{"id":959,"date":"2017-05-01T20:35:26","date_gmt":"2017-05-01T20:35:26","guid":{"rendered":"https:\/\/archee.uqam.ca\/?p=959"},"modified":"2022-11-04T20:35:53","modified_gmt":"2022-11-04T20:35:53","slug":"mai-2017-dans-lecho-de-la-matiere-noire-le-bruit-de-linconnu-de-sacha-ratcliffe","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/archee.uqam.ca\/mai-2017-dans-lecho-de-la-matiere-noire-le-bruit-de-linconnu-de-sacha-ratcliffe\/","title":{"rendered":"Mai 2017 &#8211; Dans l&rsquo;\u00e9cho de la mati\u00e8re noire: <i> Le bruit de l&rsquo;inconnu <\/i> de Sacha Ratcliffe"},"content":{"rendered":"\n<figure class=\"wp-block-embed aligncenter is-type-video is-provider-vimeo wp-block-embed-vimeo wp-embed-aspect-16-9 wp-has-aspect-ratio\"><div class=\"wp-block-embed__wrapper\">\n<iframe loading=\"lazy\" title=\"Le Bruit de l&#039;Inconnu\" src=\"https:\/\/player.vimeo.com\/video\/138831884?h=a5611008b6&amp;dnt=1&amp;app_id=122963\" width=\"500\" height=\"282\" frameborder=\"0\" allow=\"autoplay; fullscreen; picture-in-picture\" allowfullscreen><\/iframe>\n<\/div><figcaption class=\"wp-element-caption\"><em>Le bruit de l\u2019inconnu : extrait<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n<p><strong>Dans votre installation intitul\u00e9e Le bruit de l\u2019inconnu, que j\u2019ai pu voir \u00e0 la Friche la Belle de Mai de Marseille, vous dites y aller d\u2019\u00ab\u00a0une libre interpr\u00e9tation de la mati\u00e8re noire.\u00a0\u00bb Pouvez-vous sp\u00e9cifier aux lecteurs \u00e0 quoi r\u00e9f\u00e8re une telle appellation bien connue des astronomes puis expliquer en quoi ce qu\u2019elle d\u00e9signe a inspir\u00e9 votre travail\u00a0?<\/strong><\/p>\n\n\n\n<p>En fait, la mati\u00e8re noire, ou mati\u00e8re invisible est au c\u0153ur d\u2019un ph\u00e9nom\u00e8ne toujours incompris par les plus savants scientifiques et astronomes. Une hypoth\u00e8se veut que la mati\u00e8re noire soit la cause de la gravitation dans notre univers. Elle ne peut ni absorber, ni refl\u00e9ter ni \u00e9mettre de la lumi\u00e8re, ce qui la rend ind\u00e9tectable. C\u2019est tout \u00e0 fait intrigant pour moi de savoir qu\u2019il y a une grande partie de l\u2019univers qui nous est inconnue, mais n\u00e9anmoins indispensable. J\u2019ai donc cr\u00e9\u00e9 une trame sonore inspir\u00e9e par ce myst\u00e8re. Une interpr\u00e9tation libre, artistique d\u2019une mati\u00e8re que nous ne pouvons ni voir, ni toucher, mais entendre. Le r\u00e9sultat\u00a0: une trame sonore m\u00e9lancolique, glaciale et accablante, accompagn\u00e9e d\u2019un triptyque visuel compos\u00e9 \u00e0 partir du film d\u2019archives,\u00a0<em>Notre univers<\/em>\u00a0deRoman Kroiter\u00a0(1960).<\/p>\n\n\n\n<p><strong>En entrant dans l\u2019espace de l\u2019\u0153uvre, le passant est invit\u00e9 \u00e0 s\u2019asseoir sur des transats qui le projettent assez confortablement dans la vastitude intergalactique. Trois \u00e9crans circonscrivent son champ de vision et l\u2019ouvrent au Grand Dehors o\u00f9 il se voit livr\u00e9 \u00e0 des d\u00e9rives et \u00e0 des translations m\u00e9ditatives somme toute agr\u00e9ables et, m\u00eame, grisantes, comme si l\u2019effet d\u2019apesanteur et l\u2019appr\u00e9hension des myst\u00e8res lointains permettaient de l\u00e2cher prise sur l\u2019obsession quotidienne, plus ou moins angoiss\u00e9e, du projet et de la ma\u00eetrise de l\u2019existence. En tenant compte de la dimension \u00ab\u00a0m\u00e9lancolique\u00a0\u00bb, \u00ab\u00a0glaciale\u00a0\u00bb, voire \u00ab\u00a0accablante\u00a0\u00bb du bruit de l\u2019inconnu, comment, en tant qu\u2019artiste sonore, pensez-vous son rapport \u00e0 la \u00ab\u00a0d\u00e9tente\u00a0\u00bb ou au\u00a0\u00ab\u00a0jeu\u00a0\u00bb, qui l\u00e8ve tout \u00e0 coup la pression et l\u2019imp\u00e9ratif du projet et de la connaissance et me semble co\u00efncider avec l\u2019ouverture de l\u2019horizon, une errance et l\u2019all\u00e8gement d\u2019une gravit\u00e9\u00a0au profit de la gravitation\u00a0? Et, si cette exp\u00e9rience ambivalente peut \u00eatre ainsi nomm\u00e9e, de quelle \u00ab\u00a0aggravitation\u00a0\u00bb\u00a0 le sujet de cette \u00e9coute est-il l&rsquo;objet ?