u00e0 ces \u00ab tableaux-\u00e9crans \u00bb et leur conf\u00e8re toute une richesse s\u00e9mantique et m\u00e9diologique rel\u00e8ve plut\u00f4t d\u2019une d\u00e9marche que nous retrouvons par exemple dans le pop art et qui consiste \u00e0 emprunter \u00e0 l\u2019environnement quotidien des \u00e9l\u00e9ments engageant un dialogue s\u00e9mantique et mat\u00e9riel avec leur milieu d\u2019origine. L\u2019artiste r\u00e9v\u00e8le et renouvelle du symbolique dans le d\u00e9tournement de motifs langagiers et formels.Les \u0153uvres \u00ab\u2009n\u00e9o hard-edge\u2009\u00bb \u2014 s\u2019il en est \u2014 de Savard puisent leur mati\u00e8re iconique et symbolique dans les r\u00e9seaux \u00e9conomiques, publicitaires et sociaux du cyberespace, les mettent en crise, les rem\u00e9dient pour se d\u00e9terminer comme tableaux-\u00e9crans dans un dialogue m\u00e9diologique. Il s\u2019agit, en somme, d\u2019une interpr\u00e9tation analogique du num\u00e9rique.<\/p>\n\n\n\n

\u00ab\u2009Depuis l\u2019aube de la r\u00e9volution industrielle, on a tent\u00e9 \u00e0 maintes reprises d\u2019en finir avec la peinture, \u00e0 commencer par Hyppolyte Delaroche qui aurait d\u00e9clar\u00e9 en 1989, en voyant pour la premi\u00e8re fois un daguerr\u00e9otype : \u201cla peinture est morte \u00e0 partir de ce jour\u201d.1<\/sup>\u2009\u00bb Si le d\u00e9bat sur la peinture continue dans le monde de l\u2019art, ces peintures, qui font du Web leur source iconographique et ne sont pas sans ajouter \u00e0 la vivacit\u00e9 du medium en offrant une exp\u00e9rience esth\u00e9tique in\u00e9dite et un recul critique,rappellent, au besoin, que ce medium survivra aussi \u00e0 la r\u00e9volution num\u00e9rique. Qu\u2019il s\u2019agisse de la p\u00e9rennit\u00e9 de l\u2019\u0153uvre peinte, de son effet de pr\u00e9sence ou de sa reconnaissance institutionnelle, la peinture, comme nul autre medium, offre \u00e0 ce qu\u2019elle projette de voir sa signification renouvel\u00e9e. Non seulement la peinture a encore des choses \u00e0 dire, mais l\u2019univers du num\u00e9rique renouvelle ses th\u00e9matiques, sa mat\u00e9rialit\u00e9 et ses enjeux. Parce qu\u2019ils sont faits d\u2019une mati\u00e8re \u00e9trang\u00e8re au code binaire, les tableaux-\u00e9crans \u00e9clairent des pans du num\u00e9rique que la r\u00e9\u00e9dition sans fin du m\u00eame d\u00e9robe au regard, \u00e0 l\u2019exp\u00e9rience informatique.<\/p>\n\n\n\n

Rem\u00e9diation iconique et recontextualisation s\u00e9mantique invitent \u00e0 une ph\u00e9nom\u00e9nologie picturale du num\u00e9rique. V\u00e9ronique Savard oppose \u00e0 un affichage interactif et \u00e9ph\u00e9m\u00e8re un artefact intouchable et immuable. Les habitus des internautes, qui peuvent facilement reconna\u00eetre des fragments d\u2019images transpos\u00e9es sur toile par l\u2019artiste, sont d\u00e9faits par une d\u00e9fonctionnalisation de l\u2019\u00e9l\u00e9ment iconique, dont l\u2019apparence et l\u2019esth\u00e9tique servent au d\u00e9filement en vitesse devant le regard partiellement absent de l\u2019utilisateur. Ce sur quoi l\u2019internaute pouvait cliquer, ce qu\u2019il pouvait n\u00e9gliger, chercher \u00e0 bloquer, \u00e9liminer, est devenu imposant, noble, sacr\u00e9, mis \u00e0 part, occasion d\u2019\u00e9ducation et de transcendance. Une distance contemplative du num\u00e9rique est ainsi produite dans le pictural, impossible aux images \u00e9vanescentes de nature interactive proc\u00e9dant de l\u2019interface ordinateur-internaute. Cette stabilisation de l\u2019image par le support est aussi une reconfiguration du temps du cyberespace par la peinture. D\u00e9racin\u00e9e de son contexte d\u2019apparition, l\u2019esth\u00e9tique num\u00e9rique perd son caract\u00e8re transitoire au profit de la transmission. Candidat \u00e0 la conservation, les tableaux de Savard inscrivent les figures du Web dans la r\u00e9ception caract\u00e9ristique des temps longs, en l\u2019occurrence ceux de la logosph\u00e8re. Ce d\u00e9placement n\u2019est pas sans cons\u00e9quences esth\u00e9tiques pour le num\u00e9rique, on va le voir.<\/p>\n\n\n\n

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Toiles de V\u00e9ronique Savard, L\u2019exposition User Agreement<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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Privacy & Terms, 2017, Acrylique sur toile, 122 x 122 cm. (Collection priv\u00e9e)<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Les tableaux-\u00e9crans ne sont pas encadr\u00e9s, de mani\u00e8re \u00e0 laisser voir que la peinture s\u2019\u00e9tend aux c\u00f4t\u00e9s du chassis. Quoique apor\u00e9tiques, ces rebords peints contribuent \u00e0 l\u2019 \u00ab ontophanie2<\/sup> \u00bb physique des tableaux (la mani\u00e8re dont ils nous apparaissent). En d\u00e9bordant de la fronti\u00e8re du tableau, l\u2019\u0153uvre comprend en effet ce qui se situe au-del\u00e0 : l\u2019espace d\u2019exposition, le spectateur, le monde. L\u2019effet de sens constitu\u00e9 par l\u2019impression d\u2019\u00eatre face \u00e0 une fen\u00eatre peinte s\u2019efface derri\u00e8re un effet de pr\u00e9sence, celui d\u2019\u00eatre int\u00e9gr\u00e9 \u00e0 la dimension de ces images en volume. Ce n\u2019est pas la peinture qui est dans l\u2019espace du spectateur, mais le spectateur qui est dans l\u2019espace de la peinture. On peut alors se demander si les rebords peints ne fonctionnent pas comme quasi-parergon.<\/p>\n\n\n\n

Un parergon vient contre, \u00e0 c\u00f4t\u00e9 et en plus de l\u2019ergon, du travail fait, du fait, de l\u2019\u0153uvre, mais il ne tombe pas \u00e0 c\u00f4t\u00e9, il touche et coop\u00e8re, depuis un certain dehors, au-dedans de l\u2019op\u00e9ration. Ni simplement dehors ni simplement dedans. Comme un accessoire qu\u2019on est oblig\u00e9 d\u2019accueillir au bord, \u00e0 bord. Il est d\u2019abord l\u2019\u00e0-bord. (Derrida)<\/em><\/p>\n\n\n\n

Le fait que les bordures soient peintes pose un questionnement ontologique en ce qu\u2019elles d\u00e9bordent leur espace traditionnel d\u2019apparition\u2009; les rebords de la toile se retrouvent \u00e0 la fois \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur et \u00e0 l\u2019ext\u00e9rieur de l\u2019image. Cette habile man\u0153uvre plastique fait obstacle \u00e0 la plus parfaite reproduction du tableau, qui ne peut l\u2019\u00eatre que partiellement, ce qui souligne une dialectique existant entre immobilit\u00e9 et mobilit\u00e9, et interroge les conditions d\u2019existence et d\u2019exp\u00e9riences de l\u2019\u0153uvre.<\/p>\n\n\n\n

D\u2019un milieu \u00e0 l\u2019autre : de la cybersph\u00e8re \u00e0 la logosph\u00e8re<\/h2>\n\n\n\n

La connaissance que nous avons de la cybersph\u00e8re est un pr\u00e9alable \u00e0 la compr\u00e9hension de l\u2019\u0153uvre de Savard qui renvoie, visuellement, \u00e0 l\u2019\u00e9poque du Web. Car des \u0153uvres comme Information WeCollect (2017),It\u2019s a secret (2013) ou Cybers6 au bureau (2009), dont les textualit\u00e9 picturales en relief se laissent \u00e0 peine deviner, pourraient presque \u00eatre per\u00e7ues comme pur formalisme, si elles \u00e9taient plac\u00e9es, par exemple, dans le contexte am\u00e9ricain des ann\u00e9es 50. Mais ce n\u2019est pas en cela que consistent les actes plastiques de Savard. Bien s\u00fbr, l\u2019exp\u00e9rience formelle fait partie de ce type de travail, mais pour en saisir pleinement le sens, l\u2019iconologie de la cybersph\u00e8re s\u2019av\u00e8re incontournable<\/p>\n\n\n\n