\u00a0<\/strong><\/p>\n\n\n\n<figure class=\"wp-block-embed aligncenter is-type-video is-provider-vimeo wp-block-embed-vimeo wp-embed-aspect-16-9 wp-has-aspect-ratio\"><div class=\"wp-block-embed__wrapper\">\n<iframe loading=\"lazy\" title=\"MACHINES 9 - MADE IN LA FRICHE - URBANPROD - ZINC 2015\" src=\"https:\/\/player.vimeo.com\/video\/146998909?h=aa2144ae20&amp;dnt=1&amp;app_id=122963\" width=\"500\" height=\"281\" frameborder=\"0\" allow=\"autoplay; fullscreen; picture-in-picture\" allowfullscreen><\/iframe>\n<\/div><figcaption class=\"wp-element-caption\"><em>Pr\u00e9sentation de l\u2019\u0153uvre par l\u2019artiste<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n<p>L\u2019installation vise \u00e0 transporter les gens dans un univers surprenant, \u00e9loign\u00e9 tout autant qu\u2019ambigu. C\u2019est une exp\u00e9rience sensorielle&nbsp;<em>unique qui peut certes s\u2019av\u00e9rer apaisante<\/em>, mais&nbsp;<em>laisse place \u00e0 une \u00ab&nbsp;aggravitation&nbsp;\u00bb, oui, dans la mesure o\u00f9 la mat\u00e9rialit\u00e9 connue n\u2019existe plus et o\u00f9 la r\u00e9alit\u00e9 quotidienne est oubli\u00e9e<\/em>. La trame sonore guide le spectateur et l\u2019emm\u00e8ne&nbsp;<em>ailleurs<\/em>. J\u2019utilise des sons r\u00e9p\u00e9titifs&nbsp;: des basses fr\u00e9quences qui reviennent souvent \u00e0 un rythme \u00e9tourdissant et hypnotisant, comparable aux battements retentissants du c\u0153ur d\u2019une plan\u00e8te lointaine, enveloppant l\u2019oreille dans une sorte de berceau spatial g\u00e9ant, o\u00f9 le spectateur semble orbiter doucement. Allong\u00e9s sur des transats, qui permettent une bonne disposition, assurent la d\u00e9tente et l\u2019ouverture \u00e0 l\u2019horizon, les auditeurs sont submerg\u00e9s dans les bruissements et l\u2019univers sombres qui les entoure. Les champs de force en place, \u2013 les sons qui surgissent de chaque coin de la salle, les 3 vid\u00e9os projecteurs et les transats, \u2013 d\u00e9terminent cette gravitation vers le centre, le noyau mouvant de l\u2019installation, soit&nbsp;<em>les spectateurs eux-m\u00eames<\/em>.<\/p>\n\n\n\n<p><strong>Ce qui m\u2019interpelle dans ce que vous dites, c\u2019est la conformit\u00e9 de votre description avec l\u2019analyse que\u00a0Michel Collot\u00a0\u00a0fait de l\u2019horizon charnel \u00e0 partir des d\u00e9couvertes ph\u00e9nom\u00e9nologiques. Si tout horizon est fabuleux comme l\u2019affirme l\u2019un de ses \u00e9loquents titres\u00a0<sup>1<\/sup>, c\u2019est que tout paysage per\u00e7u est soutenu par un paysage imaginaire qui en est le revers, la membrure, en lui donnant une teneur \u00e9motive, du sens, et en comblant les latences ind\u00e9termin\u00e9es de l\u2019\u00e9tendue soit tout ce qui demeure imperceptible. Pour le dire autrement, dans l\u2019exp\u00e9rience physique de la perception, le paysage s\u2019\u00e9taye par d\u00e9finition sur une dimension subjective\u00a0: \u00ab\u00a0tout paysage est per\u00e7u \u00e0 partir d\u2019un point de vue unique, d\u00e9couvrant au regard une certaine \u00e9tendue, qui ne correspond qu\u2019\u00e0 une \u00ab\u00a0partie\u00a0\u00bb du pays o\u00f9 se trouve l\u2019observateur, mais qui forme un ensemble imm\u00e9diatement saisissable\u00a0<sup>2<\/sup>. \u00bb Ainsi les trajectoires et les orbites du spectateur dans le vaste horizon spatial rel\u00e8vent-elles d\u2019une gravitation \u00e0 la fois int\u00e9rieure et ext\u00e9rieure, dont l\u2019aggravitation\u00a0me semble exprimer la tonalit\u00e9 affective ambigu\u00eb, d\u2019autant que vous \u00e9voquez l\u2019importance des graves et des basses fr\u00e9quences dans la composition. Or, cette avanc\u00e9e simultan\u00e9e au-del\u00e0 des limites de notre monde et aux confins de l\u2019horizon int\u00e9rieur, se r\u00e9v\u00e8le dans cette \u0153uvre tributaire d\u2019une \u00e9coute. De m\u00eame que la mati\u00e8re noire serait responsable de la gravitation des astres, l\u2019\u00e9coute des \u00ab\u00a0bruits de l\u2019inconnu\u00a0\u00bb serait ici la cause de l\u2019agravitation\u00a0dont le caract\u00e8re