La cybersph\u00e8re est un milieu quasi \u00e9cologique de la culture o\u00f9 les techniques de communication et de transmission prennent mod\u00e8le sur la notion de code recombinable. Elle se constitue lorsque la th\u00e9orie de l\u2019information rencontre les techniques (la num\u00e9risation du travail en tout premier lieu) et les institutions faites pour elle (des start-ups et des entreprises comme Airbus, Tesla, Google, Apple et les ateliers sous-traitant), engendrant un syst\u00e8me de gestion des communications et des transmissions permettant de mondialiser politique, \u00e9conomie et culture. Car le langage binaire offre la possibilit\u00e9 de num\u00e9riser toutes les activit\u00e9s et t\u00e2ches humaines et tous les corps de m\u00e9tier qui font appel \u00e0 un contr\u00f4le de donn\u00e9es quantifiables, traditionnellement relev\u00e9es par la main, mais d\u00e8s lors mesur\u00e9es par des ordinateurs, op\u00e9rateurs de la cybern\u00e9tique : de la comptabilit\u00e9 \u00e0 l\u2019architecture en passant par les transports, l\u2019enseignement, la chirurgie, la m\u00e9t\u00e9orologie, la photographie, le cin\u00e9ma, la musique, les transports de particuliers et de marchandises, les \u00e9changes interpersonnels, les jeux, la gestion, l\u2019astronomie\u2009; l\u2019enregistrement de donn\u00e9es aussi triviales et vari\u00e9es que le contr\u00f4le du nombre de pas effectu\u00e9s dans une journ\u00e9e, le passage de l\u2019aspirateur, l\u2019adaptation automatique de l\u2019intensit\u00e9 lumineuse dans une maison \u00e0 la pr\u00e9sence de ses h\u00f4tes ou le calcul du temps de sommeil n\u00e9cessaire. Tout cela devient possible et produit des experts en autant de disciplines qu\u2019il y a de donn\u00e9es \u00e0 mesurer. La cybern\u00e9tique engendre \u00e9galement de nouvelles disciplines, dont les objets se distinguent par des processus de d\u00e9cryptage, de communication, de transformation et d\u2019am\u00e9lioration : s\u00e9quen\u00e7age de l\u2019ADN, transg\u00e9n\u00e8se, prosth\u00e9tique, robotique, etc. Rien n\u2019\u00e9chappe \u00e0 la cybern\u00e9tisation du monde, pas m\u00eame la sph\u00e8re des id\u00e9es ni les disciplines de la pens\u00e9e. Sur les \u00e9crans de la cybersph\u00e8re, le renouvellement constant des sollicitations audiovisuelles constitue un univers pr\u00e9sentis\u00e9 par r\u00e9p\u00e9tition cin\u00e9matographique, o\u00f9 rien n\u2019est inscrit dans les temps longs, mais les contenus, sit\u00f4t consomm\u00e9s, sont jet\u00e9s dans l\u2019ab\u00eeme de listes infinies \u2014 difficiles \u00e0 r\u00e9cup\u00e9rer, mais toujours r\u00e9pertori\u00e9es. Toutes ces disciplines ayant le code binaire comme pivot et mode d\u2019organisation produisent de la textualit\u00e9 esth\u00e9tiquement conditionn\u00e9e pour susciter l\u2019adh\u00e9sion, assurer la commodit\u00e9 d\u2019utilisation, favoriser la fluidit\u00e9 des \u00e9changes, faciliter l\u2019expansion de la cybersph\u00e8re.<\/p>\n\n\n\n

Dans le contexte des tableaux-\u00e9crans, qui inversent le processus de cybern\u00e9tisation, une m\u00e9dialit\u00e9 entre en tension avec une autre : la cybersph\u00e8re et la logosph\u00e8re (un milieu quasi \u00e9cologique de la culture o\u00f9 les techniques de communication et de transmission prennent mod\u00e8le sur l\u2019\u00e9criture manuscrite). Le terrain de cette confrontation est mat\u00e9riel. Une conciliation dialogique (pour le m\u00e9diologue, tout dialogue suppose qu\u2019il existe, le plus souvent cach\u00e9 aux interlocuteurs, un vecteur mat\u00e9riel) va la r\u00e9soudre dans la cr\u00e9ation d\u2019un objet hybride ic\u00f4ne-\u00e9cran dont la particularit\u00e9 ph\u00e9nom\u00e9nale repose sur la confrontation de deux lectures du monde. Cette artistique singularit\u00e9 produit une distance critique o\u00f9 se manifestent les caract\u00e9ristiques m\u00e9diumniques des deux m\u00e9diasph\u00e8res : la m\u00e9dialit\u00e9rizhomique du support num\u00e9rique par nature modulable et la m\u00e9dialit\u00e9 hi\u00e9ratique du support pictural par nature immuable. La distance critique produite par la rem\u00e9diation n\u2019est pas la seule raison \u00e0 l\u2019hybridit\u00e9 des \u0153uvres de Savard.<\/p>\n\n\n\n

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Toiles de V\u00e9ronique Savard, L\u2019exposition User Agreement<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

D\u2019un message \u00e0 l\u2019autre : de l\u2019informatique \u00e0 l\u2019iconologie<\/h2>\n\n\n\n

Dans le passage du milieu de l\u2019\u00e9cran au milieu du tableau, il y a un d\u00e9tachement du protocole informatique dont les signes choisis et configur\u00e9s par l\u2019artiste sont ni plus ni moins transfigur\u00e9s. Car la peinture, dans sa capacit\u00e9 \u00e0 faire quitter l\u2019interactivit\u00e9 pour installer une stabilit\u00e9 perceptuelle, r\u00e9v\u00e8le les signes du temps dans les modalit\u00e9s de communication informatiques (sur quels supports communique-t-on\u2009? En combien de temps re\u00e7oit-on la r\u00e9ponse\u2009? Qu\u2019est-ce que cela change au quotidien\u2009? Quelle est l\u2019intensit\u00e9 de l\u2019effet de pr\u00e9sence\u2009?), t\u00e9moins des flux effr\u00e9n\u00e9s de notre \u00e9poque, de mani\u00e8re \u00e0 interroger leur ontologie. En transposant la ph\u00e9nom\u00e9nalit\u00e9 de l\u2019\u00e9cran, qu\u2019on commence \u00e0 peine \u00e0 d\u00e9couvrir, \u00e0 la ph\u00e9nom\u00e9nalit\u00e9 de la surface peinte, au vocabulaire plus familier, Savard facilite la critique du milieu num\u00e9rique en \u00e9laboration continue.L\u2019artiste utilise un medium de transmission par excellence pour proc\u00e9der \u00e0 un examen de l\u2019\u00e9conomie visuelle et m\u00e9diatique du cyberespace, lieu de communication par excellence.En redirigeant des textualit\u00e9s, elle produit une arch\u00e9ologie (p\u00e9rennisation) du num\u00e9rique en autant de reformulations que le permet l\u2019acrylique. Les images de Savard offrent ainsi de nouvelles lectures aux repr\u00e9sentations fugaces que l\u2019on retrouve dans les modalit\u00e9s d\u2019utilisation des r\u00e9seaux sociaux, avec les robots d\u2019indexation, sur les sites de rencontres, dans les pourriels, les \u00e9changes par messageries instantan\u00e9es, destin\u00e9s \u00e0 \u00ab\u2009acc\u00e9l\u00e9rer un progr\u00e8s o\u00f9 la machine est charg\u00e9e d\u2019ouvrir les cercles, de faire dispara\u00eetre l\u2019identique, de tuer l\u2019essence et l\u2019existence du sujet, ainsi que celle de l\u2019homme lui-m\u00eame.3<\/sup>\u2009\u00bb Les \u00e9changes sur Internet supposent des typographies calibr\u00e9es, un certain nombre de caract\u00e8res, \u00e9crits \u00e0 une certaine vitesse produisant une exp\u00e9rience dans des espaces cern\u00e9s qui d\u00e9terminent implicitement une esth\u00e9tique du num\u00e9rique. Savard la r\u00e9v\u00e8le et l\u2019actualise en mobilisant la peinture, qui freine la course du temps dans une m\u00e9taphore de la capture d\u2019\u00e9cran. En privil\u00e9giant le medium pictural, les peintures de V\u00e9ronique Savard supposent une posture, une attitude contemplative, r\u00e9flexive de la part du spectateur et r\u00e9affirment ainsi la place centrale de la subjectivit\u00e9. Le proc\u00e9d\u00e9 d\u2019appropriation de l\u2019imagerie t\u00e9l\u00e9matique op\u00e8re un recentrement du langage dont l\u2019aspect proc\u00e9dural c\u00e8de la place \u00e0 la po\u00e9sie.<\/p>\n\n\n\n