angoissant, dysphorique ou simplement d\u00e9stabilisant appara\u00eet solidaire de l\u2019ouverture d\u2019ailleurs \u00e0 la fois internes et externes. Aussi, qu\u2019en est-il pour vous du r\u00f4le de l\u2019\u00e9coute dans cette \u0153uvre, de la v\u00f4tre et de celle de l\u2019auditeur, \u00e9tant entendu que, comme toute perception, elle met en relief des horizons et paysages sensibles et imaginaires\u00a0? Plus personnellement, pour nous risquer dans le champ de la psychologie, qu\u2019est-ce qui en vous s\u2019aggrave dans l\u2019approfondissement et la gravitation de la fine \u00e9coute,\u00a0dont l\u2019\u0153uvre me semble la trace, le sismographe ?<\/strong><\/p>\n\n\n\n<p>Le concept m\u00eame de l\u2019inconnu est, chez l&rsquo;homme, une grande source de peur, un danger hypoth\u00e9tique naissant d\u2019une incompr\u00e9hension face \u00e0 une destination, \u00e0 un lieu ou \u00e0 un \u00e9v\u00e9nement tout aussi imma\u00eetrisable qu\u2019anticip\u00e9. La peur de l\u2019obscurit\u00e9, d\u2019un vide, d\u2019un bruit nouveau ou inqui\u00e9tant en repr\u00e9sente autant de formes. Pour moi, cette \u0153uvre est une interpr\u00e9tation imaginaire de cette peur aux diff\u00e9rents visages que nous avons et que nous portons. Pourtant, l\u2019appr\u00e9hension de l\u2019inconnu est un grand facteur de cr\u00e9ativit\u00e9 et d\u2019inspiration. Je traduis cette fascination pour ses myst\u00e8res et le sentiment d\u2019angoisse qu\u2019ils peuvent faire surgir en \u00ab bruits \u00bb, en fragments de sons entrem\u00eal\u00e9s, variables, complexes et impr\u00e9visibles. Le son a une si grande puissance ! C\u2019est un m\u00e9dium dot\u00e9 de significations, parmi lesquelles on compte le mouvement, l\u2019image et l\u2019\u00e9tendue ainsi les puissances kinesth\u00e9siques, imaginaires et extensives. Le paysage sonore que j\u2019ai cr\u00e9\u00e9 et son horizon visuel forcent ainsi le spectateur et \u00e0 se projeter et \u00e0 sombrer de mani\u00e8re sensible dans un espace imaginaire angoissant, o\u00f9 l&rsquo;anxi\u00e9t\u00e9 est au premier plan.&nbsp;<\/p>\n\n\n\n<p>Sur un plan strictement formel, je qualifie volontiers mon son \u00e0 partir de la d\u00e9finition que\u00a0Michel Chion\u00a0donne de la trame, qu\u2019il d\u00e9crit comme un \u00ab\u00a0type de son excentrique, de dur\u00e9e prolong\u00e9e, cr\u00e9\u00e9 par des superpositions de sons prolong\u00e9s, des \u00ab\u00a0gerbes\u00a0\u00bb, des \u00ab\u00a0fusions de sons \u00e9voluant lentement\u00a0\u00bb qui se font entendre comme des ensembles, des macro-objets, des \u00e9volutions lentes de structures peu diff\u00e9renci\u00e9es\u00a0<sup>3<\/sup>. \u00bb Purement subjective, l\u2019\u00e9coute de l\u2019auditeur est \u00e0 la fois brute et active, concr\u00e8te et abstraite. L\u2019auditeur est frapp\u00e9 par les sons, en totale immersion dans un bain sonore\u00a0; par contre, il discerne tout de m\u00eame des indices, des valeurs r\u00e9v\u00e9lant l\u2019origine du son. Le continuum de cette \u00e9coute mat\u00e9rielle, intellectuelle, voire spirituelle se tisse, s\u2019\u00e9toffe \u00e0 m\u00eame la mati\u00e8re d\u2019un son artificiel et machinique dont l\u2019ou\u00efe d\u00e9c\u00e8le la nature. De fait, j\u2019ai construit de nouvelles sonorit\u00e9s pour \u00e9tayer les espaces de l\u2019\u00e9tranget\u00e9, un bruit auparavant inconnu :\u00a0<em>Le bruit de l\u2019inconnu<\/em>.\u00a0<\/p>\n\n\n\n<p><strong>La spatialit\u00e9 de votre \u0153uvre sonore appara\u00eet clairement, lorsque vous \u00e9voquez les \u00ab\u00a0puissances kinesth\u00e9siques\u00a0\u00bb parmi les propri\u00e9t\u00e9s s\u00e9miotiques du son, mais aussi lorsque vous d\u00e9crivez \u00e9galement la trame auditive comme un magma de \u00ab\u00a0fusions\u00a0\u00bb et de \u00ab\u00a0superpositions\u00a0\u00bb, et cela\u00a0 parce vous articulez votre propre exploration de l\u2019\u00e9coute \u00e0 celle du cosmos. La premi\u00e8re r\u00e9alit\u00e9 angoissante que vous mettez en avant dans votre derni\u00e8re r\u00e9ponse est, par ailleurs, celle d\u2019un \u00ab\u00a0lieu\u00a0\u00bb inconnu, d\u2019un espace. Aussi