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Information we share,2017, Acrylique sur toile 61 x 61cm. (Collection priv\u00e9e)<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

L\u2019actualisation du potentiel symbolique des univers num\u00e9riques s\u2019effectue en peinture en raison du r\u00e9cit de l\u2019art (la fa\u00e7on dont l\u2019histoire de l\u2019art nous donne acc\u00e8s au sens de l\u2019\u0153uvre) qui est activ\u00e9 par ce que l\u2019objet (une toile recouverte de peinture mont\u00e9e sur un chassis) et l\u2019institution (mur blanc, \u00e9clairage, cartel, canevas, etc. nous permettent de savoir quand il y a art) ont de plus mat\u00e9riel. En activant l\u2019acception picturale des communications informatiques qu\u2019elle fige sur la toile dans ce contexte transdisciplinaire, Savard permet une relecture non pas seulement de cybermotifs, mais aussi du milieu de la cybersph\u00e8re qui est projet\u00e9 gr\u00e2ce \u00e0 l\u2019alphabet visuel qu\u2019elle emprunte au Web.<\/p>\n\n\n\n

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Community Guidelines, 2016, Acrylique sur toile, 183 x 183 cm.<\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Le passage d\u2019un medium<\/em> \u00e0 un autre par rem\u00e9diation conf\u00e8re aux images transfigur\u00e9es une intention nouvelle, modifiant notre regard : appropri\u00e9es par l\u2019auteur pour en faire des tableaux-\u00e9crans, les ic\u00f4nes num\u00e9riques produisent une d\u00e9contextualisation de l\u2019imagerie t\u00e9l\u00e9matique, produisant un nouveau message.Le changement de contexte d\u2019exp\u00e9rience des cyber-motifs incite \u00e0 un renouvellement de l\u2019attitude du spectateur, qui est appel\u00e9 \u00e0 l\u2019attention, \u00e0 la m\u00e9moire, \u00e0 une exp\u00e9rience \u00e0 la fois sublim\u00e9e et critique des motifs iconiques et s\u00e9mantiques v\u00e9cus devant l\u2019\u00e9cran. En transposant la r\u00e9alit\u00e9 num\u00e9rique dans une m\u00e9diasph\u00e8re \u00e0 laquelle elle est \u00e9trang\u00e8re, l\u2019artiste rend conscient \u00e0 des ph\u00e9nom\u00e8nes \u2014 auxquels on est d\u2019ordinaire aveugle \u2014 puisqu\u2019ils sont coul\u00e9s dans une mat\u00e9rialit\u00e9 qui constitue leur milieu habituel d\u2019exp\u00e9rience. \u00c9lev\u00e9s au rang de sujets dignes de peinture, de simples motifs deviennent les supports d\u2019un questionnement, leur charge symbolique h\u00e9rit\u00e9e du Web acquiert une nouvelle force. Ils donnent maintenant \u00e0 penser et \u00e0 contempler.<\/p>\n\n\n\n

V\u00e9ronique Savard cr\u00e9e des instantan\u00e9s dont le caract\u00e8re de peinture produit aussi une aura qui permet de prendre conscience de la banalit\u00e9 des images issues de la navigation Internet. Car le flot continu et torrentiel du Web engendre une consommation rapide et insatiable de contenus, qui suppose leur constant renouvellement et par cons\u00e9quent l\u2019absence d\u2019aura. Mais la rupture ontologique caus\u00e9e par l\u2019\u00e9manation auratique des tableaux-\u00e9crans permet aussi \u00e0 la peinture de sacraliser le plus banal hyperlien, d\u2019artialiser les pourriels si envahissants, d\u2019avoir \u00e9gard aux r\u00e9ponses automatiques et de r\u00e9aliser que l\u2019omnipr\u00e9sence des contenus num\u00e9rique est un sympt\u00f4me de la grande puissance m\u00e9diatique de la cyberph\u00e8re. Le processus pictural, interrompant le flux des images pour en extraire quelques-unes, offre un pr\u00e9cipit\u00e9 de notre \u00e9poque o\u00f9 la cybern\u00e9tique sacralise le transitoire (jeunisme), lat\u00e9ralise les transformations (hybriditation des \u00eatres et des artefacts), pr\u00e9side aux communications (l\u2019informatique comme mode de communication mondial), impose aux utilisateurs des modes d\u2019utilisation (vitesse des t\u00e9l\u00e9communications), se substitue \u00e0 l\u2019ancien paradigme (remise en question ou implosion des rigidit\u00e9s et dogmatismes traditionnels).<\/p>\n\n\n\n

D\u2019une m\u00e9diation \u00e0 l\u2019autre : de l\u2019ic\u00f4ne (informatique) \u00e0 l\u2019ic\u00f4ne (picturale)<\/h2>\n\n\n\n

Si le travail de Savard change notre mani\u00e8re de voir le Web, il pr\u00e9suppose aussi que le Web change notre mani\u00e8re de voir son travail, car la m\u00e9diatisation suppose d\u2019\u00eatre pr\u00e9sent sur Internet. Par ailleurs, \u00ab\u2009la reproduction a cr\u00e9\u00e9 des arts fictifs, en faussant syst\u00e9matiquement l\u2019\u00e9chelle des objets, [\u2026] l\u2019inachev\u00e9 de l\u2019ex\u00e9cution d\u00fb aux petites dimensions de l\u2019objet devient par agrandissement un style large d\u2019expression moderne .\u2009\u00bb Si bien que l\u2019hyperlien devient du hard-edge et le hard-edge de l\u2019hyperlien. Bien plus, une fois le canevas reproduit par la photographie et r\u00e9expos\u00e9 sur le site web de l\u2019artiste, les contenus provenant d\u2019Internet retournent \u00e0 leur milieu \u2014 m\u00eame si ce n\u2019est pas le milieu d\u2019existence premier des \u0153uvres d\u2019art de Savard \u2014 d\u00e9contextualisant leur media, les soumettant \u00e0 de nouveaux rapports : changements d\u2019\u00e9chelle, confrontations \u00e0 de nouveaux types de visiteurs, association \u00e0 toutes sortes d\u2019autres images plus disparates les unes que les autres. \u00ab\u2009Juxtapos\u00e9es sur [le Web], les images artificieuses imposent \u00e0 l\u2019\u0153il des rapprochements jamais vus, cr\u00e9ent des encha\u00eenements impr\u00e9vus de formes et, par la combinaison sophistiqu\u00e9e de cadrages, dessinent d\u2019arbitraires lignes de force.\u20094<\/sup>\u00bb<\/p>\n\n\n\n

Les tableaux-\u00e9crans, imposant par leurs dimensions, surprennent par des changements d\u2019\u00e9chelle (de la petite ic\u00f4ne au grand ch\u00e2ssis), d\u00e9concertent par la sacralisation qu\u2019ils induisent, produisent un effet de pr\u00e9sence qui les rend comme transparents \u00e0 ce qu\u2019ils nous montrent. On trouve ici un mode d\u2019existence iconique et des attributs esth\u00e9tiques qui sont ceux d\u2019autres ic\u00f4nes, religieuses celles-l\u00e0, les ic\u00f4nes byzantines, ces images peintes qui suscitent le respect par leur nature religieuse et leur caract\u00e8re hi\u00e9ratique (formes massives, forts contrastes, composition \u00e9pur\u00e9e) et acheiropo\u00ef\u00e8te (sentiment qu\u2019il ne s\u2019agit pas de peintures, mais d\u2019une apparition du suprasensible lui-m\u00eame). En devenant ic\u00f4nes picturales, les ic\u00f4nes d\u2019origine informatique font, \u00e0 l\u2019\u00e9gard de la cybern\u00e9tique, le m\u00eame travail que les ic\u00f4nes byzantines \u00e0 l\u2019\u00e9gard de Dieu : elles lui rendent t\u00e9moignage, pointe sa nature de principe organisateur de notre m\u00e9diasph\u00e8re, lui conf\u00e8rent les attributs d\u2019ordinaire r\u00e9serv\u00e9s par l\u2019art au divin. S\u2019il est une esth\u00e9tique qui nous d\u00e9voile l\u2019ontologie du num\u00e9rique, on la trouve dans les tableaux-\u00e9crans.<\/p>\n\n\n\n