l\u2019installation semble porter \u00e0 son paroxysme un nomadisme ou une errance de l\u2019ou\u00efe, parce que cette trame musicale chaotique, \u2014\u00a0chaosmique, pour reprendre le mot de Joyce, \u2014 est la doublure des trajectoires et des vastes confins intergalactiques travers\u00e9s dans la repr\u00e9sentation filmique. \u00c0 cet \u00e9gard, si la trame sonore fait \u00ab\u00a0sombrer le spectateur dans un espace imaginaire angoissant, o\u00f9 l&rsquo;anxi\u00e9t\u00e9 est au premier plan\u00a0\u00bb, comme vous dites, cela me semble \u00eatre en vertu de la propri\u00e9t\u00e9 de l\u2019audible qui tend\u00a0\u00e0 \u00ab\u00a0faire monde \u00bb\u00a0et \u00e0 \u00ab nous projeter dans le dehors \u00bb. C\u2019est ce dont t\u00e9moigne le s\u00e9mioticien\u00a0Jean Fisette\u00a0en affirmant que le paysage sonore est premier et ouvre litt\u00e9ralement l\u2019horizon visuel\u00a0:<\/strong><\/p>\n\n\n\n<p>Notre conscience se projette, par le biais de la visualit\u00e9, sur le paysage trouvant ainsi \u00e0 se r\u00e9aliser par la rencontre d\u2019un objet\u00a0; mais le second paysage, de l\u2019ordre de l\u2019audible, vient, lui, \u00e0 notre rencontre\u00a0; voire plus, il vient s\u2019immiscer dans notre conscience. Ainsi, la ville moderne que nous habitons, celle qui est la plus pr\u00e9sente \u00e0 notre conscience c\u2019est d\u2019abord un paysage sonore\u00a0: je puis \u00eatre enferm\u00e9 dans un lieu clos, comme ma salle de travail ou encore ma chambre, la nuit\u00a0; les sons de la ville finissent toujours par m\u2019atteindre, et alors la conscience de la ville m\u2019habite tant dans mon effort de concentration que dans ma volont\u00e9 d\u2019abandon au sommeil. Le conglom\u00e9rat des bruits devient, pour celui qui sait les reconna\u00eetre, un ensemble de sons faisant int\u00e9gralement partie de la trame sociale\u00a0; ces sons constituent la polyphonie de la ville, un ensemble de voix multiples que l\u2019on appelle d\u2019un beau mot\u00a0: la rumeur. On dit alors\u00a0: \u00ab\u00a0J\u2019entends la rumeur de la ville\u00a0\u00bb. Lorsque, en voyage, je circule dans une ville totalement nouvelle pour moi, c\u2019est le paysage sonore\u00a0qui, en raison de son caract\u00e8re totalement \u00e9tranger, m\u2019atteint en premier, jusque dans mon sommeil. J\u2019ai apprivois\u00e9 l\u2019\u00e9tranget\u00e9 lorsque ma conscience trouve \u00e0 s\u2019inscrire dans ce paysage et que je m\u2019y meus ais\u00e9ment\u00a0<sup>4<\/sup>.<\/p>\n\n\n\n<p><strong>J\u2019aimerais que vous nous parliez plus en d\u00e9tail de la propension de la musique \u00e0 faire image, \u00e0 d\u00e9ployer son espace dans votre processus cr\u00e9ateur et surtout, de la relation qui s\u2019\u00e9tablit entre les trames sonores et les plong\u00e9es dans le vertige de l\u2019espace cosmique. La musique est-elle enti\u00e8rement premi\u00e8re\u00a0? Les trajectoires et travers\u00e9es sid\u00e9rales forment-elles un contenu de votre \u00e9coute comme musicienne\u00a0? Hormis la notion d\u2019inconnu, y a-t-il une relation structurante entre votre construction sonore, l\u2019\u00e9coute qui la sous-tend (celle du monde ou des sons) et la projection dans l\u2019espace\u00a0?<\/strong><\/p>\n\n\n\n<figure class=\"wp-block-image aligncenter size-large\"><img loading=\"lazy\" decoding=\"async\" width=\"1024\" height=\"683\" src=\"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/gagnon-1-1024x683.jpeg\" alt=\"\" class=\"wp-image-960\" srcset=\"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/gagnon-1-1024x683.jpeg 1024w, https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/gagnon-1-300x200.jpeg 300w, https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/gagnon-1-768x512.jpeg 768w, https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/gagnon-1-1536x1024.jpeg 1536w, https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/gagnon-1.jpeg 1800w\" sizes=\"(max-width: 1024px) 100vw, 1024px\" \/><figcaption class=\"wp-element-caption\"><em>Confortablement assis sur des transats, les spectateurs se voyaient immerg\u00e9s dans un espace intergalactique \u00e9tranger<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n<p>En effet, l\u2019espace physique auquel le spectateur se soumet est avant tout trac\u00e9, ouvert par le son. Au-del\u00e0 de la sp\u00e9cificit\u00e9 technique, soit de cette transmission augment\u00e9e par six enceintes strat\u00e9giquement plac\u00e9es dans la salle, encadrant le spectateur et formant un \u00ab champ sonore \u00bb, il y a l\u2019aspect m\u00eame du son et des textures, dont les propri\u00e9t\u00e9s, notamment spatiales ou spatialisantes sont uniques. \u00c9tant bruitiste, il est important de qualifier ainsi pour soi la musique et les sonorit\u00e9s. Les inspirations ont \u00e9t\u00e9 pour moi nombreuses, \u00e0 la fois obscures, tactiles, galactiques et sid\u00e9rales. Tout de m\u00eame, en d\u00e9pit des apparences, l\u2019expression de cette \u0153uvre sonore n\u2019est pas d\u2019ordre scientifique, pas plus qu\u2019elle ne correspond \u00e0 une quelconque harmonie des sph\u00e8res. Ma pratique interdisciplinaire m\u2019am\u00e8ne \u00e0 tisser un environnement sonore radicalement contrast\u00e9 : \u00e0 la fois r\u00e9aliste et synth\u00e9tique, acoustique et \u00e9lectronique, jou\u00e9 et trouv\u00e9, etc. Une telle composition de tensions g\u00e9n\u00e8re un ph\u00e9nom\u00e8ne cognitif&nbsp;: c\u2019est un v\u00e9ritable \u00e9v\u00e8nement auditif qui a cours, se propage et induit instinctivement un collage de sens. Sur les lieux, le spectateur est assis confortablement, pr\u00eat \u00e0 \u00eatre submerg\u00e9. Un bruit aigu retentit derri\u00e8re lui et se d\u00e9place doucement vers l\u2019avant. Pendant ce temps, un lourd retentissement est per\u00e7u du c\u00f4t\u00e9 gauche, et \u00e0 droite un vent constant souffle de plus en plus fort. Le panorama \u00e9lectroacoustique s\u2019anime et se d\u00e9ploie ainsi dans la salle. La diffusion joue un r\u00f4le crucial dans la cr\u00e9ation de ce champ sonore \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur duquel l\u2019auditeur cherche consciemment et inconsciemment \u00e0 identifier les sources dans l\u2019espace, qui en fait ne co\u00efncident \u00e0 aucune r\u00e9alit\u00e9 physique. Ce sont des sources virtuelles. Mon exploration consiste \u00e0 y exercer une influence sur la direction du son, sur les diff\u00e9rents niveaux des couches superpos\u00e9es de la trame, sur le d\u00e9phasage et le d\u00e9lai. En cela r\u00e9side l\u2019art de cr\u00e9er une vaste \u00e9tendue galactique en puissance. L\u2019oreille transforme toute cette information auditive et la&nbsp;<em>per\u00e7oit<\/em>. Le son est donc premier, oui, toujours. Et cette spatialit\u00e9, dont vous parlez et que vous ressentez est l\u2019extension d\u2019une perception avant tout auditive. Un bruit inconnu devient une r\u00e9alit\u00e9, une sensation, une r\u00e9action qui vous est propre. Pour chacun des visiteurs, l\u2019interpr\u00e9tation de la direction, du niveau, de la phase et du d\u00e9lai est diff\u00e9rente. Dans cette mesure, cette pi\u00e8ce sonore est avant tout une exp\u00e9rimentation de la perception auditive et des sensations qui en d\u00e9coulent. Pour emprunter une notion \u00e0 la psychoacoustique,&nbsp;<em>Le bruit de l\u2019inconnu<\/em>&nbsp;est une v\u00e9ritable illusion auditive \u2014 un ph\u00e9nom\u00e8ne sonore partag\u00e9 qui ne correspond \u00e0 aucune r\u00e9alit\u00e9 mesurable, mais rel\u00e8ve d\u2019une diversit\u00e9 incommensurable.<\/p>\n\n\n\n<p><strong>D\u2019aucune r\u00e9alit\u00e9 mesurable\u2026 sauf celle des sensations, qui sont, certes, non mesurables, mais sont le r\u00e9el m\u00eame, si l\u2019on veut bien affirmer, avec les ph\u00e9nom\u00e9nologues, que la perception est premi\u00e8re, et que la r\u00e9alit\u00e9 av\u00e9r\u00e9e d\u2019une chose ou d\u2019un \u00eatre repose avant tout sur ses qualit\u00e9s sensibles. Sans compter la r\u00e9alit\u00e9 kinesth\u00e9sique, et donc, du corps projet\u00e9 dans l\u2019espace sonore que vous \u00e9voquiez. Ceci m\u2019am\u00e8ne \u00e0 penser que, tout hallucin\u00e9 qu\u2019il soit, et malgr\u00e9 ses actualisations variables en fonction des