Notes<\/h2>\n\n\n\n

[1] Sorenson, Oli, \u00ab Fr\u00f4ler la mort : tombeaux ouverts sur le parcours de la peinture du 19e au 21e si\u00e8cle \u00bb, L\u2019id\u00e9e de la peinture<\/em>, no <\/sup>76, automne 2012, en ligne, <id.erudit.org\/iderudit\/67190ac>. <\/p>\n\n\n\n

[2] Eliade, Mircea, Le sacr\u00e9 et le profane<\/em>, Paris, Gallimard. coll: \u00abFolio essais\u00bb, 1994 (1965). <\/p>\n\n\n\n

[3] Brun, Jean, La machine et le r\u00eave. Technique et existence<\/em>, Paris, La Table Ronde, 1992, p. 328. <\/p>\n\n\n\n

[4] Guillerme, Jacques \u00ab\u2009Reproduction des oeuvres d\u2019art \u2014 Copie et reproduction depuis la Renaissance\u2009\u00bb, Encyclop\u00e6diaUniversalis<\/em>, en ligne, < http:\/\/www.universalis.fr\/encyclopedie\/reproduction-des-oeuvres-d-art-copie-et-reproduction-depuis-la-renaissance>, consult\u00e9 le 24 juillet 2017. <\/p>\n\n\n\n

Bibliographie<\/h2>\n\n\n\n

\u2013 Brun, Jean, La machine et le r\u00eave. Technique et existence<\/em>, Paris, La Table Ronde, 1992, 399\u00a0p.
\u2013 Eliade, Mircea, Le sacr\u00e9 et le profane<\/em>, Paris, Gallimard, coll: \u00abFolio essais\u00bb, 1994 (1965), 185 p.
\u2013 Flaman, Teva et Pierre-Luc Verville, \u00ab Pour une approche m\u00e9diologique de l\u2019art \u00bb, Arch\u00e9e,arts m\u00e9diatiques et cyberculture<\/em>, d\u00e9cembre 2016.
\u2013 Guillerme, Jacques \u00ab\u2009Reproduction des oeuvres d\u2019art \u2014 Copie et reproduction depuis la Renaissance\u2009\u00bb, Encyclop\u00e6diaUniversalis<\/em>, en ligne, <http:\/\/www.universalis.fr\/encyclopedie\/reproduction-des-oeuvres-d-art-copie-et-reproduction-depuis-la-renaissance>, consult\u00e9 le 24 juillet 2017.
\u2013 Sorenson, Oli, \u00ab Fr\u00f4ler la mort : tombeaux ouverts sur le parcours de la peinture du 19e au 21e si\u00e8cle \u00bb, L\u2019id\u00e9e de la peinture<\/em>, no <\/sup>76, automne 2012, en ligne, < id.erudit.org\/iderudit\/67190ac>.
\u2013 Vial, St\u00e9phane, L\u2019\u00eatre et l\u2019\u00e9cran : Comment le num\u00e9rique change la perception<\/em>, Paris, Presses Universitaires de France, 2014, 336\u00a0p. <\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

V\u00e9ronique Savard explore les effets de sens du num\u00e9rique en faisant passer diff\u00e9rentes textualit\u00e9s de la surface des \u00e9crans \u00e0 l\u2019espace pictural. Cet article analyse les enjeuxartistiques du dialogue m\u00e9diologique initi\u00e9 dans ces passages, symptomatiques de modes d\u2019existence propres \u00e0 notre \u00e9poque. En produisant ce qu\u2019elle appelle des \u00ab tableaux-\u00e9crans \u00bb, l\u2019artiste traduitl\u2019esth\u00e9tique de la … Continued<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[5],"tags":[4],"acf":[],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/80"}],"collection":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=80"}],"version-history":[{"count":9,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/80\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":260,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/80\/revisions\/260"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=80"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=80"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=80"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}