sensibilit\u00e9s diverses, l\u2019univers myst\u00e9rieux et mouvant qui se d\u00e9ploie dans l\u2019installation a une pr\u00e9sence concr\u00e8te, \u00ab\u00a0objectale\u00a0\u00bb me risquerais-je \u00e0 dire, et forme, au fond, un monde unique, non seulement par sa singularit\u00e9 et son originalit\u00e9, mais aussi au sens o\u00f9 il est partag\u00e9, comme notre monde, qui est ouvert \u00e0 une multiplicit\u00e9 d\u2019interpr\u00e9tations et d\u2019hallucinations et forme ainsi un univers commun en perp\u00e9tuelle cr\u00e9ation. Cette parent\u00e9 de structure de l\u2019\u0153uvre avec notre monde me semble d\u2019autant plus vertigineuse que vous confinez dans une pi\u00e8ce la vastitude de ses confins les plus lointains et inaccessibles, sinon, justement, \u00e0 travers une hallucination auditive relevant de l\u2019\u00e9coute acousmatique, \u2014 soit d\u2019une \u00e9coute attentive \u00e0 tout son per\u00e7u (et toute signification aff\u00e9rente), fictif ou non, dont la source est insituable et voil\u00e9e, que ce soit par les limites de l\u2019horizon, l\u2019obstacle que constituent les choses, l\u2019ampleur d\u2019un autre son (ou du silence) \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur duquel il \u00e9mane, o\u00f9 par le corps au sein duquel il \u00e9merge, comme il en va du battement du c\u0153ur ou du sang dans les tempes. En faisant vibrer le corps et en mobilisant le pouvoir de projection kinesth\u00e9sique et imaginaire, votre trame acoustique m\u2019appara\u00eet pour tout dire comme une trame de r\u00e9sonances acousmatiques permettant de sonder (et d\u2019interpr\u00e9ter) l\u2019au-del\u00e0 irr\u00e9ductible que constituent, d\u2019une part, le fond sans fond de la mati\u00e8re noire et du cosmos et, d\u2019autre part, la profondeur des univers et des sensibilit\u00e9s qui le constellent en chacun. C\u2019est cette ouverture vers le plus lointain, f\u00fbt-il int\u00e9rieur, que me semblent maintenant d\u00e9signer les transats, d\u2019ordinaire orient\u00e9s vers le large sur la plage\u2026 Qu\u2019en est-il pour vous de cette plong\u00e9e sonore dans l\u2019inconnaissable et le myst\u00e8re in\u00e9puisable\u00a0? Interpr\u00e9tation de la mati\u00e8re noire, l\u2019\u00e9coute des bruits et des rumeurs est certainement ici le m\u00e9dium d\u2019une interpr\u00e9tation acousmatique des confins. Par ailleurs, la teneur accablante, atterrante de la musique me porte \u00e0 croire, vous en avez parl\u00e9, qu\u2019il en va d\u2019une exp\u00e9rience dysphorique, difficile, qu\u2019il s\u2019agit d\u2019une \u00e9preuve somme toute \u00e9trang\u00e8re \u00e0 l\u2019id\u00e9e que les Grecs se faisaient du cosmos comme d\u2019un ordonnancement harmonieux. Quel r\u00f4le le chaos et le hasard ont-ils pris dans le proc\u00e8ssus de cr\u00e9ation de l\u2019\u0153uvre et de votre musique en g\u00e9n\u00e9rale,\u00a0qui demeure tr\u00e8s \u00e9labor\u00e9e ? Ensuite, pourrait-on dire que l\u2019inconnu anticip\u00e9, hallucin\u00e9 sur la sc\u00e8ne acousmatique de l\u2019\u0153uvre rel\u00e8ve du monde de la peur envisag\u00e9 par\u00a0Pierre Kaufmann,\u00a0\u00a0dans\u00a0L\u2019exp\u00e9rience \u00e9motionnelle de l\u2019espace, lorsqu\u2019il \u00e9voque \u00ab\u00a0la d\u00e9shumanisation d\u2019une pr\u00e9sence que soutient, sans pouvoir en r\u00e9pondre, un Autre qui nous ignore\u00a0<sup>5<\/sup>\u00a0\u00bb. Y a-t-il pour vous une relation, toute paradoxale qu\u2019elle soit, avec une telle pr\u00e9sence infigurable\u00a0? Et l\u2019\u0153uvre peut-elle alors receler les conditions d\u2019un exorcisme, d\u2019un apaisement\u00a0de la terreur\u00a0?<\/strong><\/p>\n\n\n\n<figure class=\"wp-block-image aligncenter size-large\"><img loading=\"lazy\" decoding=\"async\" width=\"1024\" height=\"683\" src=\"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/gagnon-2-1024x683.jpeg\" alt=\"\" class=\"wp-image-961\" srcset=\"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/gagnon-2-1024x683.jpeg 1024w, https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/gagnon-2-300x200.jpeg 300w, https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/gagnon-2-768x512.jpeg 768w, https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/gagnon-2-1536x1024.jpeg 1536w, https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/gagnon-2.jpeg 1800w\" sizes=\"(max-width: 1024px) 100vw, 1024px\" \/><figcaption class=\"wp-element-caption\"><em>La pan visuel de l\u2019\u0153uvre consistait en un triptyque compos\u00e9 d\u2019images du film Notre univers de Roman Kroiter<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n<p>Lorsque le spectateur entre dans la salle, baign\u00e9e d\u2019une noirceur \u00e9crasante, avec pour seule source de lumi\u00e8re celle qui \u00e9mane des projecteurs, il d\u00e9couvre un entrelacs d\u00e9licat de perceptions r\u00e9elles et imaginaires\u00a0: cette petite pi\u00e8ce dans laquelle une convention structurale r\u00e9aliste devient tout \u00e0 coup un panorama m\u00e9taphorique, et o\u00f9 le confinement permet soudain l\u2019<em>aggravitation<\/em>, d\u00e8s que la trame retentit et que les projecteurs s\u2019activent. On y explore tout \u00e0 coup un nouvel espace\u00a0: l\u2019horizon s\u2019ouvre. Sur l\u2019immense dehors et le vaste dedans. Allong\u00e9 dans un transat, emprisonn\u00e9 confortablement, soumis et vuln\u00e9rable, on d\u00e9colle vers un univers in\u00e9dit, inclin\u00e9 comme dans une navette spatiale, mais qui s\u2019\u00e9l\u00e8ve tr\u00e8s d\u00e9licatement dans l\u2019espace. Conjointement, la musique s\u2019\u00e9tend dans l\u2019espace avec une sorte de prudence, presque sans notion de temps ou rep\u00e8re temporel. Ma conception sonore est fragile et \u00e9tendue. Elle est le r\u00e9sultat d\u2019une d\u00e9marche \u00e0 la fois spontan\u00e9e et r\u00e9fl\u00e9chie, toujours intuitive, qui est le reflet de ma sensibilit\u00e9. Le chaos et le hasard hantent ma cr\u00e9ation, mais aussi l\u2019irr\u00e9el. Le d\u00e9sordre de la vie qui m\u2019emb\u00eate et qui monte \u00e0 ma t\u00eate se refl\u00e8te dans l\u2019abysse de l\u2019espace inconnu. Je m\u2019imagine plong\u00e9e dans les cieux, loin, d\u00e9couvrant ce n\u00e9ant, un endroit inhabit\u00e9, oubli\u00e9, fragment\u00e9, illusionn\u00e9. Une harmonie potentielle se cache peut-\u00eatre dans l\u2019abstrait. Il y a symboliquement pour moi un espace pour se laisser aller, s\u2019abandonner dans cette r\u00e9alit\u00e9. L\u2019\u00e9coute ouvre l\u2019horizon et assure la projection d\u2019une solitude \u00e9th\u00e9r\u00e9e et flottante. Le champ sonore \u00e9largit et \u00e9difie ainsi la notion du r\u00e9el\u00a0: je fais visiter un lieu par l\u2019oreille, inaccessible si ce n\u2019est \u00e0 travers l\u2019\u00e9coute. En r\u00e9alit\u00e9, la mati\u00e8re noire est insonore. Pure n\u00e9gativit\u00e9, elle ne comporte pas d\u2019air. Il n\u2019y a tout simplement rien. Le savoir aussi nous manque pour d\u00e9finir la chose qui est \u00ab l\u00e0-bas \u00bb et qu\u2019aborde ma musique par ses sons ind\u00e9finissables, inclassables. Il est tout \u00e0 fait bouleversant ce sympt\u00f4me de l\u2019ignorance face \u00e0 ce qui nous entoure. Il rec\u00e8le cette inqui\u00e9tude, cette crainte, d\u00e9finie avec justesse par Freud comme un \u00ab\u00a0traumatisme du non-\u00eatre \u00bb. Il n\u2019y a aucune r\u00e9ponse, aucune interpr\u00e9tation qui puisse faire chorus. Mon univers imaginaire est travers\u00e9 par la lourdeur de ce n\u00e9ant absolu. C\u2019est un questionnement et une \u00e9preuve existentiels\u00a0: \u2014 une peur abstraite, une exp\u00e9rience \u00e9ph\u00e9m\u00e8re, un \u00e9tat entre conscience et r\u00eaverie\u2026 Mais qui, par une lucidit\u00e9 soudaine, se r\u00e9v\u00e8le partie int\u00e9grante de notre condition\u00a0: \u00ab\u00a0Car enfin, a dit\u00a0Pascal, qu&rsquo;est-ce que l&rsquo;homme dans la nature ? Un n\u00e9ant \u00e0 l&rsquo;\u00e9gard de l&rsquo;infini, un tout \u00e0 l&rsquo;\u00e9gard du n\u00e9ant, un milieu entre rien et tout\u00a0<sup>6<\/sup>. \u00bb<\/p>\n\n\n\n<figure class=\"wp-block-image aligncenter size-large\"><img loading=\"lazy\" decoding=\"async\" width=\"1024\" height=\"675\" src=\"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/gagnon-3-1024x675.jpeg\" alt=\"\" class=\"wp-image-962\" srcset=\"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/gagnon-3-1024x675.jpeg 1024w, https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/gagnon-3-300x198.jpeg 300w, https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/gagnon-3-768x506.jpeg 768w, https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/gagnon-3-1536x1013.jpeg 1536w, https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-content\/uploads\/2022\/11\/gagnon-3.jpeg 1800w\" sizes=\"(max-width: 1024px) 100vw, 1024px\" \/><figcaption class=\"wp-element-caption\"><em>M\u00e9morial, Le bruit de l\u2019inconnu entra\u00eenait la gravitation de signes intimes et inconnus.<\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n<p><strong>Une mati\u00e8re noire\u00a0? Un bruit inconnu\u00a0?<\/strong><\/p>\n\n\n\n<p>&nbsp;Ce bruit inconnu&nbsp;: cette solitude obscure et abstraite en immersion profonde, \u00e0 l\u2019\u00e9coute des myst\u00e8res du monde et de la vie.<\/p>\n\n\n\n<h2 class=\"has-medium-font-size wp-block-heading\">Notes<\/h2>\n\n\n\n<p class=\"has-primary-color has-text-color has-small-font-size\">[1] Michel Collot,\u00a0<em>L\u2019horizon fabuleux<\/em>, v. 1-2, Paris, Jos\u00e9 Corti, 1988.<\/p>\n\n\n\n<p class=\"has-primary-color has-text-color has-small-font-size\">[2] Michel Collot,\u00a0<em>L\u2019horizon fabuleux<\/em>,\u00a0v. 1, Paris, Jos\u00e9 Corti, 1988, p. 11.<\/p>\n\n\n\n<p class=\"has-primary-color has-text-color has-small-font-size\">[3] Michel Chion,\u00a0<em>Guide des objets sonores. Pierre Schaeffer et la recherche musicale<\/em>, Paris, Buchet\/ Chastel, p. 134. \u00ab\u00a0La trame appartient \u00e0 ce type de son prolong\u00e9 que l\u2019on pourrait analyser comme un amalgame de diff\u00e9rents objets constituants entrem\u00eal\u00e9s, mais qui s\u2019imposent \u00e0 l\u2019\u00e9coute comme des macro-objets soud\u00e9s par la sensation d\u2019une \u00ab\u00a0unit\u00e9 causale\u00a0\u00bb.<\/p>\n\n\n\n<p class=\"has-primary-color has-text-color has-small-font-size\">[4] Jean Fisette,\u00a0\u00ab\u00a0Le visible et l\u2019audible\u00a0: sp\u00e9cificit\u00e9s perceptives, dispositions s\u00e9miotiques et pluralit\u00e9 d\u2019avanc\u00e9e s\u00e9miosiques\u00a0\u00bb,\u00a0<em>Tangence\u00a0: Esth\u00e9tique du m\u00e9tissage<\/em>, n\u00b0 64 (2001), p. 81-98.<\/p>\n\n\n\n<p class=\"has-primary-color has-text-color has-small-font-size\">[5] Pierre Kaufmann,\u00a0<em>L\u2019exp\u00e9rience \u00e9motionnelle de l\u2019espace<\/em>, Paris, Vrin, 1967, p. 39.<\/p>\n\n\n\n<p class=\"has-primary-color has-text-color has-small-font-size\">[6] Blaise Pascal,\u00a0<em>Pens\u00e9es I<\/em>, Paris, Gallimard, 1977, p. 155.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"<p>Dans votre installation intitul\u00e9e Le bruit de l\u2019inconnu, que j\u2019ai pu voir \u00e0 la Friche la Belle de Mai de Marseille, vous dites y aller d\u2019\u00ab\u00a0une libre interpr\u00e9tation de la mati\u00e8re noire.\u00a0\u00bb Pouvez-vous sp\u00e9cifier aux lecteurs \u00e0 quoi r\u00e9f\u00e8re une telle appellation bien connue des astronomes puis expliquer en quoi ce qu\u2019elle d\u00e9signe a inspir\u00e9 &hellip; <a href=\"https:\/\/archee.uqam.ca\/mai-2017-dans-lecho-de-la-matiere-noire-le-bruit-de-linconnu-de-sacha-ratcliffe\/\">Continued<\/a><\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"footnotes":""},"categories":[10],"tags":[67],"acf":[],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/959"}],"collection":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=959"}],"version-history":[{"count":4,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/959\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":966,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/959\/revisions\/966"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=959"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=959"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/archee.uqam.ca\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=959"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}